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Scruter le scrutin

Haïti - Élections : " Mission accomplie " pour Gérard Latortue

P-au-P, 23 févr. 06 [AlterPresse] --- Le premier ministre intérimaire d’Haïti, Gérard Latortue, a estimé, le 22 février 2006, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, que sa mission est accomplie après le double scrutin présidentiel et législatif du 7 février dernier.

« Après deux années de transition, l’heure du bilan a sonné. La tâche du gouvernement de transition était d’organiser des élections libres, honnêtes, démocratiques et transparentes et surtout inclusives. Cette mission a été remplie avec un succès qui dépasse de loin les espérances », a déclaré Gérard Latortue lors d’une séance du Conseil de sécurité à New-York.

Latortue a indiqué que « ces élections se sont passées de manière satisfaisante malgré les retards enregistrés au début qui étaient attribuables au manque de capacités organisationnelles que connaissaient toutes les institutions haïtiennes ».

« Les tensions qui ont suivi les élections étaient causées, a-t-il expliqué, par une mauvaise compréhension du concept des résultats partiels. à€ Port-au-Prince, René Préval était le plus populaire mais au fur et à mesure que les bulletins de vote exprimés à l’intérieur du pays étaient dépouillés, son pourcentage baissait », a-t-il dit.

« En outre, le directeur du Conseil électoral provisoire s’est un peu avancé lorsqu’il a annoncé que les résultats pourraient être proclamés en trois jours. En conséquence, la population a craint des fraudes et malgré un message sur la neutralité du gouvernement de transition, les gens ont poursuivi leurs manifestations avant que le Conseil électoral ne trouve une forme permettant de proclamer les résultats, en partageant d’une façon proportionnelle les votes blancs, et ce, conformément à une interprétation juridique de la Constitution. »

Haïti attend maintenant le deuxième tour des élections législatives prévu pour le 19 mars, a rappelé Latortue.

Soulignant que René Préval, qui a été élu président par 51% des voix, prendra ses fonctions le 29 mars prochain, le Premier ministre intérimaire a invité les membres du Conseil de sécurité à venir célébrer cette « victoire de la démocratie » pour manifester l’appui de la communauté internationale au processus démocratique dans son pays.

Le peuple haïtien aura besoin du soutien de la communauté internationale pendant quelques temps encore, a-t-il prévenu en l’exhortant à ne pas abandonner Haïti, comme elle l’a fait il y a dix ans, une fois un gouvernement élu installé.

« L’assistance internationale doit se concentrer sur le renforcement des capacités des institutions démocratiques telles que le Parlement, les municipalités et les collectivités territoriales ». Elle doit surtout se concentrer sur le renforcement du système judiciaire et la professionnalisation de la police. La priorité, conclut Gérard Latortue, doit être accordée aux infrastructures de base indispensables au développement.

Le président Préval s’est déjà fixé pour mission d’assurer la mise place des institutions prévues par la constitution pour créer les conditions de la stabilité du pays et de créer les conditions propices à l’investissement privé pour générer des emplois.

En attendant l’assermentation, le 29 mars 2006, de René Préval, des prétendants à la présidence haïtienne souhaitent bonne chance au nouveau chef d’Etat.

« Je suis d’accord avec les résultats du CEP même s’ils ne sont pas constitutionnels et je souhaite bonne chance au nouveau président », déclare, par exemple Turneb Delpé du Parti National Démocratique Progressiste d’Haïti (PNDPH), qui ne recueille que 0,23% des voix.

« Le PNDPH n’est prêt à entreprendre aucune opposition frontale à aucun nouveau pouvoir », martèle Delpé.

Delpé réitère qu’une conférence nationale souveraine avec la participation de toutes les couches sociales est la seule capable de réconcilier le pays avec lui-même.

D’autres secteurs pensent que le président René Préval (deuxième version) pourrait souffrir d’un déficit de légitimité en raison du non respect par le CEP du décret électoral lors de la proclamation de la victoire de Préval. Contrairement à ce qui est prévu par ce décret, les votes blancs ont été répartis à tous les candidats au prorata de leur score.

Yanick Guiteau Dandin du « Collectif Solidarité, Identité et Liberté » (KSIL) affirme haut et fort qu’Haïti à « un président dont la légitimité est contrôlée par les étrangers ».

Selon elle, cela est dû au manque de patriotisme d’une bonne partie de la classe politique, incapable de trouver une solution nationale aux problèmes qui affectaient les résultats du scrutin du 7 février. [do gp apr 23/02/2006 12 :55]