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Appuyer la reconstruction et le développement d’Haïti : un devoir de solidarité

Par Pierre Bonin [1]

Intervention présentée sur un panel portant sur l’aide humanitaire canadienne en Haïti - bilan et perspectives, Montréal, mardi 28 mars 2005, à l’occasion du Colloque "La responsabilité de protéger : quel avenir ? " organisé par l’Observatoire sur les missions de paix en collaboration avec l’Observatoire international de géopolitique et la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQà€M.

Document repris par AlterPresse le 12 avril 2006

Résumé : Haïti aura bientôt un gouvernement responsable devant un parlement régulièrement élu. Le processus de reconstruction sera long et demeura sans doute encore fragiles. Nous devrons continuer d’assumer la responsabilité de protéger dans le respect de la souveraineté d’Haïti et une perspective de sécurité humaine globale, basée sur la justice sociale et les droits humains dans leur totalité. Pour appuyer correctement les organisations du mouvement social haïtien et les institutions publiques, nous devrons accentuer le dialogue et la concertation sur les priorités et les stratégies de développement et de coopération, tant en Haïti, qu’au Canada et au Québec. Il nous faudra s’impliquer sur période longue, dans de vastes programmes structurant de reconstruction, réhabilitation et de développement, mettant l’accent sur l’appui aux mesures qui font avancer la justice sociale, les droits humains et le relèvement des conditions de dignité des majorités pauvres urbaines et rurales. Et ce en continuant de renforcer le système de justice, la police et un désarmement effectif pour que cesse la violence et l’impunité. Cela nécessite enfin d’appuyer des programmes qui visent à assurer des possibilités de travail dans une économie remise en marche. Nous pourrions exercer un leadership utile en s’engageant dans la durée comme chef de file dans l’appui à la refondation de l’éducation pour tous et convaincre la francophonie d’y participer. A titre de contribution civile à la lutte contre la pauvreté et pour la paix, nous pourrions poser des gestes audacieux et novateurs en matière de santé primaire, notamment dans les bidonvilles. Nos appuis à la relance de l’économie, centrés sur les besoins des Haïtiens, accentueront la spéciale attention que nous accordons déjà au secteur de l’économie sociale et solidaire. Tirant les leçons apprises des actions passées, nous aurons à nous impliquer de manière plus significative en matière de développement local et d’environnement.

Pourquoi rester en Haïti ?

Une longue et riche histoire

Beaucoup de gens diront qu’Haïti - Québec - Canada ont des liens historiques que nous voulons sauvegarder. Nos peuples ont vécu ensemble un long et riche parcours à multiple dimensions, missionnaire, culturelle, migratoire, touristique, littéraire... Toutefois, sous le régime des Duvaliers, nous avons été complaisant, comme beaucoup d’autres pays qui ont contribué à la pérennité de ce régime inique. De 1987 à nos jours, les tentatives diverses de coopérer au développement démocratique d’Haïti ont trop souvent été de courte durée ; cependant des approches nouvelles de plus en plus méthodiques ont permis de tirer quelques leçons. Depuis l’été 2004, un « Cadre de coopération intérimaire » (CCI), sorte de plan court-terme d’aide à la reconstruction - réhabilitation (R et R) est devenu le cadre de référence de la coopération canadienne et des « amis d’Haïti ». Le CCI vient d’être prolongé jusqu’en 2007 mais ne fait pas consensus en Haïti, comme on le sait. Le travail de reconstruction est immense et le CCI fera donc l’objet d’une importante mise à jour [2].

Rester par solidarité

Les arguments qui militent pour rester en Haïti sont nombreux . Il est souhaitable continuer d’être avec eux pour la reconstruction et le développement à long terme, d’abord parce que là -bas, un grand nombre de femmes, d’hommes et d’organisations haïtiennes y travaillent contre vents et marées et n’ont jamais baissé les bras, même aux moments les plus difficiles des dernières années.

Les organisations du mouvement social haïtien sont à l’œuvre et interpellent nos organisations et nos gouvernements en tant que partenaires de longue date. Un nombre croissant de québécois et québécoises sont d’origine ou de descendance haïtienne. De professions diverses, ils partagent nos joies, nos peines en travaillant au développement de notre propre société. Ils demeurent toutefois proches de leur familles restées là -bas et se soucient de leur pays d’origine dont ils restent également solidaires. En effet, de nombreuses personnes et organisations de la diaspora haïtienne sont engagées depuis longtemps pour la reconstruction et le développement d’Haïti. Ils se regroupent notamment au sein du ROCAHD, le Regroupement des organisations canado-haïtiennes pour le développement.

