1] Deuxième anniversaire de l’assassinat de Jean Dominique : "Quand l’Artibonite sera en cru, dites-moi : quelle eau vous lavera ?" 2] Une nouvelle mission de l’OEA prête à débarquer 3] Encore du sang à La Saline
1] DEUXIàˆME ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE JEAN DOMINIQUE : "QUAND L’ARTIBONITE SERA EN CRU, DITES-MOI : QUELLE EAU VOUS LAVERA ?"
Grande mobilisation en Haïti et a l’étranger à l’occasion du deuxième anniversaire ce 3 avril de l’assassinat du directeur de Radio Haiti Inter, Jean Dominique, et du gardien de la station Jean-Claude Louissaint. Marches, sit-in, conférences sont planifiés en Haïti, ou les organismes de défense de droits humains prévoient de se mobiliser durant les 30 jours a venir pour forcer les autorités à débloquer le dossier.
Un nouveau spot de Radio Haïti Inter, diffusé à l’approche de ce second anniversaire, dit littéralement ceci : "Quand l’Artbonite (fleuve) est en cru, clair, dites-moi votre position. Quand manigances et charabia, tour de passe-passe et paspouki (partialité), Monsieur le ministre, Madame la Doyenne, la Police et le Parlement, pour nommer un juge la présidence a fait silence, tout un parti se transforme en un seul bloc pour bloquer le dossier. Nous voyons clairement votre position en croix. Quand l’Artibonite sera en cru, dites-moi : quelle eau vous lavera ?."
L’association Echo Voix Jean Dominique fera projeter ce 3 avril une deuxième version du film encore inachevé de Jonathan Demne, l’Agronome, sur la vie de Jean Dominique. Une veillée est prévue dans les locaux de la station avec la participation de nombreux artistes. Les organisations de journalistes annoncent des activités de solidarité à travers le pays.
Plusieurs organismes internationaux ont également pris des initiatives. Reporters Sans Frontières (RSF), qui fait diffuser un spot sur les radios en Haïti, déclare sa solidarité aux médias haïtiens et dénonce "une culture d’impunité", dont est victime la presse.
Le Centre international de ressources juridiques, le Comité pour
juger Duvalier, Droits et Démocratie, Haiti Support Group, Human Rights
Watch, Trocaire, Washington Office on Latin America et le World
Association for Christian Communication expriment leur solidarité avec la
Fondation Echo Voix Jean Dominique, ainsi qu’avec toutes les organisations
haïtiennes qui luttent pour la justice et pour mettre fin à l’impunité. Ces organisations reprennent la revendication de nombre d’associations sur le terrain qui demandent au Président Aristide de "revenir sur sa décision de ne pas renouveler le mandat du juge Gassant, un geste qui indiquerait sa détermination à obtenir justice pour Jean Dominique".
La semaine dernière, Aristide avait argué qu’il attendait un rapport du Ministre de la justice pour se prononcer, les mêmes déclarations qu’il avait déjà faites, il y a environ 2 mois.
Dans une interview accordée à AlterPresse, la veuve de Jean Dominique, Michèle Montas a déclaré : " Franchement, nous ne savons pas comment le dossier pourra évoluer dans les jours et mois à venir, parce que les obstacles sont énormes. Parfois, nous nous demandons est-ce que nous avons mesuré le poids des commanditaires de l’assassinat du 3 avril 2000, vu les résistances sur le plan judiciaire. Mais, tant que lumière ne sera pas faite, nous continuerons à lutter pour le triomphe de la vérité. Si ce n’est pas dans un tribunal du système judiciaire, nous l’obtiendrons par-devant le tribunal de l’opinion publique".
Un dossier est au fur et a mesure complété sur notre site www.medialternatif.org/alterpresse
2] UNE NOUVELLE MISSION DE L’OEA PRàŠTE à€ DEBARQUER
Les premiers membres de la mission de l’Organisation des Etats Américains pour le "renforcement de la démocratie" en Haïti, arriveront a la fin de cette semaine à Port-au-Prince. Il s’agira de trois juristes faisant partie de la composante chargée d’enquêter sur les événements du 17 décembre 2001. Ce jour-là les partis d’opposition avaient subi d’importants représailles de la part de groupes de partisans du pouvoir, après une "tentative de coup d’état" dénoncée par le gouvernement.
