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Haïti : Un collectif d’organisations sociales en faveur de l’intégration à Petrocaribe

P-au-P., 7 avr. 06 [AlterPresse] --- Le collectif d’organisations sociales qui luttent contre la cherté de la vie se déclare favorable à l’intégration de la République d’Haïti au programme Petrocaribe, mis en place par le Venezuela, afin de permettre aux Etats bénéficiaires d’acquérir les produits pétroliers à un tarif préférentiel.

« Les nations qui adhèrent au programme ont non seulement 2 ans de grâce avant de commencer à régler la facture pétrolière, mais aussi, elles peuvent s’en acquitter soit avec de l’argent cash, soit avec des produits agricoles », affirme Roland Bélizaire, professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).

Au cours d’un débat sur les perspectives pour le pays avec Petrocaribe, tenu le 7 avril 2006 à l’Ecole Normale Supérieure de l’UEH et auquel a assisté un journaliste de l’agence en ligne AlterPresse, les membres du collectif ont évoqué la solidarité du Venezuela du président Hugo Chavez avec les Etats bénéficiaires, par l’accord Petrocaribe.

« Cuba, membre du programme, se procure de l’or noir à 27 dollars américains le baril, alors qu’au niveau international, les mécanismes mis en place ne permettent pas l’achat ou la vente à un montant inférieur à US $ 50.00.

Acquérir le pétrole à un prix inférieur que celui du marché international, trouver l’essence à crédit et dont le délai de paiement s’échelonne sur 23 ans, se passer des frais de transport excessivement élevés, tels sont quelques avantages que pourrait tirer Haïti au cas où ses autorités décident de l’incorporer au programme Petrocaribe, présume le professeur Roland Bélizaire.

Dénonçant l’impact de la hausse du carburant sur les produits de première nécessité, le collectif d’organisations sociales contre la cherté de la vie soutient que les couches défavorisées ont intérêt à lutter pour l’intégration du pays dans ce projet. Il invite la population défavorisée à faire de Petrocaribe l’une de ses revendications, dans la perspective d’un mieux-être dans l’avenir.

La petite marmite de riz est passée de 8.40 Gourdes en 2001 à 19.85 durant la période janvier-juin 2005 ; les haricots (communément appelés pois sec) de 10.55 Gourdes la livre à 26.25 ; le maïs moulu de 3.50 à 8.75 ; la viande de bœuf de 21.60 à 42.60 la livre ; la viande de porc de 23.00 à 44.85 ; la viande de cabri de 28.40 à 57.25 ; le poulet de 29.00 à 69.00 gourdes la livre ; le sac de charbon de bois, de 137.45 Gourdes à 237.70 Gourdes ; le savon de lessive de 3.95 à 7.30 la barre ; les œufs (lot de 3) de 6.90 à 15.50 ; le pain de 6.95 à 14.20 la livre, durant la même période considérée à partir des données obtenues de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) [US $ 1.00 = environ 45.00 gourdes en avril 2006].

Ces fluctuations sur le marché national sont la résultante de la hausse vertigineuse des prix de l’essence, avance le professeur Yves Barthelemy du Collectif contre la vie chère.

Entre 2000 et 2005, les prix des produits pétroliers ont quintuplé : la Gazoline 95 ayant passé de 37.00 à 184.00 Gourdes, la Gazoline 91 de 33.50 à 179.00 gourdes, le gasoil de 22.50 à 109.00 gourdes et le kérosène, communément appelé gaz blanc, de 18.00 à 110.00 gourdes durant l’intervalle considéré.

Pour le collectif d’organisations sociales contre la cherté de la vie, le gouvernement de transition a choisi de traiter avec la communauté internationale au détriment des petites bourses dans le pays lorsqu’il refuse de subventionner les produits pétroliers.

Se prononçant sur la déclaration du Premier Ministre Gérard Latortue au cours du débat sur le projet Petrocaribe, Roland Bélizaire déplore que « l’intérêt du Fonds Monétaire International (FMI) est arrivé au premier rang, aux yeux du chef du gouvernement, au détriment de l’intérêt national ».

« Quand on fait de la bonne gouvernance économique, on ne peut pas entrer dans la logique de la subvention. Le programme de bonne gouvernance avec le FMI interdit les subventions », a déclaré Latortue, le mardi 4 avril 2006, au cours du lancement des travaux de réhabilitation de la route Port-au-Prince/Mirebalais, au nord-est de la capitale.

S’interrogeant sur la « bonne Gouvernance » dont parlait le Premier Ministre intérimaire, Bélizaire assimile la position du régime de transition à l’égard de FMI à une attitude de vassalité de la part des dirigeants haïtiens.

Le collectif d’organisations sociales contre la cherté de la vie forme le vœu que la rentrée en fonction de la nouvelle administration, qui sera issue des législatives du 21 avril 2006, permette au pays d’intégrer le programme Petrocaribe afin de soulager les couches les plus démunies de la population. [lf rc apr 07/04/2006 16:00]