Maintenir le cap et résister au pessimisme

Nous devons inciter nos élus à se maintenir dans le sillage des motions d’appui au peuple haïtien votées unanimement par les parlementaires à Québec et à Ottawa depuis plus de quinze ans. Nous devons également poursuivre et accentuer les actes de solidarité de notre société civile organisée (oci [3], syndicats, organisations populaires, diaspora haïtienne, églises, médias...) en demeurant les interprètes et défenseurs d’Haïti devant l’opinion publique et auprès des gouvernements québécois et canadiens.

Haïti n’est pas à mettre sous tutelle même si l’insécurité reste encore préoccupante. Malgré que certaines institutions publiques aient encore besoin d’un appui massif de la communauté internationale, les haïtiens se disent déterminés à reconstruire leur souveraineté et à effectuer les énormes efforts nécessaires pour laisser le statut par ailleurs contesté de « pays en déroute » [4] et être considéré à part entière en tant que « pays partenaire », là où se concentre l’APD du Canada. Nous pensons par ailleurs que toute velléité de diminuer l’aide publique rencontrerait au Québec une vive opposition.

Plaider pour Haïti

C’est réclamer des appuis politiques, humains, matériels, financiers qui concourent à la justice sociale et économique et la lutte contre la pauvreté, à la lutte contre l’impunité, à la restauration de l’environnement pour qu’il soit salubre et sécuritaire . C’est aussi plaider pour des appuis qui contribuent de manière significative à assurer l’éducation pour tous, qui renforcent les organisations du mouvement social et contribuent à reconstruire et réformer des institutions publiques réellement démocratiques et efficaces. C’est agir également en faveur des politiques macroéconomiques centrées sur les besoins essentiels des gens et plaider face aux nations, notamment les plus puissantes, en faveur de relations internationales plus justes, respectueuses de la souveraineté d’Haïti.

Une volonté partagée

Nous ne sommes pas les seuls à vouloir rester en Haïti pour coopérer à sa reconstruction et à son développement. En février 2003, l’ACDI écrivait « Même si la situation est extrêmement difficile, il faut rester en Haïti et s’entêter parce que la population a besoin de soutien et que les enjeux géographiques, politiques, économiques d’Haïti mais aussi de l’ensemble de la région des Caraïbes sont trop importants pour le Canada. » [5] : En 2006, la position de l’ACDI demeure tout aussi valable ; elle doit être soutenue et enrichie dans le dialogue.

La responsabilité de protéger

Du point de vue des organisations du mouvement social, la responsabilité de protéger découle du devoir de solidarité humaine, lequel s’exerce dans la durée et dépasse les mouvements circonstanciels de compassion face aux catastrophes. Néanmoins, l’élan de solidarité manifesté à l’occasion de la catastrophe des Gonaïves a démontré la compassion et la capacité de mobilisation des québécois en général et de la diaspora haïtienne en particulier. Parce qu’il est un impératif moral et politique, le devoir de solidarité n’autorise pas à faire l’économie de l’analyse et de la réflexion avant l’action. Il en découle qu’une analyse critique de la situation et de son contexte permet seule d’identifier valablement les acteurs, les forces en présence, la nature et l’origine des problèmes, les ressources disponibles, les obstacles possibles. La réflexion partagée conduirait à mettre les priorités à la bonne place et à choisir les stratégies les plus appropriées. La solidarité se développe à l’occasion des fréquentations soutenues, se vit à travers des relations humaines faites de connaissances réciproques, d’estime mutuel, d’échanges équitables et de partages de connaissances et d’expériences ; elle requiert donc constance et fidélité. Cette responsabilité comporte - selon la CISSE [6] - non seulement le devoir de porter secours à peuple en danger mais aussi des responsabilités de prévention et de reconstruction. Enfin, la responsabilité de protéger doit être abordée dans une perspective de sécurité humaine globale... qui ne peut être assurée que par l’exercice des droits humains dans leur intégralité.

Vaincre l’insécurité

La solution en profondeur aux problèmes d’insécurité que connaît Haïti n’est pas d’abord ni surtout militaire mais bien dans des changements radicaux des conditions de dignité des majorités pauvres et par une lutte sans compromis contre l’impunité. Les insupportables problèmes d’insécurité qui perdurent relèvent beaucoup plus d’une police intègre, professionnelle, suffisante en effectifs et convenablement équipée et d’un système de justice compétent et efficace où la corruption impitoyablement châtiée sera chose du passé. Des opérations adéquates de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) demeurent indispensables mais doivent être bien adaptées au contexte majoritairement non-militaire de la violence urbaine (crime organisé et narcotrafic, violence politique et terreur par le viol, l’extorsion et le kidnapping, chômage massif et conditions de vie infrahumaines ouvrant la porte au clientélisme des bandes criminalisées). C’est donc par des stratégies complémentaires et coordonnées que le désarmement et la lutte contre l’impunité pourra progresser, en conjuguant le retour de l’Etat de droit avec l’implantation massive de services publics de base et la création d’emplois viables.

Avec qui ?