Les noms des 3 juristes n’ont pas été révélés. En février, 2 membres de la Commission Interaméricaine des Droits Humains de l’OEA, Deborah Benchoam et Raquel Alexandra Poitevien Cabral, avaient déjà séjourné à Port-au-Prince pour recueillir des informations autour des incidents du 17 décembre 2001.
A la veille de l’arrivée de cette nouvelle mission de l’OEA, le Secrétaire Général de l’OEA, César Gaviria, doit présenter un rapport ce 3 avril au Conseil Permanent sur la situation en Haïti.
Sur le terrain, la question de la constitutionnalité de l’accord qui permet le déploiement de la mission de l’OEA continue d’être posée dans certains secteurs. Tout comme Benjamin Dupuy du Parti Populaire National (PPN) la semaine dernière, le sénateur lavalas Prince Sonson Pierre a souligné cette semaine que l’accord n’a pas été ratifié par le parlement.
D’un autre coté, le juge français Louis Joinet a été nommé le 26 mars expert indépendant des Nations Unies pour les questions des droits humains en Haïti. le Secrétaire Général des Nations-Unies, Kofi Annan, a fait ce choix pour procéder au remplacement du Sénégalais Adama Dieng.
3] ENCORE DU SANG A LA SALINE
Le quartier populaire de La Saline, au Nord-Ouest de la capitale, a connu d’autres affrontements entre bandes rivales le 31 mars, qui ont fait 4 morts. Au centre du conflit, toujours une question de contrôle du marché de la zone, un des principaux lieux d’échanges de Port-au-Prince.
Les riverains ont une fois de plus critiqué le gouvernement qui, selon eux, n’a rien fait pour mettre les bandits hors d’état de nuire. A nouveau, les victimes pointent du doigt les acolytes des frères Franco et Ronald Camille, dit Ronald Cadavre, personnages très influents du quartier et proches du pouvoir.
Ronald Cadavre est actuellement en détention après avoir été arrêté le 23 mars puis présenté devant son juge le 27, dans une atmosphère de tension créée par ses partisans. Ronald Cadavre est accusé de meurtre.
Le 2 novembre 2001 des affrontements entre bandes rivales a La Saline avaient fait entre 4 et 6 morts, plus d’une vingtaine de blessés et plusieurs milliers de maisonnettes incendiées.
4] EN BREF :
Rien n’est encore dit sur le sort de l’ancien Capitaine Jackson Joanis déporté en Haïti le 26 mars par l’immigration américaine. L’ancien commandant de l’Anti Gang durant la période du coup d’Etat militaire était recherché par la justice haïtienne, qui l’avait jugé par contumace en 1995 pour le meurtre du commerçant pro lavalas Antoine Izmery en 1993. Son nom est également cité dans l’assassinat, la même année, du ministre de la justice du gouvernement Malval/Aristide, Guy Malary. Les organismes de défense des droits humains s’attendent a ce que le gouvernement profite de cette occasion pour faire reculer l’impunité dans le pays.
Les organisations féministes haïtiennes projettent de mettre fin ce 3 avril a un mois de mobilisation sur les droits de la femme. Ce mouvement a été lancé le 8 mars par la Coalition Nationale de la Marche Mondiale des Femmes et la Coalition des Femmes pour les Négociations avec les Parlementaires. Un spectacle est prévu au Champ de Mars, sur la place Catherine Flon, avec la participation de plusieurs femmes-artistes, sous le thème "Expression de la résistance des femmes haïtiennes". On annonce, entre autres, la participation de la chanteuse "Manzè", du groupe Boukman Experience et de la chorégraphe Florencia Pierre du groupe Djakata.
Durant ce mois de mobilisation, les initiatives des organisations féministes ont mis en relief, non seulement les revendications des femmes, mais aussi leurs multiples apports sur le plan économique, social et culturel.