P-au-P., 16 mars. 06 [AlterPresse] --- Le premier ministre intérimaire, Gérard Latortue, se prononce contre un retour immédiat de l’ancien président Jean Bertrand Aristide afin de donner une chance à la prochaine administration du président élu René Préval.
La présence d’Aristide en Haïti « va soulever trop de passion ». Il faut laisser « une chance a Préval », préconise Latortue, au cours d’une interview diffusée le 15 mars par Radio Canada.
Latortue, qui était en visite privée ces derniers jours au Canada, indique que d’après la constitution haïtienne Aristide peut revenir en Haiti.
Cependant, selon Latortue, il va falloir que l’ancien président réponde d’enrichissement illicite et de fraudes. Car, « prêtre des paroisses pauvres », lui et ses associes sont « devenus des millionnaires », souligne le chef de gouvernement. « Il va falloir bien qu’il s’explique », soutient-il.
Latortue rappelle que près d’une dizaine de collaborateurs d’Aristide ont été accusés et même condamnés aux USA pour trafic illicite de stupéfiants. Il faut savoir si Aristide lui-même était le vrai parrain, déclare-t-il.
Les propos de Latortue rejoignent en partie la position exprimée par Préval. Lors de sa première conférence de presse à Port-au-Prince, le 22 février, le président élu a soutenu que la constitution haïtienne interdit l’exil. La veille, intervenant sur Radio Canada, il n’a toutefois pas exclu la possibilité de poursuites judiciaires contre Aristide dont il fut le premier ministre en 1991.
Washington considère inopportun tout éventuel retour d’Aristide en Haïti et souligne que « cela ne servirait à rien d’utile ».
Paris affirme que « la question d’un éventuel retour en Haïti de l’ancien président Aristide relève des autorités haïtiennes » et insiste sur la nécessité de « la stabilité politique au moment où le pays s’engage dans une étape nouvelle ».
L’ex président Aristide a réitéré ce 22 février à Pretoria (Afrique du Sud) son désir de revenir en Haïti. “En tant que citoyen haïtien, j’ai le droit de revenir en Haïti†, a affirmé Aristide, soulignant qu’à son retour il ne fera pas de politique.
Aristide a laissé Haïti le 29 février 2004, suite à la chute de son gouvernement. Il a été accueilli en République Centrafricaine, puis en Jamaïque, avant de trouver asile en Afrique du Sud. [gp apr 16/03/2006 09:20]