Solidaires du mouvement social haïtien

Saluons le 29 mars, « Journée Mondiale de Solidarité avec le Peuple Haïtien », également « Jour de la Constitution haïtienne », qui a été lancée par l’Assemblée des Mouvements sociaux, réunie à Caracas durant le VI Forum Social Mondial. Rappelons que le mouvement social haïtien s’est construit fin des années ‘70 - début ‘80, par des organisations de la base menant des actions pour l’état de droit, pour des tribunaux équitables, la justice sociale, le droit à la terre, le droit de parole et d’association, l’alphabétisation et le relèvement des conditions de vie des majorités pauvres. Depuis la libération du régime macoute en 1987, le mouvement social reste cependant fragile, périodiquement déstabilisé et fragmenté, mais toujours creuset de démocratie. On y retrouve de larges mouvements paysans, des syndicats et des coopératives, des organisations de portée nationale, régionale ou locale s’occupant d’environnement, de droits humains, de développement local, de santé communautaire. Des centres d’études sociales, d’éducation populaire et de formation de formateurs ainsi que des médias alternatifs jouent un rôle stratégique dans la dynamique du mouvement social. La plupart se regroupent au sein de coalitions ou collectifs qui n’ont jamais cessé de prendre la parole.

Les organisations haïtiennes prennent à nouveau la parole

Partenaires des organisations de la société civile du nord, les organisations haïtiennes veulent donner à la reconstruction nationale des orientations précises telles que la construction de la paix centrée sur la justice sociale et la lutte contre la pauvreté. Elles tiennent à un processus électoral véritablement démocratique, sûr, transparent et inclusif. Elles répètent l’urgence d’un réel désarmement et de la lutte contre l’impunité. Elles réclament une véritable réforme agraire avec les renforts économiques et techniques à la paysannerie lui permettant de changer ses conditions de vie et d’assurer la souveraineté alimentaire. Elles exigent une industrialisation qui ne soit pas basée sur les zones franches et la sous-traitance et réclament l’annulation de la dette externe et l’indemnisation pour la dette historique, sociale et écologique. Elles demandent des fonds non remboursables pour le développement destinés aux organisations du mouvement social et une nouvelle coopération basée sur le respect, le dialogue et l’échange équitable.

A l’occasion de déclarations publiques, ces organisations haïtiennes réclament le rétablissement de la souveraineté car « seul un pays souverain peut décider d’établir un Plan de Développement à long terme... s’inscrivant dans le cadre d’une vaste mobilisation ». Elles veulent relancer le « dialogue national » [7] pour établir un consensus sur les orientations fondamentales (économie, agriculture, éducation, santé, politique, relations avec d’autres Etats...) et établir un « Programme de Refondation Nationale ». Pour y parvenir, elles réclament de transformer l’espace pour le « dialogue national » en démarche institutionnelle capable de soutenir les efforts des organisations de la société civile qui cherchent à mobiliser les populations sur la question de la reconstruction nationale.

Dans leurs déclarations récentes, les organisations haïtiennes appellent à « la recherche d’une véritable alternative, prenant en compte les aspirations populaires et évitant les erreurs des années 1990 (...) des réformes profondes menées de manière autonome sont attendues au niveau du système sanitaire, de la justice et de la police... » et un « gouvernement (qui) doit agir directement sur les prix des produits de première nécessité » [8]. Elles affirment que « les femmes doivent intégrer les espaces de décision et mettre leur savoir et savoir-faire au service de la population » [9]. Ces organisations du mouvement social nous invitent à « un appui solidaire en matière de santé, d’éducation, de restauration de l’environnement, des droits humains et autres en tenant compte des besoins fondamentaux et propositions du peuple haïtien » [10].

Comment concrétiser la solidarité ?

A l’écoute des sociétés civiles

Pour donner les fruits espérés, la coopération avec Haïti devra d’abord s’établir sur les besoins et attentes exprimés par les organisations du mouvement social haïtien. Elle s’appuiera sur des principes conformes à ceux énoncés par les organisations de coopération et de solidarité internationale, notamment l’AQOCI [11] et le CCCI [12], concernant la politique internationale du Canada et du Québec. Pour les organisations membres de l’AQOCI, il s’agit de la primauté à l’éradication de la pauvreté et au développement humain solidaire et durable, de l’engagement pour la consolidation de la paix dans la perspective de la sécurité humaine globale, du progrès de la démocratie participative et inclusive, de la justice sociale et économique pour tous et toutes et des droits humains individuels et collectifs dans leur intégralité, de la promotion de la compréhension mutuelle et la coopération avec les institutions internationales réellement représentatives, enfin un dialogue ouvert avec les pays amis d’Haïti.

