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Scruter le scrutin

Haïti-Elections : Jongler avec les principes

P-au-P., 22 fév. 06 [AlterPresse] --- Il ne reste plus que 25 jours pour la tenue du second tour des législatives haïtiennes. Pour mieux superviser le processus électoral, le Conseil électoral provisoire s’est doté le 21 février d’une commission composée de trois conseillers électoraux.

François Benoît l’anime à titre de président et responsable du centre de tabulation des résultats. Rosemond Pradel et Pierre Richard Duchemin font office de membres et sont responsables respectivement des opérations électorales et des communications.

Cette commission a été créée à l’insu du directeur général Jacques Bernard, en voyage aux Etats-Unis depuis le 19 février, et après des pourparlers entre l’Exécutif et le CEP au Palais national.

La tâche du directeur général de l’organisme électoral était assimilée à une sinécure par deux des membres de l’institution électorale, Patrick Féquière et Pierre Richard Duchemin.

Mais après le départ précipité du pays de Jacques Bernard pour cause, a-t-il souligné, de menace, il a fallu rassembler trois conseillers électoraux pour combler le vide.

La commission devant finaliser les résultats des législatives et mener à bout les élections de 2006 a vu le jour après une rencontre entre le Conseil électoral provisoire et l’Exécutif.

Tout comme la décision de changer le mode de décompte des suffrages pour la présidentielle, sous la pression de la rue et au terme d’intenses tractations diplomatiques, a été également précédée de pourparlers entre les autorités intérimaires et le CEP.

L’installation le 15 octobre 2005 d’un directeur général au CEP, en la personne de Jacques Bernard, participait déjà d’une batterie de dispositions adoptées par l’administration Alexandre-Latortue pour pallier les nombreuses difficultés techniques qu’affrontait l’organisme électoral.

Dissensions internes, hésitations dans la conduite du processus électoral, interférences de l’Exécutif à titre de prévention ou pour réparer les dégâts constituent la toile de fond du fonctionnement du conseil électoral provisoire depuis sa création.

Les ingérences gouvernementales sont parfois incriminées. Mais d’autres fois, on s’y accommode. Comme par exemple le 16 février dernier. Un seul conseiller électoral, François Benoît, n’a en effet pas signé la résolution proclamant la victoire du candidat de la plateforme Espoir dès le premier tour, estimant que cette décision a été prise sous la pression du gouvernement de transition et d’une partie de la communauté internationale.

Pour permettre à René Préval d’atteindre, voire de dépasser, la barre de 50% plus une voix fixée par la constitution haïtienne pour qu’un candidat à la présidence ne soit pas obligé d’aller à un second tour, le CEP a dû répartir les votes blancs au prorata du nombre de voix recueillies par chaque candidat. Un procédé que le conseiller Benoît considère comme une violation du décret électoral. [vs apr 22/02/06 17:55]