P-au-P., 20 av. 06 [AlterPresse] --- Des posters géants de candidats visibles sur quelques grandes artères et des spots de sensibilisation diffusés par l’organisme électoral sur les ondes des médias sont les rares composants d’un décor électoral plutôt terne.
La campagne électorale, qui s’est achevée dans la soirée du 19 avril, n’a été, en effet, marquée que par des meetings électoraux sporadiques, la mise à contribution, de manière fortuite, de camionnettes circulant sur fond de refrains de propagande électorale et quelques forums de discussions entre candidats et électeurs organisés par la force ONUsienne, la MINUSTAH.
L’enthousiasme n’est pas non plus débordant au niveau de l’électorat potentiel, contrairement à ce qui avait été constaté lors du premier tour de la présidentielle, le 7 février dernier. Le taux de participation au premier tour était estimé à 60%. D’aucuns craignent une très faible participation au second tour.
Et dire que l’enjeu est important. 3 millions 500 mille électeurs potentiels sont appelés à élire 30 sénateurs sur un total de soixante candidats et 97 députés parmi 194 postulants.
Les relations entre le Parlement et la présidence ont été conflictuelles quand René Préval fut Premier ministre en 1991 et président de 1996 à 2001.
Après son élection, le candidat victorieux à la présidentielle du 7 février a engagé des consultations avec des partis (politiques) et leaders politiques figurant en bonne position pour le second tour en vue de s’assurer du soutien par ces derniers de l’action du futur gouvernement.
« La plateforme Espoir n’ayant pas assez de candidats pour avoir la majorité au Parlement, nous sommes prêts à tendre la main à d’autres parlementaires voulant travailler avec nous pour faire marcher le pays », avait déclaré le président élu lors d’un point de presse le 22 février dernier.
Le président élu prêtera serment devant l’assemblée nationale le 14 mai prochain.
Le futur gouvernement aura deux missions essentielles : la mise en place des institutions prévues par la Constitution, pour créer les conditions de la stabilité du pays, et la création de conditions propices à l’investissement privé, pour générer des emplois, avait ajouté Préval.
Il avait, par ailleurs, promis de lutter contre la corruption dans l’administration publique et de dialoguer avec les différents secteurs du pays pour pouvoir trouver des réponses consensuelles à certaines difficultés et garantir la continuité de l’Etat.
A l’occasion du second tour des élections législatives, les services publics, les écoles, le commerce et l’industrie chôment les jeudi 20 et vendredi 21 avril 2006.
L’Exécutif a, dans un arrêté présidentiel, justifié cette décision par la volonté du gouvernement de « promouvoir la participation de toute la population aux élections du 21 avril ».
L’Exécutif évoque aussi « la nécessité de faciliter l’occupation, par le Conseil électoral provisoire, des écoles et des administrations publiques retenues pour abriter des centres de vote ».
Sur le plan sécuritaire, l’atmosphère globalement sereine observée depuis l’élection du président René Préval continue de prévaloir. Un des signes de cette détente fragile : c’est l’appel lancé le 19 avril par Amaral Duclona aux habitants du quartier sensible de Cité Soleil pour qu’ils aillent voter librement.
Duclona figure parmi les personnes activement recherchées par la police pour son implication présumée dans plusieurs forfaits dont l’assassinat du consul honoraire de France au Cap-Haïtien, Henry Paul Mourral, le 31 mai 2005.
Même dans un contexte apparemment serein, d’aucuns restent sur leurs gardes vu que les conditions objectives génitrices de l’insécurité demeurent intactes. Nous voulons parler entre autres du désarmement des groupes armés qui n’a pas été réalisé jusqu’ici par les forces « régulières » de sécurité (Police Nationale d’Haïti et Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti) et de l’impunité dont continuent de jouir de nombreux présumés chefs de gangs « activement recherchés » par la Police.
Dans un communiqué publié à Bruxelles début février (2006), l’organisme OXFAM International, basé en Grande-Bretagne, avait fait état de la circulation de 210 mille armes à Port-au-Prince. Un responsable de cette organisation non gouvernementale avait souligné que les Haïtiens avaient subi deux années de violence armée, déplorant la persistance de « la loi des pistolets, malgré la présence des contingents de l’ONU ».
Une panoplie de dispositions destinées à garantir la sécurité du scrutin législatif du 21 avril a été annoncée par les instances de sécurité.
La Police nationale d’Haïti (PNH) a, entre autres, décidé de révoquer momentanément les permis de port d’armes, d’interdire la circulation des motocyclettes et de prohiber la vente d’alcool et d’essence dans les bidons.
Le directeur général de la PNH a affirmé le 18 avril que « tout est pratiquement prêt, côté sécurité, pour la tenue du second tour des législatives ». Mario Andrésol a laissé entendre que certaines zones bénéficieraient d’une plus grande surveillance. Il a cité, à titre d’exemple, la commune de Maïssade (Centre) où le commissariat (de police) a été incendié par les partisans d’un candidat emprisonné.
Les troupes de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) seront également mobilisées à travers le pays, dans le cadre de l’opérationnalisation d’un plan de sécurité conçu de concert avec la PNH, si l’on en croit le chef de la composante militaire de la force ONUsienne, José Elito Carvalho Siqueira. [vs apr 20/04/06 19:05]