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Haïti à l’honneur du Mois de l’Histoire des Noirs à Montréal

Par Nancy Roc

Soumis à AlterPresse le 1er mars 2006

Pour la quinzième année consécutive, la ville de Montréal s’est associée à la Table Ronde de l’histoire des Noirs pour organiser le Mois de l’histoire des Noirs qui a été officiellement lancé à la Mairie de Montréal le 2 février dernier et s’est déroulé pendant tout le mois écoulé.

le Maire Gérald Tremblay, la Minsitre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Mme Lise Thériault et marcel Tremblay, responsable des Communautés culturelles à la Mairie de Montréal

Sous le thème « Une mémoire vivante qui témoigne de notre époque », le Mois de l’Histoire des Noirs a souligné l’accomplissement de personnalités issues de la communauté noire ainsi que leur apport au développement de la métropole québécoise.

Plus d’une centaine d’activités ont été présentées dans différents lieux culturels mettant l’emphase sur les enjeux et défis inhérents à la communauté noire et sur les différents aspects culturels qui contribuent à la richesse de la ville. Cet aspect a été mis en exergue par le maire Gérald Tremblay lors du lancement officiel de cet événement : « Le Mois de l’Histoire des Noirs est une occasion de célébrer le talent, la créativité, le riche bagage culturel et les valeurs de solidarité et d’entraide de nos concitoyennes et concitoyens d’origines africaine, antillaise et caribéenne. C’est aussi un moyen de créer des occasions d’échange et de rapprochement entre les Montréalaises et les Montréalais de toutes origines, de manière à ce qu’ils développent une connaissance réciproque de leur culture », a-t-il déclaré lors de son discours.

Douze lauréats, qui se sont illustrés sur les plans social, culturel et économique, ont été choisis cette année pour leur dynamisme et leur énergie créative. Soulignons la présence de Muna Mingole, jeune artiste en vue et originaire du Congo, de Lutumba Ntetu, directrice du Département des sciences humaines à l’Université du Québec à Chicoutimi, de Lezoka Mwinda, pasteur et fondateur de l’Eglise évangélique « Communauté chrétienne de Béthel » , de Inobe Stanislauss, jeune entrepreneur, promoteur de Coco Café et de Violet Grant Sates, diplômée du Conservatoire de musique du Québec et première femme noire membre d’un orchestre symphonique à jouer au Carnégie Hall.

Les femmes et Haïti à l’honneur !

Cette année, la Table ronde a rendu un vibrant hommage aux femmes ayant façonné et marqué l’histoire de leur empreinte personnelle. La Table ronde a honoré la mémoire de Rosa Parks, la Mère de la lutte des droits civiques, qui par son courage et sa détermination a changé le cours de l’histoire et permis la naissance du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. En refusant, le 1er décembre 1955 à Montgomery (Alabama, Etats-Unis) de céder sa place d’autobus à un passager blanc, comme le prescrivaient les lois racistes de cet état à l’époque, Rosa Parks a marqué le mouvement des droits civiques et changé à tout jamais une nation entière. Cette personnalité mondiale et désormais légendaire, née en 1913, est décédée en octobre 2005 à l’âge de 92 ans.

La Table ronde a également souligné la nomination de Michaà« lle Jean comme Gouverneure Générale du Canada, première femme Noire a accédé à ce poste.

Soulignons que parmi les douze lauréats cette année, quatre sont des Haïtien(ne)s ou sont d’origine haïtienne.

