Dans le cadre du programme "L’Éducation par les arts", mis en Å“uvre par la Fondation Culture Création, les jeunes Haitiens sont mis en contact avec la culture haitienne et les créateurs de diverses disciplines. La rencontre de plusieurs jeunes, qui prennent part à ce programme, avec des interprètes et musiciens lors de récentes soirées culturelles à Port-au-Prince , a donné le document que voici.
L’Education par les arts
Documentation preparee par la Fondation Culture Création
Mars 2003
En guise d’introduction
La Fondation Culture Création, institution
culturelle haïtienne à but non lucratif, contribue depuis 10 ans au renforcement des potentialités culturelle et artistique d’Haïti. Fidèle à ce principe, la Fondation a jugé nécessaire et même urgent de préparer les jeunes haïtiens à devenir des acteurs imaginatifs, exigeants et responsables dans leur environnement. Cette démarche soutenue par bon nombre de créateurs haïtiens, a permis à la Fondation de lancer dans le cadre de la célébration de son dixième anniversaire un programme d’actions artistiques et culturelles en direction des scolaires placé sous le thème L’Education par les arts.
Il s’agit pour nous et pour tous ceux qui s’y engagent de mobiliser les ressources et moyens pour travailler à l’émancipation du jeune haïtien en lui offrant non seulement l’accès à l’héritage culturel commun mais aussi à l’acte de création.
Plusieurs champs artistiques sont pris en compte : littérature, arts plastiques, théâtre, musique, cinéma, danse, patrimoine, photographie, design, architecture, art culinaire et communication de manière à sensibiliser les jeunes sur les modes d’expression existants par une mise en contact avec les créateurs et leur art.
La Soirée Innovation, spectacle musical présenté au public ce 18 mars 2003 au Rex Théâtre, traduit la volonté de ces artistes et institutions culturelles à s’engager ensemble sur la voie de la formation de nos jeunes, elle est aussi le résultat d’une mise en commun de leur savoir-faire. Ce spectacle a inauguré d’une manière très ecclectique, la première d’une série de manifestations artistiques titrées Echanges – Découvertes visant à éveiller le sens critique des jeunes et à favoriser leur ouverture culturelle.
Spectacle Soirée Innovation
REPERTOIRE
Classique
En duo Nicole St Victor, soprano et Micheline Dalencour, pianiste
Quand je serai mort et Prière de Carmen Brouard (1914)
Trois fois passé la, Maman écoute moi palé, Un p’tit pié laurié de Ferrère Laguerre (1935 – 1983)
Monsieur New York de Serge Villedrouin (1940)
Racine
Le groupe Djakata dans ses propres compositions
Vodou pa djab
Bazilo saliwe
Dada zilo ye
Neg yo bliye
Jodi pou-yo
Troubadour
Pierre Rigaud Chéry et ses musiciens avec la présence de Chantal Drice
Giselle de Jean Benjamin
Paul et Virginie de Raoul Guillaume et Carole chérie de Boulo Valcourt
Kochon Sen Antoine de Ti Paris
Debrouye de Jean Benjamin
Ayiti fòzi de Pierre Rigaud Chéry
Jazz
Claude Carré et son quartette Natif jazz Group
Pézé Café (traditionnel)
Choucoune de Michel Mauléart Monton (1855 –1898)
Compas-salsa
Le groupe Trak
Batem Rat (Ensemble aux Callebasses)
Guede zarenyen (traditionnel)
Pran Pasyans
Anacaona une composition du groupe Trak
LE POINT DE VUE DES JEUNES
Rencontre avec Nicole Saint Victor et Micheline Dalencour, 24 heures avant la Soirée Innovation organisée par la Fondation Culture Création
Par Pierre Ricardy et Kettelyne Polinice [1]
“La musique est l’art de combiner les sons de façon agréable à l’oreille et intéressante pour l’esprit†(Nicole St-Victor)
24 heures avant la grande Soirée Innovation organisée par la Fondation Culture Création, les jeunes ayant assisté au premier atelier de communication du programme L’Education par les arts, ont interviewé la soprano Nicole St Victor et la pianiste Micheline Dalencour. Il était 11H30 am ce Lundi 17 mars quand elles faisaient leur séance de répétition au Rex Théâtre. La voix très mélodieuse de Nicole St Victor accompagnée d’une pluie de notes harmonieuses de la pianiste Micheline Dalencour faisait dérouler devant nous des scènes de la réalité haïtienne à travers leurs interprétations. Ainsi, elles ont interprété successivement “Quand je serai mort†et “Prière†de Carmen Brouard (1914 - ), Les chansons enfantines de Ferrère Laguerre (1935-1983) “Trois fois passé là †, “Maman écoute moi palé†et “Un p’tit pié laurié†pour terminer sur une composition de Serge Villedrouin (1940 - ) “Monsieur New York†.
