P-au-P, 12 mai 06 [AlterPresse] --- A deux jours de l’investiture le 14 mai 2006 en Haïti du nouveau Chef d’Etat René Garcia Préval, issu des présidentielles du 7 février de la même année, une certaine frénésie est observée du côté de l’administration sortante, des forces de sécurité nationale et internationale, ainsi que de la Presse friande de couverture d’événements. Cependant, la population nationale semble plutôt plongée dans l’attente de ce qui risque d’advenir dans les prochains jours, semaines et mois de l’été 2006, constatent les observateurs dans la capitale haïtienne.
Environ 350 journalistes nationaux et internationaux sont mobilisés pour apporter des informations diverses sur les activités entourant la prestation de serment de dimanche, selon les informations parvenues à l’agence en ligne AlterPresse.
Le Ministère des Affaires Etrangères (MAE), en appui avec son homologue de l’Intérieur, coordonne les accréditations à délivrer aux journalistes, aux officiels venus de l’étranger aux techniciens assurant l’appareillage sonore et les installations spécifiques au Palais National, aux différents invités spéciaux qui marqueront de leur présence aux cérémonies prévues. Question de sécurité oblige, les cartes d’accréditation ne seront remises pour les trois espaces stratégiques identifiés (Parlement, Cathédrale de l’Eglise Catholique romaine à Port-au-Prince) que la veille de l’investiture.
Un cocktail en l’honneur des délégations étrangères, offert par le président sortant Boniface Alexandre dans la soirée du samedi 13 mai au Palais National, la prestation de serment proprement dite par-devant l’Assemblée nationale dans la matinée du dimanche 14 mai, suivie d’une cérémonie liturgique et Te Deum (1 :00 PM locales) à la cathédrale de l’église catholique romaine dans la capitale et le premier discours à la nation du nouveau président prévu pour 2 :00 PM (19 :00 GMT), puis des activités culturelles dans la soirée du même jour au kiosque Occide Jeanty, sur la principale place publique à proximité du palais présidentiel, figurent au menu du programme rendu public sur le site internet du MAE haïtien.
Côté sécurité, les agents de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ont commencé à poser des barrages non loin du Palais Législatif, où une courte séance de travail s’est déroulée en fin d’après-midi du vendredi 12 mai depuis le processus de validation des nouveaux parlementaires trois jours plus tôt, a noté AlterPresse à 3 :00 PM locales. A l’intérieur, des policiers nationaux et internationaux sont remarqués.
A l’exception de la constitution des bureaux du Sénat et de la Chambre des Députés, aucune commission spécifique de travail n’a encore vu le jour.
« Le dimanche 14 mai constituera notre point de départ », tente de justifier un sénateur interrogé par AlterPresse.
Ce vendredi 12 mai, en prélude à l’investiture, les opérations de nettoyage (y compris couches de peinture faite par des ouvriers) continuent encore dans les salles d’audience des chambres haute et basse, non climatisées et dépourvues de ventilateurs. Contrairement au 9 mai où les 82 députés (sur 99 sièges) et 27 sénateurs (sur 30 sièges) ont juré, à la lueur de bougies, de s’acquitter de leurs tâches constitutionnelles, le courant électrique est rétabli.
Il y a un va-et-vient incessant de gens à l’intérieur du Palais Législatif, les uns probablement à recherche d’emplois, les autres ne sachant même pas les noms des interlocuteurs qu’ils voudraient rencontrer.
Beaucoup de sénateurs et députés confient à AlterPresse leur désappointement en ce qui concerne le manque de dispositions adéquates de fonctionnement au palais législatif, comme les toilettes non encore opérationnelles, la non prévision de moyens de locomotion et l’inexistence de structure de sécurité affectée à chaque parlementaire, la présence de centaines d’employés dont la mission exacte n’est pas encore bien définie, l’absence de cafétéria dans le bâtiment réservé pour les parlementaires.
Le salon diplomatique du Palais législatif semble quasiment prêt pour accueillir les dignitaires le 14 mai.
Chez les habitants de la capitale, c’est l’attente. Certaines personnes essaient de s’approvisionner dans les marchés publics pour faire face à toute éventualité. Dans certaines épiceries, des acheteurs dénoncent l’augmentation des prix de certains produits essentiels à la consommation.
« Des commerçants auraient préféré ne pas retirer les marchandises en douane, en attendant l’arrivée de la nouvelle administration, d’autant que la gourde (la monnaie nationale haïtienne) tend à s’apprécier par rapport au dollar américain au cours des dernières séances », laisse entendre une cheffe de ménage.
Vers la fin de la journée du vendredi 12 mai, les petites commerçantes du centre-ville ont commencé à regagner leurs demeures, laissant les tréteaux renversés, pour des raisons inavouées, a observé AlterPresse.
Les élèves des établissements scolaires publics et privés ont travaillé comme à l’ordinaire, de même que les fonctionnaires, les employés des banques, stations de distribution de produits pétroliers, entreprises de services. Ici et là , sur différentes artères, des bouchons sont enregistrés.
Il n’y a pas de branle-bas particulier, sauf que de temps à autre on entend le vrombissement des hélicoptères survolant le ciel de la capitale haïtienne. Des spectacles culturels sont annoncés pour la fin de la semaine en différents lieux de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, des activités sportives se déroulent également.
Heureusement, contrairement aux rumeurs persistantes, que des jours de congé inattendus n’ont pas été décrétés par l’administration sortante.
Sans vouloir s’aventurer dans les conjectures, la population attend de voir de quoi demain sera fait après la nouvelle hausse, il y a une semaine, des prix des produits pétroliers sur le marché national qui a provoqué des effets multiplicateurs sur le tarif des transports publics.
Les habitants des quartiers de Port-au-Prince, privés d’électricité publique depuis plus de 8 jours, se demandent est-ce que vraiment, comme promis, la compagnie nationale d’électricité pourra s’approvisionner en carburant à l’approche de l’investiture, pour pouvoir alimenter les différents circuits de distribution de l’énergie publique.
Toujours est-il que des interventions sur le réseau actuel de distribution électrique remontent à 1985, ce qui pose la nécessité d’une planification d’actions plus pertinentes au lieu de palliatifs ponctuels, souhaite le responsable principal de l’Electricité d’Haïti qui s’exprimait sur les ondes de stations de radio locales. [rc lf apr 12/05/2006 20 :00]