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3 mai, journée internationale de la liberté de la presse

Haiti : Toujours l’impunité en faveur des assassins de journalistes

P-au-P., 3 mai. 06 [AlterPresse] --- L’organisme international Reporters Sans Frontières (RSF) a dressé un maigre bilan du gouvernement de Gérard Latortue en ce qui concerne des enquêtes sur des cas de meurtres de journalistes en Haiti, où, durant l’année 2005, 2 journalistes ont été tués.

Dans un rapport émis à l’occasion du 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, RSF relève que « malgré les promesses faites (...) par le gouvernement de transition lors d’une mission conduite en Haïti en 2004, l’impunité reste totale » dans les affaires de Jean Dominique et Brignol Lindor, deux journalistes assassinés respectivement en 2000 et 2001.

« L’impunité reste totale dans ces deux affaires », souligne RSF, indiquant qu’il aura fallu « près d’un an pour qu’un nouveau juge, dépourvu de moyens, soit saisi de l’affaire Jean Dominique, le 3 avril 2005, soit cinq ans jour pour jour après la mort de celui-ci. Pis, les trois suspects emprisonnés se sont évadés au mois de février ».

RSF note qu’en ce qui concerne l’affaire Brignol Lindor ce dossier « est toujours en souffrance à la Cour de cassation depuis le 21 avril 2003. Un seul des tueurs présumés a été appréhendé et livré à la police par des habitants de Miragoane, mais pour un autre motif... le 30 mars 2005 ».

Au chapitre des cas relevés en 2005, RSF rappelle que le 20 mars à Petit-Goâve (sud), une fusillade entre des soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH) et d’anciens militaires a coûté la vie au jeune journaliste de la radio Tele Contact, Laraque Robenson.

D’autre part, le fléau du kidnapping a fait une victime parmi les journalistes en la personne de Jacques Roche, écrivain et chef du service culturel du quotidien Le Matin. Enlevé le 10 juillet à Port-au-Prince, le journaliste a été retrouvé assassiné
quatre jours plus tard, le corps exposé dans une rue, après avoir subi des tortures, précise RSF.

D’autres journalistes ont failli être victimes de kidnapping. Le 11 juin, Richard
Widmaier, directeur de Radio Métropole, a échappé de peu à une tentative de rapt. Cinq jours plus tard, Nancy Roc, présentatrice du magazine « Métropolis » pour Radio Métropole, a dû quitter précipitamment Haiti après avoir reçu des menaces
d’enlèvement par téléphone pendant près d’une semaine, souligne RSF.

Selon RSF, le contexte de l’évolution de la situation haitienne en matière de liberté de la presse est fait de corruption tenace, d’impunité, et d’une insécurité exponentielle que n’a pas permis d’endiguer la présence de la MINUSTAH.

Cette situation qualifiée d’anarchique par RSF est marquée par le versement, entre mai et octobre, de 6 millions de dollars comme rançons à la suite de kidnapping, tandis que
200 000 armes circulent illégalement en Haiti.

Au niveau mondial, RSF indique que « 2005 a été l’année la plus meurtrière pour les journalistes depuis dix ans ». 63 journalistes et 5 collaborateurs des médias ont été tués. Au moins 807 ont été interpellés, plus de 1.300 agressés ou menacés et au moins 1.006 médias censurés. [gp apr 03/05/2006 11:00]