Satire
Par Castro Desroches
Texte soumis à AlterPresse le 23 février 2006
Connaissez-vous l’homme le plus populaire de Marin-sur-Plaine ? En réalité, ce n’est pas un homme. C’est une femme. Elle s’appelle Mirlande Manigat. Leslie Manigat a perdu la bataille électorale au premier tour dans son propre foyer. Entre Leslie et Mirlande, il n’y aura pas de deuxième tour : elle a gagné. Elle a vaincu et convaincu. Candidate au Sénat, Mirlande Manigat a remporté dans le Département de l’Ouest plus de votes (313.204) que Leslie sur tout le territoire national (240.306, CEP 20 février 2006.) Les élections ont confirmé ce que tout le monde savait déjà : Mirlande est plus populaire que Leslie. Les mauvaises langues disent que Mirlande n’a même pas voté pour Leslie. Soyons sérieux messsieurs. Le professeur a essayé de se justifier de manière très maladroite : « ...Mirlande a voulu que ce soit moi. » Ah, ah, ah ! Cela revient-il à dire que « le parti » c’est Mirlande ? Dépité par ses faibles performances, Manigat a promis de partir de la scène politique. La veste encore maculée du sang des électeurs de la ruelle Vaillant, il était prêt à tout pour passer de 12 à 50 pour « sang. » Le peuple haïtien espère que Manigat ne reviendra pas sur ses pas. Moi, en vertu des pouvoirs illimités qui m’ont été confiés par mon ordinateur, je proclame (en guise de jubilé) Leslie Manigat, roi du carnaval haïtien pour cinq ans. « Pas un jour de plus, pas un jour de moins. »
Certains se demandent avec inquiétude quel sera l’avenir du RDNP sans Manigat. Manigat va-t-il fermer boutique ? D’autres proposent déjà de transférer « le pouvoir » RDNP à Mirlande Manigat. Coup d’état matrimonial ? Pour les Démocrates Nationaux Progressistes cela poserait un petit problème éthique. Un transfert pacifique du « pouvoir » à Mirlande Manigat serait dénoncé comme un cas flagrant de népotisme. Il faudrait peut-être faire appel à Youri Latortue, allié politique de Manigat (Accord du 12 janvier 2006) qui vient de remporter au premier tour un poste de sénateur dans l’Artibonite [1]. Dieu, protégez-moi de mes amis ! On pourrait faire appel à Samir Mourra, le leader du MPH (Accord politique avec Manigat le 16 décembre 2005.) Le problème avec « Sam » c’est qu’il souffre d’un déficit d’haïtianité. Il est citoyen « amérequin. » Les mauvaises langues ont donné une interprétation particulière au sigle de son parti MPH : Mourra pas haïtien. Quelle affaire, hein ! Soyons sérieux messssieurs !
Avec un score de 12% aux dernières élections, le mythe Manigat a été dégonflé. Cependant, son héritage sera très lourd à assumer. Il n’est pas donné à quiconque d’être Manigat. Manigat ceci, Manigat cela. Seul Manigat est Manigat. Mon Dieu, quelle dicccction ! Quel eggggo ! Lors de la conférence de presse donnée en sa résidence de Marin-sur-Plaine le 16 février dernier, Manigat s’est engagé dans une guerre hégémonique contre sa propre femme. Ah ! Les joies de la petite guerre à deux. La guerre de « toi » aura bien lieu. Il a interdit aux journalistes de poser des questions à sa femme. « C’est moi qui donne la conférence de presse, messssieurs. » Quel affaire, hein !
Entre Leslie et Mirlande, mon choix est clair comme de l’eau Desroches. Il se fonde sur un passage d’un article que je viens de lire à Haiti Press Network : « Mirlande est très respectée dans tous les milieux. » Cela me suffit amplement. Bien sûr, dans le passé j’ai eu à dénoncer la participation de Mirlande Manigat à la mascarade électorale du 17 janvier 1988. Mirlande vient de prouver qu’elle n’a pas besoin de militaires assassins pour obtenir un poste de Sénateur. C’est tout à son honneur. Le peuple haïtien vient aussi de prouver qu’en dépit de ses rancoeurs contre Leslie Manigat, il n’a pas de problème avec Mirlande. C’est tout à son honneur.
Castro Desroches
cdesroches2000@aol.com
[1] NDLR : Selon un dernier avis du CEP, il n’y a pas de sénateur élu au premier tour