P-au-P., 20 mars 06 [AlterPresse] --- L’organisme international de défense des droits humains Amnesty International appelle le chef d’Etat dominicain, Leonel Fernandez, à prendre des dispositions contre le climat de « xénophobie » et de « haine » qui affecte les migrants haïtiens et les dominicains d’origine haïtienne en territoire dominicain.
Dans une lettre ouverte adressée à Fernandez le 8 mars dernier et dont copie vient d’être communiquée à AlterPresse, la secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, attire l’attention du président dominicain sur « des attaques et des massacres » perpétrés sur des ressortissants haïtiens dans différents secteurs du pays.
L’organisme international convie les autorités dominicaines à agir conformément aux dispositions de la convention internationale des droits humains qui condamne « toutes les formes de discrimination, et garantit l’égalité des droits devant la loi, indépendamment de la couleur, l’origine nationale ou ethnique ».
Amnesty International souligne dans sa lettre des « expulsions arbitraires » de ressortissants haïtiens ainsi que de leurs descendants, en dehors des normes nationales et internationales. Selon l’organisme, plus de « 8.000 ressortissants haïtiens et des dominicains d’ascendance haïtienne ont été déportés vers Haïti depuis mai 2005 ».
Seulement entre le 13 et le 15 mai 2005, suite aux incidents de Hatillo Palma (Nord-ouest) où un commerçant dominicain a été tué, 2000 personnes, en majorité des Haïtiens et des Haitiano-dominicains ont été expulsés vers Haiti, rappelle Amnesty International.
L’organisme de défense des droits humains met l’accent également sur « l’application discriminatoire » des lois dominicaines en ce qui concerne l’octroi de documents légaux aux enfants nés de parents haitiens en République dominicaine.
Irene Khan rappelle que le 8 septembre 2005, la Cour Inter-Américaine des Droits Humains (CIDH), de l’Organisation des Etats Américains (OEA), s’est prononcée en faveur de Dilcia Jean et Viloleta Bosico, deux filles auxquelles les autorités dominicaines avaient refusé la nationalité dominicaine. La cour avait affirmé que « toute personne a droit à une nationalité ».
Amnesty international souhaite le respect par le gouvernement dominicain des engagements pris en ratifiant la convention américaine sur les droits de l’homme, qui interdit l’expulsion collective de ressortissants étrangers.
L’organisme exprime le vœu de voir les autorités dominicaines adopter une nouvelle approche dans le traitement de la question de la migration haïtienne. [lf gp apr 20/03/06 13:25]