Cette coopération fera appel à un dialogue intensifié et mieux articulé entre les institutions étatiques et les organisations de la société civile - tant en Haïti qu’au Québec et au Canada. Au cours des prochains mois, des priorités seront à revisiter pour les enrichir et les consolider dans la concertation menée en Haïti et au Canada. Des engagements bilatéraux à long terme devront périodiquement être rendus publics et faire l’objet d’une transparence plus grande devant les parlements et l’opinion publique de nos pays respectifs (un partenariat plus visible, des actions mieux expliquées, des budgets plus complets). La coopération gouvernementale veillera d’avantage à valoriser les compétences et les savoirs locaux, encourageant les partenaires haïtiens à compter d’abord sur leurs propres forces. Enfin, elle disposera de procédures simplifiées et plus rapides, conviendra des indicateurs de progression et garantira la flexibilité nécessaire aux corrections en cours de route. Les stratégies de mobilisation des capacités des acteurs institutionnels québécois et canadiens feront d’avantage appel à la coopération qu’à la compétition.

àŠtre attentifs aux propositions du nouveau gouvernement haïtien

Un nouveau gouvernement légitime, responsable devant un parlement régulièrement élu, aura bientôt la responsabilité et l’autorité pour arrêter les grandes priorités nationales, les traduire en politiques et les inscrire dans un budget. Par ailleurs, le dialogue national nécessaire à la construction de nouveaux consensus donnera lieu à une parole citoyenne sur les grands enjeux de la réforme des institutions et du développement national. Le dialogue Bailleurs - Gouvernement ne pourra plus s’effectuer indépendamment de la société civile et des forum citoyens qui se tiendront. Il en découle que le CCI sera réexaminé et remodelé pour qu’il puisse rallier le nouveau parlement et le mouvement social haïtien, devenant ainsi un cadre largement accepté et mobilisant pour la coopération internationale durant les deux prochaines années.

Des attentes face au Gouvernement canadien

Plusieurs croient que le Canada devrait exercer son influence sur la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) dans une perspective moins militaire que civile pour qu’elle puisse remplir effectivement son mandat tout en respectant la souveraineté d’Haïti : prédominance des policiers civils (CIVPOL) en appui à la Police Nationale Haïtienne (PNH), désarmement effectif, appui à la réforme du système de justice, plus grande utilité de la Mission en matière de droits humains (surveillance et appui aux organisations haïtiennes) et peut-être remplacement des casques bleus par... la coopération technique de « casques blancs » capables de dialogue avec la population.

On souhaite également que le Canada exerce son leadership en faveur de l’annulation de la dette externe d’Haïti, sans les conditions habituelles des IFI. Il devra en outre appuyer le Gouvernement haïtien pour qu’il puisse définir des politiques macroéconomiques autocentrées où « l’Etat social » pourra enfin être efficacement garant des droits économiques, sociaux et culturels, menacés d’anéantissement par une « ouverture excessive » à la concurrence étrangère. Le Gouvernement canadien devra préserver notre indépendance vis à vis les grandes puissances (USA, France, Brésil...) et résister à l’obsession de « notre » sécurité nord-américaine et à la hantise du terrorisme afin de bien garder l’APD centrée sur les droits et besoins humains de base des Haïtiens. Le Canada et le Québec devront également s’entendre et se coordonner pour exercer un leadership sur certains « chantiers » majeurs.

Vers quels champs d’action ?

Appuyer les institutions publiques

Depuis le retour malheureusement éphémère à « l’ordre constitutionnel » en 1994, la coopération canadienne s’est progressivement vue obligée de restreindre ses contributions aux services gouvernementaux, surtout à partir de l’an 2000, pour des raisons qui furent maintes fois dénoncées par la communauté internationale, les ONG et les médias. La concentration de l’aide publique au développement sur l’action des ONG haïtiennes et canadiennes ou sur des programmes bilatéraux exécutés par les ONG était devenu une nécessité. Toutefois, une multitude de petits projets à la base, aussi participatifs soient-ils, ne pouront à eux seuls donner un sens et un élan durable au développement. L’espérance d’un contexte « différent » suite à l’arrivée prochaine d’un nouveau gouvernement responsable remet à l’ordre du jour le besoin urgent de réformes et de renforcements des institutions étatiques et des structures gouvernementales. Il apparaît clairement que des politiques nationales, des lois, des règlements, des programmes, des structures ministérielles de planification et de suivi-évaluation seront indispensables pour que la décentralisation et les multiples initiatives de la société civile portent fruit.

Les nombreux décrets proclamés durant la période de transition seront éventuellement discutés publiquement et revus par un parlement qui décidera ou non de les amender et de les reprendre le cas échéant sous forme de lois. Les capacités législatives, réglementaires et programmatiques de l’Etat nécessiteront sans doute d’être renforcées dans le respect de l’indépendance du législateur et du gouvernement. Sur le terrain, à la capitale et en province, les appuis institutionnels ne donneront des fruits que si ces mesures sont complétées par des structures décentralisées de services à la population, des instances de coordination des d’appuis et de suivi-réajustement. Les acteurs publics et non-gouvernementaux de la coopération québécoise et canadienne ont acquis une expérience de renforcement des capacités institutionnelles qui pourrait être à nouveau investie avec un gouvernement ayant retrouvé sa pleine légitimité.

