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Les mouvements afro de tout le continent américain appellent l’OEA à garantir un meilleur traitement des migrants haïtiens en République Dominicaine

Correspondance de Santo Domingo
Par Collette Lespinasse

Texte soumis à AlterPresse le 4 juin 2006

Les représentants de plusieurs pays des Amériques et de la Caraïbe qui participaient, à Santo Domingo, au séminaire régional des personnes de descendance africaine (2 et 3 juin 2006) ont, dans leur déclaration finale, appelé les pays membres de l’Organisation des Etats Américains (OEA) à agir pour garantir le respect des droits des Immigrants, des Réfugiés et des Apatrides, notamment ceux des haïtiens/nes vivant en République Dominicaine.

« Nous demandons aux Etats Membres de l’OEA un meilleur traitement des immigrants, des réfugiés et des apatrides de descendance africaine de la région, en garantissant le respect de leurs droits humains, en évitant les déportations collectives et la séparation de familles lors de ces expulsions, en particulier dans le cas des immigrants haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine », ont-ils déclaré.

Les participants et participantes au séminaire pressent également l’OEA à demander à la République Dominicaine l’application des décisions de la Cour Interaméricaine des Droits Humains en faveur des fillettes Dilcia Jean et Violetta Boursiquot privé de nationalité en raison de l’origine haitienne de leurs parents.

Ils en ont profité pour exprimer leur préoccupation face à la candidature proposée par la République Dominicaine de la juge Radhys Abreu de Polanco à la Cour Interamériciane des Droits Humains. Pendant les huit(8) années qu’a duré le procès des deux fillettes devant la Cour, Mme Polanco avait, dans cette affaire, représenté la République Dominicaine, qui n’accepte pas d’accorder la nationalité aux descendants d’immigrants haïtiens nés sur son territoire.

« Nous attirons l’attention des Etats Membres de l’OEA sur la nécessité d’avoir à la Cour des juges impartiaux, engagés dans la défense des droits humains dans l’hémisphère », souligne la déclaration finale. A noter que l’OEA est en train de recevoir des candidatures des pays membres en vue du renouvellement des juges siégeant à la Cour Interaméricaine.

Les membres du séminaire ont aussi demandé à l’OEA de se prononcer sur la situation des déplacés internes en Colombie en raison du conflit armé dans ce pays.

Se référant à des pratiques similaires à l’esclavage et à la traite de personnes dans certains pays de la région, telle la situation des enfants en domesticité en Haïti (les Restaveks), les membres du séminaire ont appelé les Etats membres de l’OEA à l’action pour éliminer ces pratiques.

La déclaration finale de ce séminaire organisé les 2 et 3 juin 2006, en marge de l’assemblée générale de l’OEA par le mouvement des descendants africains dans les Amériques, contient également des revendications en faveur de la participation politique des groupes marginalisés, du respect des langues, des religions et des coutumes, de la valorisation de l’apport africain à la culture des peuples de la région, du respect de l’orientation sexuelle de chaque personne, de sa condition physique, de son âge et de son origine. Cette déclaration sera présentée à l’assemblée générale de l’OEA qui se tient à Santo Domingo du 4 au 6 juin 2006, au cours d’un entretien des représentants de la Société Civile avec ceux des Etats membres.

Chaque année, à l’occasion de cette réunion annuelle de l’OEA, les activistes du mouvement des descendants africains organisent un séminaire autour de la situation des populations de descendance africaine dans les Amériques. Le thème de cette année a été “Descendants Africains dans les Amériques : Vers l’inclusion et le développement humain†. Plusieurs autres activités des mouvements sociaux sont prévues à Santo Domingo, dont une assemblée parallèle des peuples des Amériques et une marche pacifique.