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Amnesty International demande une enquête indépendante sur la mort de trois détenus à Guantánamo

P-au-P., 14 juin. 06 [AlterPresse] --- L’organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International appelle à l’ouverture d’une enquête « pleinement indépendante », menée par des civils, sur les circonstances de la mort, « par suicide semble-t-il », de trois détenus à 
La prison américaine de Guantanamo (Cuba).

Les détenus, dont les corps ont été découverts le 10 juin par des militaires américains sont les ressortissants saoudiens Manei bin Shaman bin Turki al Habardi al Otaybi et
Yassar Talal Abdullah Yahia al Zahrani, ainsi que le ressortissant du Yémen Ali Abdullah Ahmed.

« Cette tragédie était quasiment inévitable. Une enquête approfondie
et indépendante est une urgence absolue, particulièrement à la lumière des
déclarations de hauts responsables de l’armée américaine et du gouvernement
qui risquent d’influencer négativement l’enquête mené par le service
d’enquête criminelle de la marine américaine », a déclaré Rob Freer, chargé
des recherches sur les Etats-Unis à Amnesty International.

Une responsable américaine, Colleen Graffy, en charge de la
diplomatie publique au département d’Etat, a quant à elle qualifié le geste
des trois détenus de « coup de pub pour attirer l’attention » , témoignant
d’un mépris glacial pour la vie humaine.

Amnesty International est également très préoccupée par les propos
du commandant de la Joint Task Force de Guantánamo, le contre-amiral Harry
B. Harris, qui a déclaré que les trois détenus ne s’étaient pas suicidés par
désespoir mais pour accomplir « un acte de guerre asymétrique ».

« Les propos du commandant sont totalement déplacés et s’inscrivent
dans le cadre d’un discours officiel axé sur la culpabilité présumée de
détenus qui n’ont jamais eu l’occasion de contester la légalité de leur
détention devant un tribunal », a déclaré Rob Freer.

Amnesty International estime que les autorités militaires se montrent totalement
insensibles à la souffrance psychologique des détenus. Des psychiatres
militaires auraient requalifié des tentatives de suicide précédentes en « 
comportement manipulateur d’auto-mutilation », ce qui aurait permis de
faire diminuer le taux de tentatives de suicide officiellement enregistrées.

Les détenus, y compris des détenus libérés interviewés par Amnesty
International, ont décrit l’impact psychologique de l’isolement et de la
nature indéterminée du régime carcéral en place à Guantánamo.

Amnesty International assimile ces conditions à un « traitement cruel, inhumain ou dégradant, interdit en droit international ».

« Le président Bush a le pouvoir de mettre fin
maintenant à ce scandale en matière de droits humains ; il peut faire en
sorte que les détenus soient jugés lors de procès équitables ou remis en
liberté, avec toutes les garanties nécessaires, de toute urgence », déclare Amnesty International.

L’organisation appelle le gouvernement des Etats-Unis à 
accorder un groupe de cinq experts des Nations unies un accès immédiat et
sans restriction au centre de détention de Guantánamo, et d’autoriser en
particulier les experts à s’entretenir en privé avec les détenus.

En mai dernier, le Comité des Nations unies contre la torture s’est
joint aux appels de plus en plus nombreux demandant la fermeture du centre
de détention de Guantánamo Bay, déclarant en conclusion que cette détention
à durée indéterminée sans inculpation constituait en elle-même une violation
de la Convention contre la torture.

Amnesty International renouvelle son appel en faveur de la fermeture
de Guantánamo Bay, qui doit intervenir sans que l’état de non-droit qui y
règne soit transféré ailleurs. [gp apr 14/06/2006 12:20]