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HaitiWebdo, Numero 44

Le Système des Nations Unies en Haïti vient de lancer un programme d’urgence pour tenter de répondre aux besoins des plus pauvres en Haïti. Ce programme de 84 millions de Dollars semble trouver l’aval de secteurs très influents de la communauté internationale. Mais, en même temps, la côte d’Haïti ne semble pas s’être améliorée au niveau international.

PROGRAMME D’URGENCE DE L’ONU : ENTRE LES ATTENTES DU GOUVERNEMENT HAà TIEN ET LES EXIGENCES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Le gouvernement haïtien apporte son appui "au Programme Intégré de Réponse aux Besoins des Populations et des Communautés Vulnérables (PIR)", que le Système des Nations Unies a lancé ce 22 avril à Port-au-Prince.

La cérémonie a eu lieu en présence du Premier Ministre haïtien, Yvon Neptune, qui a approuvé l’initiative, dans un contexte, selon lui, très difficile pour le peuple haïtien. Il a appelé les institutions financières internationales à soutenir l’exécution du programme.

Yvon Neptune a demandé à "tous les bailleurs de fonds potentiels de la communauté internationale" de se joindre "à nous, pour garantir le succès de cette expérience au bénéfice de la population nécessiteuse."

"Il importe que la raison visite ceux qui n’appuient leur point de vue que sur l’impasse politique", a encore déclaré le Premier Ministre haitien.

Selon des données confirmées par les responsables des Nations Unies à Port-au-Prince, le PIR est composé de 128 projets pour un total de 84 millions de Dollars, touchant à la santé, l’eau potable, l’aide alimentaire, la production agricole, le micro- crédit, etc. Ce programme, prévu en trois phases, doit durer environ un an et demi.

"Les plus pauvres, dans leur quotidien, vivent une crise silencieuse", a affirmé Adama Guindo, Représentant du Programme des Nations Unies (PNUD) en Haïti. Plus qu’une stratégie d’aide d’urgence, le PIR vise "un appui au pays", a précisé le responsable.

Pour sa part, Alain Grimard, autre cadre du PNUD a souligné que "globalement, on constate un affaiblissement de l’Etat, (...) il n’a pas de ressources et de capacité actuellement pour répondre aux chocs et intervenir pour procurer des services de base et protéger la population."

Selon le diagnostic fait par le Système des Nations Unies, durant les derniers mois, il y a eu une augmentation des tensions politiques et sociales, des violences, de l’insécurité et de l’impunité, dans un contexte de longue crise électorale. L’aspect économique est caractérisé par une réduction de la production (PIB). De 2% en 1997, elle est tombée à -1.2% en 2001, avec un taux de chômage de 50% de la population active.

L’ambassadeur américain en Haïti, Brian Dean Curran, qui assistait à la cérémonie de lancement du PIR, a assuré que son pays va supporter le programme d’urgence de l’ONU. Sans spécifier la quantité de fonds, il a dit que "nous allons apporter de nouveaux financements dans le cadre de ce programme". Mais, il a précisé que l’aide américaine va continuer à passer par le canal d’ONG.

La cote d’Haïti au niveau international

Depuis la crise électorale de l’an 2000, 500 millions de Dollars d’aide internationale pour Haïti demeurent bloqués jusqu’à une solution des problèmes politiques. Cette aide n’aurait pas été débloquée en raison du fait que "la démocratie n’existe et n’a jamais existé en Haiti", selon le Président dominicain Hypolito Mejia, dont les déclarations ont été rapportées en début de semaine par les presses dominicaine et haïtienne.

Le 15 avril, le Premier Ministre canadien, Jean Chrétien, qui était en visite officielle à Santo Domingo, avait appelé le Président Aristide à travailler à l’application des résolutions de l’Organisation des Etats Américains pour que le pays ne s’enfonce pas "plus profondément dans le désespoir".

Le même jour, le Ministre bahaméen des Affaires Etrangères confiait à la presse que la Communauté Economique de la Caraïbe et l’OEA étaient frustrées à cause du non respect par le gouvernement haïtien des engagements pris, au 30 mars dernier, vis-a-vis d’une délégation internationale de haut niveau qui avait visité le pays.

Le gouvernement cubain, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Port-au-Prince, a plutot plaidé en faveur d’une solution haïtienne à la crise. Dans des déclarations, rapportées par le quotidien Le Nouvelliste, l’ambassadeur Rolando Gomez Gonzalez a estimé le 17 avril que "la participation étrangère a compliqué extraordinairement les choses".

Enfin, l’Expert des Nations Unies sur le dossier des droits humains en Haïti, Louis Joinet, s’est inquiété le 17 avril de la dégradation continue de la situation en Haïti. Dans son rapport à la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève, il a fait savoir que l’insécurité s’est généralisé à travers le pays.