Du 6 au 17 mars s’est tenu à Antigua un atelier de travail régional sur le thème : « Les TICs et l’économie des réseaux - un apprentissage vers une nouvelle économie ». Cet événement, réalisé par l’Université West Indies en collaboration avec le Common Wealth Secretariat et le gouvernement d’Antigua, a réuni 13 pays de la région : Anguille, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, Guyane (Ang), Haïti, Jamaïque, Montserrat, Trinidad, Suriname, Ste Lucie et St Kits.
Antigua
Les sessions de travail ont été plutôt une démonstration et de partage d’expériences entre les pays participants. Prenons par exemple le pays hôte, Antigua. Il a dévoilé sa nouvelle législation sur les télécommunications, qui vise, selon les dires du ministre de l’information, le développement du secteur, en favorisant la création d’entreprises et l’accès des masses. C’est pourquoi cette année le gouvernement a éliminé les taxes sur tous les équipements informatiques et prévoit de les supprimer aussi sur les frais de connexion à Internet dans le pays.
Mais il est important de noter que Antigua, comme tous les autres pays présents (sauf Haïti), a un plan national TIC effectif qui est cohérent avec l’agenda national du gouvernement. Il faut aussi préciser que les pays qui ne disposent pas d’un ministère TIC ont une entité gouvernementale spécifique qui s’occupe des questions TICs, travaillant avec les autres ministères et agences publiques, le secteur privé et la société civile pour l’application du plan national. Le plus intéressant est que leur plan national est supporté par un projet national de grande envergure qui est financé en partie par le gouvernement et d’autres partenaires internationaux.
Les autres pays
La Jamaïque, pour sa part s’est fait remarquer avec l’application d’un programme de gestion électronique des douanes qui lui permet de faire un retour sur investissement de US 10 millions de dollars par année. Le Trinidad a fait bonne figure avec ses télécentres communautaires qui permettent au gouvernement d’étendre les services publics aux populations vivant dans des endroits éloignés. St Kits & Nevis vient de lancer ses stratégies de gouvernement électronique, tandisque la Barbade s’apprête à lancer son portail de gouvernement électronique. Le Suriname de son coté est enviable pour son projet Educon qui fournit une formation en ligne à tous les niveaux à travers ses 25 télécentres éparpillés dans le pays. La Dominique est en passe de finaliser le processus de libéralisation des télécommunications.
Haïti
Cet événement démontre clairement qu’Haïti peut être considéré comme le seul pays de la région qui n’envoie jusqu’à présent aucun signal clair pour ce qui est du secteur des Technologies de l’Information. Les télécommunications haïtiennes sont régulées par des lois obsolètes dont les réformes élaborées en 1998 et 2000 tardent à être mise en application faute de Parlement. Aussi, jusqu’à présent on n’a pas encore de plan national TIC, encore moins une entité gouvernementale autonome dédiée aux questions TICs.
Le nouveau gouvernement élu saura t-il saisir les opportunités immenses des technologies de l’information dans le cadre d’une politique générale de réformes dans l’administration publique, dans le système éducatif et dans ses stratégies de création d’emplois ? Le CONATEL [1] saura t-il s’adapter au nouveau paradigme des régulateurs, qui consiste à favoriser l’accès universel et la création d’entreprise dans le secteur TIC ?
Si facilement on peut être dépassé par les avancées technologiques, il est aussi vrai qu’il n’est jamais trop tard pour un pays d’entrer avec succès dans la course et même viser une meilleure position par rapport aux autres pays. Car, les technologies de l’information constituent jusqu’à présent un apprentissage délicat même pour les pays riches. Haïti va t-elle surprendre ses voisins dans les prochaines années ? Une volonté politique soutenue par des actions concrètes nous le révèlera.
Guyverson Vernous, cio, cec
Coordonnateur National du RDDH
[1] NDLR : Conseil National des Télécommunications