Communiqué de la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des femmes (CONAP)
Soumis à AlterPresse le 29 mai 2006
La CONAP dénonce avec force l’arrestation du Directeur Général de l’UCREF (Unité Centrale de Recherche et d’Enquête Fiscale), Jean-Yves Noà« l, sous ordre du juge Jean Pérez Paul, parce que dans les faits M. Noà« l s’est opposé à ce qu’un huissier opère des retraits sur certains comptes bancaires bloqués par l’UCREF.
La CONAP attitre l’attention sur les incohérences de l’Etat haïtien dans ce dossier. L’UCREF est une institution étatique qui a été constituée en vue d’enquêter sur la corruption qui a prévalu dans les Administrations Publiques sous le régime Lavalas (2001-2004). La structure a dûment été dotée d’un mandat spécifique et des pleins pouvoirs en découlent, pour être en mesure d’effectuer des enquêtes minutieuses auprès de tous les espaces indexés. C’est en référence à un tel cadre que les responsables de banques et du Système Judiciaire sont amenés à appliquer les décisions de l’UCREF relatives au gel des comptes bancaires que les enquêtes ont identifié comme étant impliqués dans des malversations concernant des fonds publics.
Si l’UCREF a autorité pour exiger le gel de comptes, l’instance a également la capacité de s’opposer à toute tentative de débloquer des comptes avant que toute la lumière soit faite à leur sujet. Les responsables des tribunaux, qui sont également partie de l’Etat qui a mandaté l’UCREF, devraient être ceux qui accompagnent l’institution dans l’accomplissement de son mandat car, en définitive, les résultats des travaux de l’UCREF seront d’abord profitables à la Justice si celle-ci veut remplir sa mission. Les citoyens/citoyennes ne peuvent donc comprendre que d’un côté la Justice emprisonne un fonctionnaire qui poursuit des dilapidateurs de fonds publics, et de l’autre, cette même Justice laisse courir impunément des filous et leur permet de jouir de l’argent acquis à la faveur d’un régime Hors-la-loi extorqueur.
Le silence ne peut être gardé sur les agissements des responsables des tribunaux. La Justice a le devoir de protéger la société et de défendre ses intérêts face aux actes des délinquants. La Justice ne peut devenir une menace pour la société en se faisant complice des dilapidateurs. Depuis plusieurs mois, les média du pays font état des dérives de la Justice sur les dossiers de kidnapping qui lui sont soumis par les services de Police. Alors que la Police s’évertue à appréhender des kidnappeurs et les violeurs, des juges se plaisent à monnayer les « mains levées d’écrou ». Si la Justice veut démontrer qu’elle entend rompre avec ces pratiques douteuses, elle ne doit pas s’en prendre à un honnête citoyen qui traque les dilapidateurs, sous le fallacieux prétexte que l’enquêteur serait un kidnappeur. L’arrestation de Jean-Yves Noà« l répond a un but : discréditer les rapports de l’UCREF. Et, ce n’est pas par hasard que l’étiquette de kidnappeur lui est attribué. Cela procède d’une stratégie des réseaux mafieux qui veulent entraîner le pays à sa perte. Mais cette tentative scabreuse ne passera pas ! La vigilance des citoyens/citoyennes barrera la route aux assoiffés de pouvoir de tout bord qui voudraient conduire le pays sur des voies contraires à ses intérêts. Dans un contexte où le pays se débat dans les affres de l’insécurité, de la misère et de la corruption, il est de la responsabilité des honnêtes citoyens/citoyennes, des fonctionnaires de l’Etat intègres, et en premier lieu des juges, de soutenir toute initiative capable de conduire le pays sur la voie de sa reconstruction. Ce n’est pas en créant d’inutiles zizanies, qui découragent les personnes de bonne volonté, que l’on parviendra à redonner un quelconque espoir aux populations.
La CONAP réclame la libération sans condition de Jean-Yves Noà« l. La CONAP demande également aux nouveaux détenteurs du pouvoir de prendre les dispositions qui s’imposent pour prolonger le mandat de l’UCREF, afin qu’il s’étende à la gestion de l’Exécutif dirigé par Messieurs Alexandre et Latortue. Ainsi, un bon procès de la consolidation pourra avoir lieu et permettre à la société haïtienne d’envisager un futur où la corruption, l’injustice, la violence et les abus seront bannis.
Arrestation des dilapidateurs des fonds publics et leurs complices ! Libération de Jean-Yves Noà« l !
Port-au-Prince, le 26 mai 2006
Pour la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des femmes (ENFOFANM, Fanm Deside Jakmèl, Kay Fanm, REFRAKA, SOFA)
Yolette Andrée Jeanty / Kay Fanm
Carole Jacob / SOFA