Renforcer le système de justice et la police

Un premier champ d’action pour la coopération, c’est la réforme de la justice et la formation des magistrats, indispensables à la lutte contre l’impunité. On pourra ici tirer partie de plusieurs de travaux et trains de réforme préparés au cours des quinze dernières années, dont ceux effectués fin des années ’90 par la Commission nationale pour la réforme de la justice et par la MICIVIH, puis, récemment, par l’unité Justice de la MINUSTAH. Le Forum citoyen pour la réforme de la justice pénale [13] a montré, par les sept forums nationaux réalisés entre 2002 et 2006, que les organisations de la société civile haïtienne ont courageusement su maintenir leur engagement et produire des propositions alors que les institutions voguaient à la dérive et que régnait la violence. Une Commission citoyenne pour l’application de la justice est également à l’œuvre dans la lutte contre l’impunité concernant les actes de violence organisée et des détournement de fonds publics [14].

Des compétences québécoises et canadiennes (services de police, universités, CEGEPS, OCI) pourront à nouveau être mises à contribution, notamment pour la formation initiale des magistrats et des policiers et pour faciliter des réformes tout au long de la chaîne pénale. Des mesures de lutte contre la corruption au sein de la magistrature conditionneront les résultats des appuis externes. Egalement, la professionnalisation de la Police nationale d’Haïti ne pourra être menée à bien à moins qu’elle ne soit assainie des éléments criminalisés qui la gangrènent. La participation de policiers québécois et canadiens aux missions de Police civile a démontré leur volonté et leur capacité d’agir en ce sens (police communautaire, prévention, enquêtes criminelles, police jeunesse, etc.).

Soutenir le travail des OCI sur les droits humains

Les organisations québécoises de coopération et de solidarités internationale (OCI) ont depuis plus de quinze ans développé des liens étroits avec les organisations haïtiennes des droits humains et contribué à renforcer leurs capacités d’action. La table de « Concertation pour Haïti » regroupe depuis 1994 plus d’une quinzaine d’organisations actives dans ce domaine. L’ACDI devra maintenir ses contributions financières aux indispensables réseaux et organisations non-gouvernementales haïtiennes voués aux droits humains, incluant les droits des femmes et des enfants et leurs réseaux respectifs [15] ainsi qu’aux projets de partenariat des OCI. Avec son maigre budget [16], l’Office de Protection du Citoyen devra être renforcé grà¤ce aux fonds de l’ACDI, en faisant de nouveau appel à la coopération des organisations et institutions québécoises (universités, Cegep, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, OCI)

Décentralisation, développement local, aménagement du territoire et gestion de l’environnement vont de paire

Négligées par le CCI, les populations rurales sont plongées dans une pauvreté extrême qui exige des actions urgentes, structurantes et de longue haleine. On convient que cela ne peut être résolu uniquement par de petits projets locaux mais nécessite des mesures macroéconomiques hardies et d’importants programmes de portée nationale de soutien l’agriculture accompagnés des services publics de base aux communautés paysannes. Il va de sens commun que la planification territoriale à l’échelle du pays devra fournir un cadre de référence aux diverses initiatives décentralisées qui cherchent à restructurer le territoire, ses ressources et la configuration géographique des services de base. Il y a cependant des « bonnes pratiques » qui font consensus : la coopération au raz-du-sol avec des organisations paysannes, des entreprises d’économie sociale et des administrations municipales dans des réalisations concrètes a démontré qu’on peut vaincre la méfiance traditionnelle envers l’Etat tout en le forçant à sortir de son propre isolement. L’ambiguïté entre les responsabilités du gouvernement central et celles des collectivités locales (municipales) ne peut servir d’alibi, elle recule dans l’action concrète qui force les clarifications. Les actions concertées menées en matière de protection de l’environnement ont montré qu’elles font assez facilement l’objet d’un large consensus, favorisant ainsi le dialogue national à la base, la prévention des conflits ou leur résolution non violente. De la concertation, on passe progressivement à la coordination au niveau des instances décentralisées que sont le CASEC et la Commune, ce qui facilite une approche de mieux en mieux intégrée multi secteurs où des acteurs d’intérêts pluriels apprennent à coopérer.

