P-au-P., 06 juin 06 [AlterPresse] --- La République Dominicaine se dit prête à se plier à l’arrêt de la Cour Interaméricaine des droits humains (CIDH), exigeant la reconnaissance de la nationalité dominicaine à deux petites filles d’ascendance haïtienne.
L’annonce a été faite par le chancelier Dominicain Carlos Morales Troncoso le dimanche 4 juin 2006, en marge de la 36ème assemblée générale de l’Organisation des Etats Américains (OEA), qui se tient jusqu’à ce 6 juin à Santo Domingo.
« L’Etat Dominicain est intéressé et veut mettre à exécution les recommandations de la CIDH dans le cas des deux petites filles », tente d’assurer le chancelier qui invite les organisations de la société civile dominicaine qui exercent des pressions sur le gouvernement à garder le calme.
La République Dominicaine a été accusée en octobre dernier de violation de droits des enfants « en raison du refus » des autorités d’accorder des actes de naissance à Dilcia Jean et Violette Boursiquot, nées de parents d’origine haïtiennne sur le territoire dominicain.
Les déclarations de Troncoso sont intervenues au lendemain de l’appel des afro-descendants de plusieurs pays de la région, qui, au terme d’un séminaire (2 et 3 juin 2006 à Santo Domingo) en prélude à l’assemblée de l’OEA ont, demandé aux pays membres d’agir afin de garantir le respect des droits des migrants, notamment ceux des Haïtiens/nes vivant en République Dominicaine.
Les afro-descendants ont demandé précisément à l’OEA d’obtenir l’application par la République Dominicaine des décisions de la CIDH en faveur des deux fillettes.
Les afro-descendants en ont profité pour exprimer leur préoccupation face à la candidature de la juge dominicaine Radhys Abreu de Polanco à la CIDH. Pendant les 8 ans qu’a duré le procès des deux fillettes devant la Cour, Polanco avait représenté la République Dominicaine et soutenu la position de ne pas accorder la nationalité aux descendants d’immigrants haïtiens nés en territoire dominicain.
Mais les protestataires n’ont pas pu remettre officiellement ce document à l’assemblée générale de l’OEA, qui a refusé de les recevoir, ayant supprimé l’espace prévu pour permettre aux secteurs sociaux de faire valoir leurs revendications.
Pour sa part, dans un communiqué soumis à AlterPresse, l’organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International, qui a un statut d’observateur à l’assemblée générale de l’OEA, a dénoncé les pratiques jugées discriminatoires vis-à -vis des Haitiens en République Dominicaine.
Prenant en exemple le cas des deux fillettes précédemment cité, Amnesty International a souligné que Santo Domingo avait toujours rejeté la sentence de la CIDH. « Les faits qui entourent cette affaire illustrent de graves problèmes de discrimination raciale et d’intolérance vis-à -vis des Haitiens et Dominicains d’ascendance haitienne, relève l’organisation. [fl gp apr 06/06/2006 00:15]