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Haïti - Élections : Opérations de dépouillement dans un climat d’excitation à Cité Soleil

P-au-P, 21 avril 06 [AlterPresse] --- Les opérations de dépouillement ont commencé dans un climat proche de la tension à certains centres de votes de Cité Soleil, grande agglomération à la sortie nord de la capitale, environ une heure après la clôture des législatives du 21 avril 2006 en Haïti, ont constaté des reporters de l’agence en ligne AlterPresse.

Dans le centre de vote placé au Centre Pilote, dans la périphérie de Cité Soleil, fief de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, ces opérations se déroulent dans une atmosphère d’excitation. Des électrices et électeurs sont encore présents aux abords du centre électoral en vue de tenter de remplir leur devoir de citoyen, malgré la suspension des opérations depuis 16 :00 locales (21 :00 GMT).

400 personnes devaient voter dans chacun des 19 bureaux placés dans ce centre de vote situé en face du plus grand bidonville de Port-au-Prince. Dans un de ces bureaux visités par AlterPresse, 95 personnes ont pu voter malgré les irrégularités qui entachent le processus.

Plusieurs personnes, dont les noms ne figuraient sur aucune liste électorale, parmi elles des mandataires de partis politiques, ont voté normalement comme si de rien n’était, signale un employé de ce centre qui assimile ces bavures à ce qu’il appelle l’irresponsabilité du Conseil Electoral Provisoire (CEP) qui n’avait pas mis en place des mesures sécuritaires drastiques.

Selon ce responsable, vers 9 :00 AM (14 heures GMT), il y avait une affluence d’électeurs dans ce centre. Un mandataire a rempli son devoir tout en refusant catégoriquement d’introduire son doigt dans l’encre consacrée au vote.

« Nous avons été amenés à gérer la foule tout seuls », affirme-t-il tout en dénonçant la passivité des soldats onusiens.

Ce manager informe que le nombre de mandataires, qui devaient exprimer leurs suffrages au Centre Pilote, est passé de 6 à 24 sans aucun motif valable. Ces représentants de partis politiques ont décidé, de leur propre gré, de voter dans ce centre de vote. Face à cette situation, ce manager indique qu’il ne pouvait rien faire que de dresser son rapport qu’il aura à soumettre au CEP.

Dans ce même secteur, soutient-il, des électeurs ont fait usage de la force pour remplir leur devoir tout en immobilisant les responsables qui se sont arrivés à faire aucune vérification.

Dans un bureau identifié 001, une personne a essayé de voter à deux reprise, mais le président dudit bureau s’y est opposé. Jacquelin Exantus, candidat à la députation pour la circonscription de Cité Soleil, a lui aussi tenté de le faire.

« Il était très menaçant », explique le principal responsable du bureau.

A la fermeture des opérations de vote, des électeurs ont exprimé leur colère tout en témoignant de leur volonté de voter. Un couple venant de Cité Soleil était parmi ces personnes à ne pas remplir leur devoir civique en dépit du fait qu’ils disposaient de leur carte d’identification nationale (CIN).

« Je me sens frustré, parce que je voulais accomplir mon devoir civique », dit le mari de cette dame. Ayant, tous deux, retiré leur CIN à la Croix-des-Bouquets en raison des violences qui s’abattaient sur Cité Soleil, ces deux électeurs affirment n’avoir pas d’argent pour aller voter dans cette ville sise à une trentaine de kilomètres au nord-est de la capitale. [do rc gp apr 21/04/2006 17:30]