En matière de développement local, les organisations haïtiennes ont produit des résultats tangibles, avec l’appui financier et quelques fois l’appui professionnel d’OCI québécoises dont certaines reçoivent à cet effet un financement ACDI. Partout on a observé que les dynamiques de développement local suscitent la participation au niveau des collectivités et renforce les capacités pour la planification et la réalisations d’activités cohérentes et durables dans le champ de la « gouvernance démocratique », des services socio-éducatifs, de la production et de la protection de l’environnement et d’une commercialisation plus équitable. Si ces projets atteignent des résultats probants dans les services de base, l’éducation, l’économie paysanne, l’environnement... c’est qu’ils articulent en vue d’un bien commun tangible, au niveau des collectivités locales, la coopération entre la société civile et les pouvoirs publics. Ces projets font appel à la créativité, à la responsabilité citoyenne, au dialogue social entre les diverses tendances et on croit qu’ils font école de démocratie et de bonne gouvernance, d’économie sociale et d’écologie appliquée. La durabilité des « compétences citoyennes » acquises reste cependant encore à démontrer. Les 20 millions de dollars canadiens que l’ACDI vient d’accorder pour le développement local (gestion déléguée à une OCI canadienne) seront précieux dans la poursuite et l’extension de ces démarches.

Environnement et développement alternatif

Notre coopération en matière de protection, réhabilitation et gestion de l’environnement s’est essentiellement concrétisée par l’action des OCI. On reconnaît qu’il s’agit d’une approche encore fragmentée dont les résultats sont toutefois prometteurs. Les interventions les plus ambitieuses se sont déroulées en tant que volets environnementaux de projets intégrés de développement local. Par contre, nombreux et diversifiés ont été les projets de partenariat entre OCI et organisations haïtiennes pour supporter des initiatives environnementales de groupes de femmes et de jeunes, des activités éducatives et des productions de matériel d’éducation relative à l’environnement (ERE) en milieu scolaire et organisations de base), des formations en agro-foresterie et gestion de l’environnement, des travaux sur des technologies alternatives dont les énergies renouvelables et la constitution d’une documentation spécialisée sur l’environnement. En mars 2004, des ONG haïtiennes se réunissaient en colloque à l’appel de l’IRATAM [17] pour traiter des « défis de la situation environnementale en Haïti », partager les expériences, identifier des actions urgentes, évaluer les stratégies d’intervention, dégager des principes d’action et organiser la mise en réseau. A Montréal, la Table de concertation pour l’environnement et le développement d’Haïti du ROCAHD et ses membres coopèrent avec leurs partenaires haïtiens depuis plus de dix ans. Ils envisagent réaliser à l’automne 2006 un colloque pour donner un nouvel élan à la coopération québécoise et canadienne dans le domaine de l’environnement et des alternatives de développement viables et donner suite au colloque de Port-au-Prince tenu l’an dernier.

A notre avis, le Canada pourrait jouer le rôle moteur en créant un « Fonds dédié à l’environnement » en matière de protection, réhabilitation et gestion. Un fonds qui appuierait des initiatives d’éducation relative à l’environnement (ERE) et des projets communautaires en faveur de la protection, la réhabilitation et la gestion des milieux de vie ruraux et urbains. Ce fonds pourrait également financer les études de projet et les expérimentations d’initiatives structurantes en matière d’alternatives technologiques dans les domaines cruciaux comme les énergies alternatives, la réutilisation et le recyclage ainsi que dans la protection / réhabilitation des terres, de l’eau et du couvert végétal. Ces études et expérimentations permettraient de réaliser les importants montages financiers nécessaires pour lancer à grande échelle des programmes publics et des entreprises d’économie sociale viables et créatrices d’emplois. Ici encore, des organisations de la diaspora pourront apporter leur contribution et les compétences de leurs membres.

La santé primaire dans les bidonvilles

Des actions décisives dans le domaine de la santé pourraient être menées en concentrant une partie de nos efforts vers les zones les plus dépourvues en services publics de base. Nous pourrions ainsi prendre l’initiative de lancer la création ou la rénovation d’une dizaine de centres de santé primaire dans les bidonvilles de la capitale. Menée parallèlement à la lutte contre les bandes armées au fur et à mesure que la sécurité le permet, une intervention de ce genre pourrait fortement contribuer à donner confiance dans les bienfaits de l’état de droit.

Assurant les services curatifs et préventifs de première ligne, ces centres de santé et de développement social pourraient possiblement être aussi les pôles de développement local. Ils hébergeraient les équipes chargées de structurer, animer et soutenir des programmes d’éducation sanitaire et nutritionnelle et des chantiers d’assainissement, d’urbanisme communautaire, d’autoconstruction et de rénovation d’habitations salubres, c’est à dire des travaux à haute intensité de main d’œuvre. La coopération québécoise et canadienne trouverait ici des alliés chez les syndicats des professions de la santé, déjà actifs en Haïti, chez des organisations de médecins et autres professionnels voués à la solidarité, chez certains CLSC, CEGEPS et OCI. De telles opérations, que l’ACDI pourrait financer, se concevraient et se réaliseraient en coordination avec le Ministère de la santé d’Haïti et avec les organisations haïtiennes actives dans ce domaine. Un consortium ouvert pourraient également chercher à associer quelques partenaires des pays latino-américains déjà actifs dans le pays. De telles initiatives contribueraient, croyons-nous, à changer la donne en répondant à des besoins cruciaux, en favorisant le dialogue constructif et la diminution des tensions.

