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Haiti - Rép. Dominicaine : 56 clandestins haitiens abandonnés par des trafiquants à la frontière sud-est

P-au-P, 10 avril 06 [AlterPresse] --- Cinquante-six
ressortissants haïtiens, dont 6 mineurs originaires
de Jacmel, ont été abandonnés par des trafiquants entre le 29 mars et 5 avril
2006 à Polo
dans les montagnes de Bahoruco (Sud-est de la
République Dominicaine), annonce à AlterPresse le Groupe d’appui aux
réfugiés et rapatriés (GARR).

Ces immigrants tentaient de se rendre irrégulièrement
en territoire dominicain lors d’un voyage organisé par
un groupe de 3 passeurs qui ont collecté 2000 gourdes
par personne.

Ces compatriotes, tous des hommes, ont été rapatriés
le 6 avril 2006 à la frontière de Malpasse avec l’aide
du Consulat d’Haïti à Barahona après avoir passé 8
jours dans les montagnes de Bahoruco dans des
conditions infra-humaines.

Selon les informations recueillies par le GARR, le
Consulat avait rencontré des difficultés pour
organiser ce rapatriement. Des militaires dominicains
cantonnés au poste de Polo réclamaient une
autorisation avant de laisser partir les Haïtiens.

Le 29 mars 2006, un groupe de 400 haïtiens, qui eux
aussi se trouvaient à Polo suite à un trafic, avaient
été rapatriés à la frontière
d’Anse-à -Pitres/Pedernales.

Trois jours auparavant, les comités
de Droits Humains de Fonds-Verrettes et de
Fonds-Parisien, membre du Réseau Binational Jeannot
Succès, avaient signalé le passage, dans leur zone,
de plus de 10 camions remplis d’haïtiens-nes en
direction de la République Dominicaine.

La période de recrutement pour la zafra en territoire
voisin s’étend de novembre à avril chaque année,
signale le GARR.

Parallèlement, un rapport publié par le Service
Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SJRM) fait mention
de l’arrestation d’un passeur par la Police
Haïtienne à Ouanaminthe le 9 mars 2006. Celui-ci
était en train d’organiser un voyage clandestin vers
la République Dominicaine.

Plus de 42 personnes, dont une femme enceinte et des
enfants en bas âge qui se trouvait dans le camion,
avaient informé au Commissaire de police de
Ouanaminthe avoir versé de l’argent au passeur qui les
accompagnait. Gardé au centre de détention de
Ouanaminthe, le trafiquant a été obligé de rendre aux
voyageurs l’argent qu’il avait collecté.

Ce trafic illicite à la frontière
haïtiano-dominicaine, très profitable au réseau de
trafiquants, est source de beaucoup de violations de
droits Humains. Dans la nuit du 10 janvier 2006, 24
haïtiens étaient morts asphyxiés dans un fourgon qui
les transportait clandestinement vers Santiago.

Selon un article publié dans le bulletin du Réseau
Jacques Viau le 17 janvier 2006, de 1989 à date, 80
citoyens haïtiens ont trouvé la mort et 98 autres
avaient été blessés dans six cas tragiques de trafic
illicite de personnes vers la République Dominicaine.

Selon le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés,
les Haïtiens sont les principales victimes de ce
commerce inhumain. Jusqu’à présent, ajoute l’organisation, aucune loi
haïtienne ne punit le trafic de personnes.

Le 6 octobre 2005, rappelle le GARR, le Ministre
haïtien des Affaires Etrangères, l’ex-général Hérard
Abraham, avait, dans un discours prononcé au Caribe
Convention Center, annoncé une série de mesures, dont la préparation pour ratification par le
prochain Parlement, d’une loi sanctionnant le Trafic
et la Traite de Personnes.

Depuis lors, soutient l’organisme, aucune information
n’est fournie à la population haïtienne sur
l’avancement de ce dossier.

L’organisme de défense des droits des migrants demande
aux autorités haïtiennes et dominicaines de prendre
des mesures effectives pour freiner le trafic de
personnes à la frontière haïtiano-dominicaine et de
faciliter des voyages réguliers sur l’île. [do gp apr
10/04/2006 16 :20]