Nicole St Victor et Micheline Dalencour font de la musique dès leur adolescence. Toutes deux ont eu des séances de perfectionnement à Paris. Après 8 ans passés en Italie, Nicole St Victor a choisi tout comme Micheline Dalencour de retourner en Haïti partager ce qu’elle avait appris.
Selon les confidences de Nicole St Victor, Micheline Dalencour et elle font très bonne équipe dans des duo agréables : “ C’est parce qu’elle a la sensibilité de savoir ce que je veux et moi j’ai la sensibilité de savoir ce qu’elle veutâ€
Soulignons qu’elles sont toutes deux professeurs de musique. “J’aime enseigner aux enfants†nous dit Micheline Dalencour “ sans doute parce que les talents se développent à l’enfance†ajoute-t-elle.
Elles nous ont aussi appris que “le chant est le point de départ de toute formation musicale et pour bien reproduire un son il faut bien l’écouter car la musique est un élément d’équilibre donnant à l’homme un certain bien-êtreâ€
Elles souhaitent qu’on fasse de la musique à l’école, former des chorales car la voix est un instrument très exploitable à des fins musicales. Il faut aussi faire de la bonne musique qui est selon elles différente du bruit qui parasite le message de la chanson.
A noter qu’elles ont en cours un répertoire de 1h30 à 2h00 de bonnes musiques.
Entrevue avec le Natif Jazz Group
Par Myriam B. Guillaume [2]
Dans le cadre de la Soirée Innovation organisée par la Fondation Culture Création, nous avons rencontré pour vous le batteur Jonas Courtois du Natif Jazz Group.
Malgré ses cents ans d’existence, nous dit Jonas Courtois, le jazz demeure jusqu’à présent, un genre musical très peu apprivoisé et ceci dans le monde entier. Pour certains, cela est dû à son côté hautement intellectuel et pour d’autres, à son langage difficil et inaccessible. On comprend donc qu’il existe si peu de groupes à choisir la musique de jazz, particulièrement en Haïti où les gens cultivés représentent une minorité de sa population.
Le Natif jazz Group, vieux de seulement sept mois en est un. Avec Claude Carré pour maestro, ce quartette anime l’ambiance de certains restaurants quoique pour un public très restreint. Il faut donc croire que leur répertoire, quoique constituée en majeure partie de standards du jazz et très faiblement de musiques tirées du folklore haïtien, plaît à ce public.
Nombreux sont les problèmes d’Haïti, pourtant les musiciens du Natif Jazz Group ne se laissent pas décourager et ceci malgré le désintéressement du grand public pour ce genre musical. Jonas Courtois, cependant s’accroche à sa nouvelle carrière car il croit que “La musique adoucit les moeurs†.
La Fondation Culture Création : dix ans déjà
Par Myriam B. Guillaume [2]
En une décennie, la Fondation Culture Création a prouvé que sa raison d’être est le renforcement des ressources culturelles et artistiques en Haïti. D’ailleurs, son programme L’Education par les arts en dit long. Pour élargir son champ d’expérience, les responsables ont lancé le Mardi 18 mars 2003 au Rex Théâtre, la Soirée Innovation qui a déplacé quelques centaines de gens-public allant des jeunes aux vieux. Cette soirée offrait l’avantage de pouvoir déguster des rythmes de musiques différentes : classique, racine, jazz, troubadour et le mélange compas-salsa. Comme toujours l’Haïtien a oublié de respecter son heure de rendez-vous, aussi est-ce à 7 heures au lieu de 6 heures prévue que la soprano Nicole St Victor et la pianiste Micheline Dalencour ont pu débuter le spectacle avec trois compositions haïtiennes tirées d’un répertoire classique. Leur prestation a été très chaudement applaudie et ceci malgré la présence de près de 40% de jeunes dans la salle – quand on sait que d’ordinaire ce genre musical ne dit plutôt rien à cette tranche d’âge.
