P-au-P., 19 juin. 06 [AlterPresse] --- Des réunions se multiplient depuis quelques mois en République Dominicaine et en Haïti autour des pistes de réorientation de la coopération haitiano-dominicaine, apprend AlterPresse.
Ces réunions sont tenues à l’initiative de l’Union Européenne et de plusieurs instances nationales au niveau des deux pays et s’inscrivent dans le cadre de la préparation du 10 e budget du Fonds Européen de Développement (FED).
Un atelier binational de réflexion et d’articulation pourrait avoir lieu au cours du mois de juin, indiquent des sources informées.
Le 10 e budget du FED, dont la création a été entérinée par le Conseil européen en décembre 2005, financera à hauteur de 22,7 milliards d’euros la coopération entre la Communauté européenne et 78 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sur la période 2008-2013.
Le 29 mai dernier, des cadres de différents ministères hiatiens, dont celui des affaires étrangères, du bureau de l’ordonnateur national, des représentants de l’Union Européenne, des membres du secteur privé et du secteur associatif se sont rencontrés à Port-au-Prince pour discuter de l’avenir des rapports haitiano-dominicains.
L’ambassadeur dominicain en Haiti, Jose Serulle Ramia, a également pris part à cette réunion, selon des informations obtenues par AlterPresse.
Lors de cette rencontre, plusieurs intervenants ont critiqué la tendance à circonscrire la coopération haitiano-dominicaine sur les opportunités au niveau de la frontière. La coopération binationale, ont ils fait remarquer, va au delà du transfrontalier et doit s’inscrire dans le cadre d’une politique générale.
Dans cette perspective également, la question du mode d’intégration d’Haiti à la région caribéenne a été posée. Haiti doit-elle se complaire dans son rôle de seul Pays Moins Avancé (PMA) de la région et bénéficier de certains « avantages » prévus pour les pays de cette catégorie ou se joindre aux autres Etats caribéens et négocier à travers un bloc, s’est-on interrogé.
Pour certains intervenants, Haiti a besoin d’un moratoire de 20 ans pour se préparer à une éventuelle intégration, tandis que d’autres ont soutenu qu’Haiti « n’a pas le choix », car elle ne peut ne peut pas aller à contre-courant de l histoire et de la conjoncture qui est celle de la régionalisation.
Quellle que soit la position par rapport à l’intégration régionale, tous les participants à la réunion sont d’avis que Haiti doit définir quel type de coopération elle veut développer avec la République Dominicaine, son voisin le plus proche. Dans le quotidien, cette coopération est déjà en marche, mais sans un cadre formel, insistent-ils.
Guy Alexandre, ancien ambassadeur d’Haiti en République Dominicaine, a fait remarquer que cette nouvelle coopération qui s’initie est entravée notamment par la question migratoire.
Le traitement, infligé aux migrants haïtiens en République Dominicaine, constitue un obstacle à une bonne coopération, a ajouté Colette Lespinasse du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Refugiés (GARR).
Elle invite l’Union Européenne à soutenir des programmes de création d’emplois visant la rétention de la main d’œuvre dans les zones de forte migration.
Colette Lespinasse exhorte également l’Union Européenne à faire du respect des droits humains, particulièrement de ceux des migrants, un axe stratégique de ses programmes de coopération avec les deux pays.
Le cadre institutionnel des rapports haitiano-dominicains a également fait l’objet d’analyse. Le contexte de création de la commission mixte haitiano-dominicaine, sa composition, les activités menés et les difficultés rencontrées ont été présentés. [gp apr 19/06/2006 07:00]