Refonder l’éducation pour tous
De l’avis de tous, l’analphabétisme et la sous-scolarisation sont des freins majeurs au développement démocratique d’Haïti. Exigence constitutionnelle, la scolarisation de base pour tous est une responsabilité de l’Etat. Un vaste mouvement de scolarisation, si vivement appelé par la population haïtienne et capable d’inverser la situation s’inscrira dans la perspective d’une éducation à la citoyenneté, aux droits et à la participation responsable, des enfants, des jeunes et des adultes. Cela voudra dire une révision en profondeur du curriculum de l’éducation de base [18] intégrant les acquis de l’EPT dans le monde [19] et les travaux précurseurs menés en Haïti même. Un important effort de formation initiale d’au moins 10 000 enseignants sera nécessaire pour créer les écoles publiques et communautaires nécessaires [20] et remplacer les mises à la retraite. L’élévation de la qualité de l’enseignement demande la mise en œuvre d’un plan d’action décentralisé et des équipes mobiles pour la formation continue des maîtres en exercice dans les écoles publiques et communautaires (mise à niveau des savoirs, compétences, méthodes actives, pédagogie de type convergente, direction d’école, inspection...) incluant des moyens de formation à distance. Un programme de réhabilitation et de construction d’écoles exige une dotation annuelle de ressources mais pourra procurer des emplois et faire appel aux travaux communautaires du type HIMO [21]. Enfin, des unités de production de matériel éducatif devront disposer des compétences, de l’équipement et des budgets de l’Etat pour la création et la reproduction. Un important travail de planification a toutefois été effectué à ce jour [22].

Les québécois et les canadiens sont bien placés et le momentum semble bon pour jouer un rôle de chef de file en éducation au sein de la communauté internationale, notamment de la francophonie. Il s’agirait d’abord de se positionner comme leader des appuis humains, techniques et financiers, gouvernementaux et non gouvernementaux. Complétant les efforts des haïtiens, de tels appuis apparaissent indispensables à la préparation et la réalisation une vaste opération nationale qu’Haïti pourrait enfin lancer en faveur de l’éducation de base pour tous, complétée par la formation aux métiers et aux technique professionnelles. Cela nécessite un plan de coopération de longue durée, de dix à quinze ans. Pour y jouer un rôle réellement moteur, nous devrions construire un partenariat multiple entre le ministère de l’Education du Québec, les syndicats d’enseignants, les retraités de l’enseignement, les OCI, les organisations de la diaspora, les universités, Cégep et Commissions scolaires. Nous pourrions ainsi réunir et coordonner les compétences et les ressources nécessaires à la préparation et la mise en œuvre de programmes intégrés d’appui visant à juguler la sous-scolarisations, surtout chez les ruraux.

Ce plaidoyer devrait s’exercer d’abord auprès de l’ACDI, qui devrait financer et aider par tous ses moyens, et auprès du Ministère de l’Education du Québec, qui pourrait mettre à contribution des compétences professionnelles et auprès des associations et institutions riches de ressources humaines et motivées par ce défi. L’engagement québécois et canadien acquis, nous pourrions alors exercer un véritable leadership international en poursuivant ce plaidoyer auprès des syndicats, des OCI et autres organisations de la société civile [23] des pays amis d’Haïti qui sont sensibles à l’importance d’une refondation de l’école pour tous dans ce pays, en vue de mobiliser des ressources humaines, matérielles, financières... Le terrain serait alors prêt pour plaider sur les tribunes internationales de l’UNESCO, la Francophonie, les IFI...et auprès des coopérations d’autres pays donateurs, pas seulement francophones, pour qu’enfin Haïti dispose sans s’endetter des moyens d’une politique éducationnelle audacieuse .
Conclusion

Quel rôle pour les OCI ?

Les priorités de la reconstruction et du développement national qui feront l’objet de larges consensus dans la société haïtienne interpelleront au cours de l’année 2006 l’action des ONG au nord et au sud. Les ONG et les associations haïtiennes de développement, d’économie sociale, de femmes, de droits humains et d’environnement - composantes majeures de la société civile - devront pouvoir se prononcer dans l’établissement des priorités nationales.

