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Haïti : Quinze inculpés attendus à la Cour d’appel des Gonaives, dont Yvon Neptune

P-au-P, 8 mai 06 [AlterPresse] ---L’ancien premier ministre Yvon Neptune, figure sur une liste de 15 inculpés attendus, ce 8 mai 2006, par-devant la Cour d’appel des Gonaives (nord) dans le cadre du dossier de la Scierie (petite localité de Saint-Marc - nord), où des dizaines d’opposants à l’ancien Président Jean Bertrand Aristide ont été tués en février 2004, selon des organismes de droits humains.

L’avocat des victimes, Samuel Madistin, estime que, normalement, Yvon Neptune ne devait pas faire partie de ces individus en raison du fait qu’il n’est un « inculpé à plan », c’est-à -dire qui avait interjeté appel après l’ordonnance du juge instructeur en charge du dossier.

« Les inculpés qui n’ont pas interjeté appel sont, au regard de la loi, réputés satisfaits de l’ordonnance en attente de jugement et ne sont pas concernés par l’audience de la Cour d’appel », précise Samuel Madistin.

Le juriste dit craindre une manœuvre de la part des autorités haïtiennes et de la communauté internationale pour tenter de « blanchir Yvon Neptune ».

Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) va dans le même sens. « Il est clair que Yvon Neptune n’a pas interjeté appel, ce qui veut dire qu’il était d’accord avec l’ordonnance », dit-il.

Cependant, le directeur exécutif du RNDDH qualifie de pas important la décision de la Cour d’appel des Gonaives de redynamiser ce dossier.

« C’est une chose importante pour les victimes qui ont soif de justice, les inculpés qui croupissent en prison et la société qui a droit à la vérité », affirme-t-il.

Pour sa part, Samuel Madistin réaffirme sa détermination à aller jusqu’au bout dans l’affaire de la Scierie.

« Nous luttons pour un procès équitable, nous sommes très confiant et la victoire sera à la justice », s’exclame-t-il.

Au moins une vingtaine de personnes avaient déposé des plaintes formelles contre de hauts dignitaires du régime déchu, tels Yvon Neptune, l’ex-ministre de l’Intérieur Jocelerme Privert et l’ancien député Amanus Mayette.

Dans le cadre de ce même dossier, d’autres personnalités, comme l’ancien ministre de la justice Me Calixte Delatour et l’ancienne directrice générale de la Police Nationale d’Haïti Jocelyne Pierre, ont été entendues en mai 2005 par le cabinet d’instruction.

Des secteurs de la communauté internationale, en particulier des parlementaires étatsuniens favorables à l’ancien régime lavalas, ont à maintes reprises fait valoir la nécessité de l’élargissement sans conditions de l’ex-premier ministre Neptune.

Après l’évasion spectaculaire d’environ 400 détenus de la prison civile de Port-au-Prince le 19 février 2005, l’ancien chef du gouvernement lavalas avait décidé d’observer une grève de la faim pour exiger sa libération.

Les autorités avaient alors procédé à son transfèrement vers un hôpital militaire de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), avant de le placer au sud-est de la capitale dans une résidence qui fait office d’annexe de la prison civile de Port-au-Prince.

Lors d’une visite effectuée le 7 mars 2005 en Haïti où elle s’était entretenue avec l’ancien chef de gouvernement lavalas dans sa cellule, une députée américaine, Maxime Waters, avait estimé que les personnes emprisonnées dans le cadre de l’affaire de la Scierie étaient des « prisonniers politiques ». [do gp apr 08/05/2006 9:00]