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Haïti : Le débat s’amplifie autour d’un éventuel retour d’Aristide

Actualisé le 23 février à 12 :15

P-au-P, 23 févr. 06 [AlterPresse] --- Le gouvernement des Etats-Unis considère inopportun tout éventuel retour de l’ancien président Jean Bertrand Aristide en Haïti, selon des sources officielles.

« Si on nous contactait (sur la question de l’éventuel retour d’Aristide en Haiti), nous dirions probablement que ce n’est pas une bonne idée. Cela ne servirait à rien d’utile », a déclaré le 22 février le porte-parole adjoint du département d’Etat, Adam Ereli.

Selon Washington, il faut tourner la page d’Aristide puisque ce dernier appartient au passé.

« La question d’un éventuel retour en Haïti de l’ancien président Aristide relève des autorités haïtiennes », a affirmé le porte-parole du Quai d’Orsay, Jean Baptiste Mattéi.

La France appelle la communauté internationale à « rester attentive à préserver la stabilité politique en Haïti au moment où le pays s’engage dans une étape nouvelle ».

Aristide interprète la victoire de Préval comme la sienne et prétend que le peuple haïtien a voté Préval pour assurer son propre retour.

« Le vote accordé à Préval a été un vote en ma faveur. Les gens ont clairement affirmé qu’ils ont voté en ce sens pour assurer mon retour », a déclaré Aristide dans une interview à plusieurs agences internationales.

Le parti d’Aristide, Fanmi Lavalas, conduit à la présidentielle par Marc Bazin, dont la campagne tournait autour du retour de l’ancien président, a réalisé un score de 0,68%.

« En tant que citoyen haïtien, j’ai le droit de revenir en Haïti », a affirmé Aristide, soulignant qu’à son retour il ne fera pas de politique.

Interrogé à ce sujet, le président élu, René Préval, rappelle que la constitution haïtienne bannit l’exil, reprenant ainsi les réponses auxquelles il avait habitué les journalistes durant la campagne électorale.

« Ma position est simple (...) la constitution stipule qu’aucun Haïtien n’a besoin de visa pour laisser Haïti ou revenir dans le pays », déclare-t-il. « Pour le reste, à savoir si (Aristide) fera de la politique ou s’il va travailler dans l’éducation, il faut poser la question à Aristide, pas à moi », ajoute-t-il.

Peu avant sa première conférence de presse, dans la soirée du 21 février, René Préval n’a toutefois pas exclu la possibilité de poursuites judiciaires contre l’ancien président dont il fut le premier ministre en 1991. Préval intervenait à l’émission Le Point de Radio-Canada.

Le 19 février 2006, cette question du probable retour de l’ancien dirigeant Lavalas (Avalanche) a été évoquée par le président Sud-africain, Thabo Mbéki qui renvoie la balle dans le camp du vainqueur du scrutin du 7 février en Haïti.

« Je pourrais imaginer d’après tout ce que je vois et entends que le président Préval ne s’opposerait pas au retour en Haïti de l’ancien président Aristide », a indiqué Thabo Mbéki lors d’une intervention à la radio publique sud-africaine SABC.

Aristide a laissé Haïti le 29 février 2004, suite à la chute de son régime. Il a été accueilli en République Centrafricaine, puis en Jamaïque, avant de trouver asile en Afrique du Sud. [do gp apr 23/02/2006 10 :30]