P-au-P., 9 mars. 06 [AlterPresse] --- Le gouvernement haitien annonce avoir officiellement dénoncé un accord récemment signé avec la Mission de Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) en vue du contrôle de l’institution policière.
"Nous avons expédié une lettre au secrétaire général (de l’ONU) pour dénoncer l’accord", (considéré comme une mise sous tutelle de la police par la MINUSTAH), déclare le 8 mars à la presse le chancelier haitien Hérard Abraham.
Le ministre a dit avoir entrepris une telle démarche sur instructions du chef d’Etat provisoire, Boniface Alexandre, qui est favorable à une renégociation de l’accord.
"Le fait par l’accord de mettre toute la police sous le contrôle de la MINUSTAH, viole la constitution haitienne de 1987", ajoute Abraham.
Le Premier Ministre provisoire Gérard Latortue a signé cet accord le 22 février à New York avec le chef civil de la MINUSTAH, le diplomate chilien Juan Gabriel Valdès.
L’accord concerne le contrôle, la restructuration et la réforme de la police. Il stipule que la MINUSTAH délivrera à chaque policier une carte provisoire valable un an. Un agrément définitif par la MINUSTAH, confirmant l’appartenance de l’agent à l’institution policière, ne sera accordé qu’après deux ans.
La MINUSTAH doit avoir un accès libre et immédiat à tous les lieux où peuvent se trouver des agents de la police et aux documents, y compris judiciaires, les concernant. Les autorités haïtiennes devront coopérer sans réserve et à tous les niveaux avec une Brigade Mixte Spéciale d’Enquête de la MINUSTAH.
Le document, qualifié d’accord technique par le porte-parole de MINUSTAH, David Wimhurst, a soulevé un tollé au niveau de l’opinion publique haitienne.
Le ministre de la justice, Henri Dorléans, s’est désolidarisé de Latortue et, dans une lettre ouverte rendue publique ce 7 mars, demande à la police de ne pas mettre en application l’accord en question en attendant que des consultations internationales soient entreprises.
Dans une interview à la station privée Radio Métropole, Juan Gabriel Valdes n’a pas écarté la possibilité d’une révision des points litigieux de l’accord.
Latortue, qui se disait démissionnaire depuis le 7 février dernier, avait promis de ne prendre aucune décision affectant l’avenir du pays, et de n’expédier que des affaires courantes. [gp apr 09/03/2006 09:00]