P-au-P., 22 mars 05 [AlterPresse] --- Haïti et la République Dominicaine mettent la dernière main à l’organisation d’une manifestation culturelle et commerciale commune.
La deuxième édition de la Foire binationale éco-touristique et de production baptisée « Protégeons nos rivières frontalières » se tiendra du 25 mars au 9 avril 2006 dans la ville frontalière dominicaine de Dajabon.
La première foire écotouristique haïtiano-dominicaine avait eu lieu aux abords du Lac Azuei à Fond Parisien (Ouest d’Haïti) du 20 novembre au 5 décembre 2004.
Selon le ministre haïtien de l’environnement, Yves André Wainright, il s’agit d’un événement très important pour les régions du Nord et du Nord-Est d’Haïti. C’est l’occasion, selon lui, pour les entreprises haïtiennes et les groupements paysans de « se positionner pour se faire connaître de la population dominicaine », pour promouvoir les produits locaux.
Pendant toute la durée de la foire, les commerçants haïtiens basés à Ouanaminthe pourront écouler leurs produits à Dajabon, en territoire dominicain, sans avoir à se préoccuper de droits de douane, selon une entente conclue entre les deux Etats.
Les organisateurs s’attentent à recevoir un demi million de visiteurs des deux pays. Plus d’une centaine de pavillons seront érigés sur un espace de cinquante-cinq mille mètres carrés aménagé en la circonstance.
Cette foire coûte aux autorités haïtiennes et dominicaines un peu plus de six cent mille dollars américains. Mais l’initiative de cette manifestation revient au Centre Pont Haïti, à la Fondation pour le Développement du Tourisme Alternatif (FONDAH) et la Fondation Science et Art basée en République Dominicaine.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec l’ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti, Jose Serulle Ramàa, mardi, le ministre Yves André Wainright a indiqué que les fonds haïtiens serviront à l’assainissement de la ville de Ouanaminthe.
« Les consignes de la foire, ce sont des consignes environnementales et politiques », a déclaré pour sa part le diplomate dominicain. Cette manifestation se veut un espace de dialogue pour l’harmonisation des relations entre les deux peuples, a ajouté Jose Serulle Ramàa. Rappelant qu’il existe entre Ouanaminthe et Dajabon « un commerce presque permanent », l’ambassadeur a souhaité que ces relations commerciales aillent en s’amplifiant.
Lors d’une rencontre avec l’ambassadeur dominicain à Port-au-Prince le 11 mars 2005, des entrepreneurs haïtiens avaient critiqué une politique « protectionniste » de la République Dominicaine vis-à -vis d’Haïti. Selon eux, la Republique Dominicaine exporte pour trois cent cinquante millions de dollars vers Haïti chaque année, alors qu’elle n’importe que pour trois millions de dollars de produits venant d’Haïti.
Selon certaines estimations, Haïti occupe le deuxième rang des partenaires commerciaux de la République Dominicaine derrière les Etats-Unis.
En visite en République Dominicaine le 2 mars dernier, le président élu d’Haïti René Préval a estimé que « les gouvernements haïtien et dominicain doivent faire un effort de compréhension mutuelle et avoir de bonnes relations qui permettent aux deux pays de croître ensemble ».
Les relations entre les deux pays sont souvent empoisonnées par la question migratoire. Amnesty International a, dans une lettre ouverte adressée au président dominicain Leonel Fernandez le 8 mars dernier, appelé celui-ci à prendre des dispositions contre le climat de « xénophobie » et de « haine » qui affecte les migrants haïtiens et les dominicains d’origine haïtienne en territoire dominicain.
La réaction de l’ambassadeur dominicain en Haïti n’a pas tardé. Tout en jugeant exagérés les termes utilisés par Amnesty International, Jose serulle Ramàa, a imputé les attaques récurrentes contre des ressortissants haïtiens en République Dominicaine à des individus rétrogrades. De tels comportements d’individus isolés ne reflètent pas le bon état d’esprit que l’on retrouve entre les deux peuples et les deux gouvernements, a renchéri le diplomate dominicain. [vs apr 22/03/06 19:05]