P-au-P., 16 mai. 06 [AlterPresse] --- De sérieuses réserves ont été émises lors du quatrième sommet Union européenne - Amérique latine & Caraïbes qui s’est tenu la semaine dernière (11-13 mai) à Vienne, en Autriche.
La rencontre, à laquelle assistait une soixante de représentants gouvernementaux, visait à consolider les relations économiques et les programmes d’aide au développement entre les deux continents.
Raymond Lafontant, chef de mission auprès de la communauté européenne, représentait la République d’Haïti à cette rencontre.
Les ONG latino-américaines et caraïbéennes ont fait part de sérieuses réserves quant à ces déclarations. Elles croient plutôt que l’aide au développement et la coopération sont des canaux pour drainer les ressources latino-américaines vers l’Europe.
La commissaire européenne aux Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a déclaré que la nouvelle stratégie de l’Union européenne (UE) consiste à renforcer le « partenariat » avec l’Amérique latine et la Caraïbe.
« Nous voulons renforcer notre compréhension commune et les partenariats existant pour créer de nouveaux dialogues et opportunités pour les deux régions », a-t-elle confié aux journalistes présents.
« Nos 15 ans d’expérience de politiques néolibérales de libre-marché ont démontré que le capital multinational a pris le contrôle de nos ressources naturelles, nos arbres, notre eau, et même nos semences », a, pour sa part, déclaré Pedro Stedile, du Mouvement des travailleurs sans terre du Brésil (MST).
En marge de la rencontre se tenait un sommet alternatif, regroupant les organisations de la société civile européennes, latino-américaines et caribéennes.
Le secrétaire général de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), Camille Chalmers, a pris part au sommet parallèle. Pour lui, il ne s’agit pas d’une question de déboursement de l’aide au développement, mais bien de savoir quel type de stratégie économique sera mise en place.
Il a ainsi rappelé qu’Haïti a souffert, au cours des deux dernières décennies, de politiques néolibérales inappropriées.
Le socio-économiste a sévèrement critiqué le Cadre de coopération intérimaire (CCI), rappelant le peu de consultation dans la conception ce plan de développement.
« Ils ont fait venir des consultants internationaux pour élaborer cette stratégie, mais à l’exception du gouvernement intérimaire, aucun Haïtien n’a été impliqué », a dit Camille Clamers.
Le secrétaire de la PAPDA a aussi souligné que le CCI ne fait « pratiquement aucune référence à l’agriculture haïtienne, en dépit du fait que 65% de la population vit en zones rurales, et que plus de 50% de la population sont paysans ».
Camille Chalmers a prévenu que la société civile haïtienne risquait encore une fois d’être exclue du processus de développement, rappelant que la nouvelle stratégie économique serait élaborée à la rencontre des bailleurs de fonds d’Haïti, à Brasilia, au Brésil, le 23 mai prochain. Il a déclaré que le gouvernement haïtien dirigé par René Préval serait représenté, mais que les rapports de force lui seraient défavorables.
Chalmers s’est dit particulièrement inquiet au sujet des plans de privatisation de la compagnie publique de télécommunications, Teleco, et la Banque nationale de crédit, la principale source de crédit du pays pour les paysans.
Le socio-économiste a toutefois souligné la récente amélioration de la situation politique en Haïti. Il a déclaré que, contrairement au gouvernement intérimaire de Gérard Latortue, « la majorité de la population croit maintenant qu’elle est représentée par le nouveau gouvernement ».
Au sujet de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Camille Chalmers a déploré le déploiement de cette force de maintien de la paix, alors qu’il n’y pas de situation de guerre ou de guerre civile en Haiti, a-t-il dit.
Il est d’avis qu’il faut retirer les éléments militaires internationaux, et augmenter le nombre de policiers onusiens. Les chars de la MINUSTAH doivent être remplacés par des bulldozers pour aider aux travaux d’infrastructure du prochain gouvernement Préval, a-t-il ajouté.
Camille Chalmers a critiqué que, malgré les millions de dollars dépensés dans le programme de désarmement de la MINUSTAH, seulement quelques armes ont été récoltées, sur les 210 000 en circulation selon les estimations.
Le séminaire sur Haïti du sommet parallèle à Vienne était organisé par les groupes Jubilée Sud, France Amérique latine et Haiti Support Group. [fle gp apr 2006-05-16 00:20]
Source : Haiti Support Group