Après une brève présentation des origines de la musique racine, la comédienne Myrtho Casséus introduit le groupe Djakata. En moins de trois minutes, ils étaient tous installés à leur instrument et prêts à faire goûter au public les bienfaits du tambour. Envoûtés, bon nombre de spectateurs restaient accrochés à l’évolution de leur prestation remarquable avec la performance de deux enfants au tambour.
A leur tour Pierre Rigaud Chéry et ses musiciens accompagnés de Chantal Drice ont fait chanter cinq fois de suite un public très enthousiasmé et tout à fait détendu.
Claude Carré et son quartette Natif Jazz Group dans des interprétations de Peze Café et Choucoune, ont fait les délices de tous les spectateurs. Faisant partie des rares groupes haïtiens à s’être lancés dans la musique de jazz et à en faire un terrain de recherche, leur prestation à cette soirée était de taille.
Déjà la fin du spectacle, sur scène les musiciens du groupe Trak interprétant Guédé Zarenyen sous un air salsa suivi de trois autres morceaux dont Anacaona tiré de leur propre répertoire.
A part le phénomène du non respect de l’heure, la soirée peut-être qualifiée de réussie. Des jeunes filles à l’accueil distribuant dépliants et pamphlets sur la Fondation et sur le spectacle, la sonorisation à point, le décor sommaire, le tout mis ensemble renforçait l’air de fête qui émanait de l’assistance.
La Fondation Culture Création dans ses dix ans d’existence
Par Cabral Petra Schmidt, Martine Joseph et Marie Guerdie Raymond [3]
Au Rex Théâtre, ce Mardi 18 mars vers les 6 heures pm eut lieu un grand spectacle musical dans le cadre du programme L’Education par les arts lancé par la Fondation Culture Création. Le but visé : initier les jeunes à la richesse et à la diversité de la musique haïtienne tout en permettant au grand public de redécouvrir cette musique haïtienne riche en rythmes et en harmonie sous différents registres : troubadour, racine, compas-salsa, jazz et même la musique classique. Myrtho Casséus, comédienne, a su de manière professionnelle, donner du goût au spectacle dans sa responsabilité de présentatrice de cette grande soirée musicale.
Tour à tour, se sont présentés devant l’assistance le duo Nicole St-Victor, soprano et Micheline Dalencour, pianiste pour la musique classique, le groupe racine Djakata, association musicale de Carrefour Feuille mené par son percussionniste Samba Zao, Pierre Rigaud Chéry et la chanteuse Chantal Drice pour la version troubadour, le Natif Jazz Group pour le jazz et aux termes de la soirée le groupe Trak chaudement applaudi par l’assistance bercée au rythme du compas-salsa.
Il est à remarquer, l’habillement des musiciens suivant le genre et le style présenté, passant de la tenue de ville des musiciennes classiques aux costumes couleurs locales du groupe Djakata, ainsi que les thèmes haïtiens traités : Vodou pa dyab, Bazilo saliwe (Djakata), Kochon Sen Antoine de Ti Paris, Ayiti fòzi (Pierre Rigaud Chéry) ; Pezé Café, Choucoune de Mauléart Monton (Natif Jazz Group), Batèm rat, Pran Pasyans (Trak) pour ne citer que ceux-là . L’aspect tradition était également au rendez-vous.
La Fondation Culture Création en visant à mettre les jeunes en contact direct avec les artistes et dont le slogan est “L’Education par les arts†, a favorablement surpris un public de tout âge, avide d’émotions artistiques.
SEMAINE DE LA FRANCOPHONIE
Bernard Lavilliers : explosion d’énergie sur la scène du Rex
Par Marie France Louis [4]
Le Samedi 15 mars dernier vers 18h30 des amoureux de la musique se préssèrent à l’entrée du Rex Théâtre pour assister au grand concert organisé par l’Institut Français d’Haïti dans le cadre de la 15ème édition de la Semaine de la Francophonie. Radio Métropole, TV5, RFI, France Télécom ainsi que d’autres grands noms de la communication étaient présents à cette soirée.
