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Haïti : Dégradation de la situation carcérale

P-au-P, 23 mars 06 [AlterPresse] --- Les centres carcéraux d’Haïti sont en piteux état et les conditions de travail des agents pénitentiaires sont extrêmement difficiles, suivant le constat dressé par la Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH).

Durant la période allant du 28 mars au 28 septembre 2005, la POHDH dit avoir visité six centres pénitentiaires haïtiens : Port de Paix, Cap-Haïtien, Jérémie, d’Anse à Veau, Hinche et Côtes de Fer.

Selon l’organisme de promotion de droits humains, certaines prisons ont leurs toitures usagées et trouées, leurs murs délabrés et ne disposent pas d’assez d’espace pour accueillir les personnes en détention préventive.

D’autres sont logées dans des locaux qui n’ont pas été aménagés à cette fin et ne disposent pas de cour intérieure, à des fins de divertissement, ni d’électricité.

Les moyens logistiques mis à la disposition des fonctionnaires de ces institutions ne sont pas suffisants. Selon la POHDH, la plupart des matériels et archives de ces centres carcéraux ont été détruits ou volés suite à des scènes de pillage et d’évasion.

« La situation sanitaire des prisons et des centres de détention laisse également beaucoup à désirer. Certains d’entre eux ne disposent ni de toilettes, ni de lits, ni de dortoirs, ni d’infirmerie, ni d’eau potable. Si d’aventure, certaines prisons ont des dortoirs, ils sont inhabitables en saison pluvieuse, ce qui pousse les agents à les déserter pendant la nuit », souligne le rapport de la POHDH, dont une copie a été transmise à AlterPresse.

Selon la POHDH, les agents et les prisonniers n’ont aucun accès à l’eau potable. Les cellules et les toilettes des prisons sont sales. La sécurité des prisonniers n’est pas non plus garantie. Elle est souvent confiée à des civils armés n’ayant aucune connaissance en la matière.

Dans ces prisons, la POHDH estime que les droits les plus élémentaires de certains prisonniers et personnes en détention préventive sont foulés aux pieds au mépris des instruments légaux nationaux et internationaux régissant la matière.

L’organisme constate un surpeuplement exagéré des centres de détention. « La règle est l’entassement à 40 dans des cellules prévues pour 20 personnes. Par ailleurs, dans certaines prisons, des détenus préventifs sont mêlés aux condamnés ; des mineurs qui devraient être placés dans des centres prévus à cet effet, sont en contact quotidiennement avec des adultes », dénonce la plate-forme.

A titre d’exemple, la POHDH cite le cas de la prison de Jérémie où la population carcérale était, au moment de l’enquête, de 93 personnes dont 12 condamnés (11 hommes et une femme) et 9 cas de personnes en détention prolongée. La majorité d’entre elles ont été appréhendés depuis 2004.

Pour remédier à cette situation, la Plate-forme recommande aux autorités étatiques de restaurer ces prisons, de rendre fonctionnelle la direction pénitentiaire existant dans certaines prisons et de les doter de plus d’agents, d’infirmerie et de matériels logistiques.

Séparer les prévenus des condamnés et les mineurs des adultes, faire comparaître les prévenus par devant leur juge naturel et mettre à la disposition des agents le matériel nécessaire à l’accomplissement de leurs taches, figurent aussi parmi ces recommandations. [do apr 23/03/2006 12 :20]