Les ONG haïtiennes, québécoise et canadiennes maintiendront certes leur volonté d’autonomie et de concertation dans l’établissement de leurs priorités, le choix de leurs partenaires et des domaines dans lesquels ils choisissent de se solidariser tout en reconnaissant le rôle prééminent d’un nouveau Gouvernement responsable et les orientations qu’il énoncera pour le développement national d’Haïti. Une part significative de l’APD canadienne devra être maintenue pour les projets de partenariat reposant sur des propositions non-sollicitées venant des ONG d’Haïti et du Québec & Canada. Les unes et les autres disposent d’une riche expertise dans des domaines variés que l’Etat haïtien et la coopération bilatérale canadienne et québécoise auront profit à mettre à contribution. La concertation entre les ONG-OCI demeure nécessaire, pour réfléchir sur les priorités et les stratégies, partager les analyses et expériences d’action, contrer les images misérabilistes et nourrir une éducation du public cohérente et positive, mobiliser des personnes et des groupes pour la solidarité et assurer une plaidoirie auprès des instances publiques [24].

La concertation entre les ONG et l’Etat, tant en Haïti qu’au Québec et au Canada est également nécessaire pour bien établir les grandes priorités et les stratégies générales les plus pertinentes, pour trouver une position d’équilibre dans l’aide publique au développement d’Haïti entre les programmes gouvernementaux de portée nationale et les multiples initiatives autonomes des organisations de la société civile, enfin pour favoriser le dialogue et la coopération Etat-société civile dans le respect de l’autonomie des parties.


[1Chercheur indépendant, membre de l’organisme canadien Concertation pour Haïti

[2Sur 1.085 milliard de dollars US qui avaient été promis, 700 millions ont été, à ce jour, décaissés et affectés à différents projets, selon les bailleurs de fonds. Une conférence des bailleurs de fonds est prévue cet été à Port-au-Prince. Radio Keskeya.

[3oci : organismes de coopération internationale, appellation donnée au Québec aux ong de coopération et d’éducation à la solidarité internationale.

[4Note d’information du CCCI. Le groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction (GTSR) et le Fonds pour la paix et la sécurité dans le monde (FPSM). Ottawa novembre 2005

[5Quelques remarques sur le cadre de programmation pour Haïti proposé par l’ACDI , doc. pdf du 3 février 2004

[6La responsabilité de protéger : Rapport de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des Etats (CISSE) Nations Unies, Décembre 2001

[7KORE N , 20 mars 2006

[8MODEP, TET KOLE et SAJ cités par AlterPresse, mars 2006

[9Fanm Yo La

[10PAPDA (Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif)

[11AQOCI « Mémoire de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale présenté dans le cadre de l’examen de la politique étrangère du Canada. Montréal octobre 2004. et Mémoire de l’AQOCI présenté dans le cadre de la révision de la politique d’affaires internationales du Québec, Montréal juillet 2005.

[12Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) Renforcement des partenariats avec la société civile. Doc No 1 :Questions liées au programme canadien de coopération internationale.. Doc. No 2 : La marginalisation des OSC dans le programme de coopération internationale du Canada.

[13Le Forum citoyen pour la réforme de la justice est un espace de diagnostic, d’analyse et de propositions pour des actions citoyennes communes pour la réforme de la justice. Il est coordonné par 3 organisations haïtiennes la Commission nationale Justice et Paix, le Centre œcuménique des droits humains et Haïti solidarité internationale.

[14La CCAJ est formé des personnalités éminentes, assistées de juristes et autres spécialistes. Leur mandat est d’inventorier les cas de violations des droits, en particulier les assassinats, mauvais traitements et incendies de locaux et maisons, aider les victimes à produire leurs témoignages, selon les règles déterminées par la loi et documenter les cas de détournements des fonds publics et d’enrichissement indu.

[15Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH), Coordination nationale de plaidoyer des droits des femmes haïtiennes (CONAP) et Coalition Haïtienne pour la Défense des Droits de l’Enfant (COHADE).

[1610 millions de gourdes cette année.

[17Avec l’appui d’une OCI et d’une université québécoise.

[18L’enseignement fondamental comporte neuf (9) années et est réparti en trois (3) cycles

[19Travaux de l’UNESCO (Jomtien 1990 et Dakar 2000) et de la Conférence des ministres de l’éducation des pays ayant le français en partage (CONFEMEN).

[20Au cours des dix ans du plan 2000-2010, le ministère de l’Education se proposait de créer 238.000 nouvelles places assises au niveau du fondamental, d’augmenter de 30 % le taux net de scolarisation des enfants de 6-11 ans en le faisant passer de son niveau actuel 65 % à 95 % et ce, tout en relevant la qualité de l’éducation.

[21Travaux à haute intensité de main d’œuvre.

[22MENJS Evaluation de l’éducation pour tous (EPT 2000). Nombreux travaux du MENJS, de la Banque Mondiale, du Groupe Education et culture du CCI

[23Par exemple, la Coordination Europe-Haïti

[24Rôles joués notamment par Concertation pour Haïti et le ROCAHD