P-au-P., 31 mai 06 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations paysannes haïtiennes revendiquent une citoyenneté à part entière pour les paysans, qui ne doivent plus faire le jeu de politiciens traditionnels, leur accordant une reconnaissance seulement en période électorale.
« Nous voulons vivre en Haïti, et jouir de tous les droits inhérents aux êtres humains. Nous ne voulons plus faire le jeu des politiciens qui se souviennent des paysans que lorsqu’ils les courtisent en tant qu’électorat », déclare Mercidieu Morancy, coordonnateur de la Coordination nationale de revendications des paysans haïtiens (KONAREPA).
Le dirigeant paysan intervenait lors d’une conférence de presse le 24 mai à Port-au-Prince, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
La KONAREPA entend présenter au nouveau pouvoir dirigé par le président René Préval un programme qui se veut un cahier de doléances du secteur concerné. « Les paysans sont dépourvus de tout : terres, machinerie et intrants agricoles ; ils vivent en grande majorité dans l’extrême pauvreté », déplore Morancy.
La toile de fond du programme se construit sur trois grands axes prioritaires : la politique, l’économique et le social.
Sur le plan économique, le nouveau régime devra, selon les paysans, nationaliser l’agriculture, structurer et accroître la production agricole, accorder des supports techniques aux paysans dans la conservation des denrées, établir un système d’irrigation adéquate, accorder des crédits agricoles aux paysans, investir dans les infrastructures routières en vue de faciliter l’écoulement des produits agricoles et entreprendre une réforme agraire.
Le système en place ne favorise pas la prise en compte des intérêts de la paysannerie, souligne Robert Métayer, porte parole du KONAREPA. « La classe paysanne effectue les tâches les plus dures en Haïti et en contrepartie, elle reçoit déception et mépris », dit-il.
En plus de faire d’un paysan « un éternel pauvre, toujours en lutte pour sa survie », le système mis en place depuis 200 ans en Haiti favorise « la violence, la répression, les discriminations, et la mise à l’écart des paysans des affaires publiques », s’indigne la KONAREPA.
« Nous avons décidé de nous battre pour l’implication et la participation de notre secteur (...) dans la gestion de la chose publique », assurent les dirigeants de cette plateforme. La KONAREPA traduit le vote du 7 février 2006 en faveur de l’actuel chef d’Etat comme un refus de la politique traditionnelle.
La justice et l’éducation constituent, aux yeux des paysans, d’autres dossiers cruciaux sur lesquels la nouvelle administration de René Préval doit prioritairement se pencher.
Les organisations membres de la KONAREPA croient qu’il est du devoir des secteurs populaires de se concerter et de lutter pour la construction d’une large plateforme revendicative nationale ayant pour mission de défendre les intérêts des masses.
KONAREPA regroupe 6 organisations, dont Tèt kole ti peyizan ayisyen, (Union des petits paysans haïtiens), Mouvman revandikasyon ti peyizan san tè (Mouvement revendicatif des paysans sans terre - MRPST) et Kodisnasyon pou defann enterè peyizan Vèrèt (Coordination de défense des intérêts des paysans de Verettes - KODEP). [lf gp apr 24/05/06 12:00]