Madame Gina Thésée, diplômée en biologie et en éducation, est titulaire d’un baccalauréat en biologie moléculaire et en toxicologie (UQAM, 1982). Elle travaille pendant près de 10 ans comme chercheur au Montreal Children’s Hospital Research Institute. Parallèlement à cette première carrière, elle obtient un certificat en éducation (UQAM 1992) qui lui ouvre la porte au poste d’enseignement des sciences au niveau secondaire. Tout en poursuivant sa carrière d’enseignante, elle obtient une maîtrise et un doctorat en éducation et, depuis 2004, elle est professeur au département d’éducation et de pédagogie à l’Université du Québec à Montréal. Une de ses causes de prédilection demeure le rapport entre les sciences et la culture et, particulièrement les effets du contexte d’acculturation sur les apprentissages. à€ cet effet, Gina Thésée élabore un programme de recherche dont le but est d’approfondir l’étude du rapport des communautés noires au savoir scientifique. Son parcours remarquable et sa personnalité des plus avenante font d’elle une femme très appréciée tant par ses pairs au niveau professionnel qu’au niveau communautaire où elle s’est investie dans des projets touchant les femmes, l’éducation des adultes dans des programmes d’alphabétisation ou encore la découverte des sciences auprès des plus jeunes. En plus de son engagement dans la recherche, l’enseignement et les sciences, Gina Thésée cultive aussi d’autres champs d’intérêt tels que la littérature, le cinéma, la musique, la danse et le théâtre. Une femme exceptionnelle que les internautes d’AlterPresse auront bientôt l’occasion de découvrir davantage à travers une interview qu’elle nous a
promise. Gina Thésée : un modèle de détermination, de persévérance, d’engagement et de dépassement de soi qui pourra servir d’inspiration à la jeunesse en général et la jeunesse haïtienne en particulier.

Marie Michèle Amédée Volcy, femme de théâtre et de poésie, œuvre depuis plus de 30 ans dans la communauté noire de Montréal. Détentrice d’une maîtrise en linguistique de l’Université de Montréal, c’est surtout dans les arts et la communication qu’elle s’est distinguée. Depuis 20 ans, elle a collaboré à titre de diseuse à de nombreux spectacles et disques de poésie. à€ titre de comédienne, elle a tenu différents rôles au théâtre et s’est impliquée aussi à diverses causes et organismes qui lui tiennent à cœur, entre autres : les Dimanches littéraires, la maison d’Haïti, la Fondation haïtienne des maladies du rein, le Conseil National des citoyens et citoyennes d’origine haïtienne etc...Son choix d’être au service de la communauté et les efforts qu’elle met dans de nombreux projets font d’elle une femme de cœur et d’estime qui ne laisse personne indifférent. Aujourd’hui à la retraite, elle partage son temps entre engagements communautaires et projets artistiques.

Emmanuel Dubourd a une longue expérience en comptabilité. Depuis 1987, il travaille à la fonction publique fédérale. Il a occupé plusieurs postes de gestion à l’Agence du revenu du Canada et a été également Conseiller du Sous-ministre adjoint de la Région du Québec. Passionné d’enseignement, il agit aujourd’hui à titre de chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il y enseigne le contrôle interne et la vérification tout en occupant ses fonctions à l’Agence des douanes et du revenu du Canada. En 2000, après avoir complété sa maîtrise, il a accepté une mission au Mali à titre de consultant expert pour une firme privée. Pendant deux ans, il a élaboré et enseigné des procédures de vérification. Au titre des mentions honorifiques, Emmanuel Dubourg a reçu en 1992, la Médaille du Gouverneur général du Canada pour sa contribution significative au bien-être de ses compatriotes, de sa communauté et du Canada.

Lemarec Destin enseigne le français et l’histoire (Québec-Canada) à la Commission scolaire de Montréal. Très tôt dans sa carrière, il s’inscrit dans le courant émergent d’éducation interculturelle qui favorisait l’instauration de pédagogies différenciées et des méthodes d’apprentissage adaptées aux divers publics scolaires. Il y a développé des ressources afin de contribuer notamment à la solution du problème des taux d’échecs anormalement élevés et des retards scolaires de plus en plus marqués chez les élèves Haïtiens. Son investissement professionnel en vue de faire mieux connaître la communauté haïtienne à travers des articles, revues, mémoires et colloques, est total. En plus de ses engagements professionnels, il s’est aussi investi dans les services communautaires. Il est le co-fondateur à Montréal de l’Union des Saint-Marcois à l’étranger et oeuvre depuis de nombreuses années comme bénévole auprès des jeunes de la Maison des jeunes l’ouverture et du CONACOH (Conseil National des citoyennes et citoyens d’origine haïtienne). En 2001, il a été nominé pour le Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne.

Enfin, signalons que l’affiche officielle du Mois de l’Histoire des Noirs est également tirée de l’œuvre de l’artiste peintre haïtienne Myriam Piquion.

Toutes nos félicitations à nos brillants compatriotes dont Haïti aurait tant besoin !

Nancy Roc, Montréal le 1er mars 2006