Le public , après des minutes qui lui ont paru interminables, semblait soulagé à la vue sur scène du chanteur Bernard Lavilliers qui, dans sa tenue noire, son allure branchée qui plaît tant à ses nombreux fans, entamait, sous les accords entraînant de ses musiciens, les premières phrases de sa chanson “White†.
Au fur et à mesure l’assistance semblait faire corps avec ce chanteur qui savait si bien, à travers ses chansons, marier le rythme et le sentiment. Transpirant d’énergie, se donnant pleinement et sans retenu, Lavilliers et ses musiciens entraînèrent le public vers la découverte des différentes facettes de la musique.
La tension fut à son comble dans la salle quand, accompagné de deux musiciens haïtiens Joà« l et Mushi Widmaer, il chanta pour clôturer la soirée les couleurs et les douleurs de notre île “Haïti couleur†, chanson qu’il avait d’ailleurs enregistré avec ces deux musiciens.
Malheureusement, beaucoup de ceux, billets en main, restés sur les trottoirs du Rex Théâtre, faute de places, ont du regretter les grands moments de ce beau spectacle où Bernard Lavilliers, par l’attrait mythique, humoristique de son répertoire, décrivant les moindres parcelles de notre vie quotidienne par des figures aussi saisissantes que profondes, a pu étancher la soif de plus d’un au cours de ce délicieux souper musical.
Lavilliers au Rex Théâtre
Sacha Pérez [5]
Le Samedi 15 mars dernier, il y eut un grand concert au Rex Théâtre dans le cadre de la Semaine de la Francophonie. Une bonne partie de la communauté haïtienne s’était donnée rendez-vous pour voir et écouter le grand chanteur français Bernard Lavilliers. Le champ de Mars, paré de mille feux , accueillait une foule de voitures tandis qu’aux abords du Rex , les candidats au spectacle se serraient dans les rangs.
Aux environs de sept heures du soir, Lavilliers fit une entrée spectaculaire sur la scène du Rex sous les feux nourris des applaudissements. Le public, émerveillé, sous le charme, découvrait l’artiste au fil du spectacle, l’enthousiasme de la foule grandissait pour arriver à un moment fort lorsqu’il chanta “La Salsa†.
Cependant, le spectacle atteignit son apothéose avec “Haïti Couleur†, chanson très connue par le public haïtien. La manifestation de l’amitié franco-haïtienne était au rendez-vous lorsque les musiciens haïtiens Joà« l et Mushi Widmaer accompagnèrent le chanteur sur scène. Le public haïtien, à travers son délire, exprima à Bernard Lavilliers, toute sa gratitude pour cet hommage rendu à notre pays si décrié.
Ce qui plut au public du Rex, c’est la variété du répertoire de l’artiste, comprenant le rock, la salsa, la bossa nova et le jazz ; il y en avait vraiment pour tous les goûts. On ne manquera pas au passage de souligner la poésie qui émane de ses textes et l’engagement du chanteur sur des questions sensibles de notre époque.
La soirée de ce Samedi 15 mars restera dans les annales culturelles de la francophonie caraïbéenne. Toutefois, nous déplorons que nombre de spectateurs ayant retiré leur billets à l’avance n’aient pu assister à ce grand gala.
Nous disons Bravo aux services culturels français et haïtiens pour la réalisation de si beaux projets.
[1] Eleves du Centre Classique et Culturel de Pétion-Ville, participants a l’atelier de communication du Programme L’Education par les arts / Fondation Culture Création
[2] Eleve du Centre Classique et Culturel de Pétion-Ville et participante a l’atelier de communication du Programme L’Education par les arts / Fondation Culture Création
[3] Eleves du Collège de Côte-Plage et participants a l’atelier de communication du Programme L’Education par les arts / Fondation Culture Création
[4] Eleve du Collège de Côte-Plage, classe de Philo, partcipante a l’atelier de communication du Programme L’Education par les arts / Fondation Culture Création
[5] Eleve des Cours Privés Edmé et participant a l’atelier de communication du Programme L’Education par les arts / Fondation Culture Création