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Haïti : Nouveaux cas de kidnapping, dans un climat pourtant serein

P-au-P, 17 févr. 06 [AlterPresse] --- La Police Nationale d’Haïti (PNH) a procédé le 17 février à la libération d’au moins un otage sur deux cas de kidnapping enregistrés deux jours plus tôt, fait savoir à AlterPresse l’inspecteur Frantz Lerebours, porte-parole de la PNH.

« La situation est calme aujourd’hui. D’autre part, la PNH a pu appréhender deux des personnes contre lesquelles la Justice a émis des mandats d’amener », ajoute Lerebours sans fournir de précisions sur les noms des prévenus, mais signalant la poursuite des opérations de l’institution dont il n’a pas encore les détails.

Après les turbulences et agitations qui ont paralysé les activités du 11 au 15 février, notamment à Port-au-Prince, ces nouveaux cas d’enlèvement seraient de nature à jeter un froid sur l’apparence de reprise qui semblait se profiler le 16 février suite à l’annonce de la proclamation du vainqueur du scrutin du 7 février.

D’aucuns se demandent est-ce que les bandits auraient mis fin à la trêve manifestée depuis quelques semaines, avant l’élection de René Garcia Préval comme nouveau président, pour renouveler leurs forfaits et continuer le règne de non droit dans certains quartiers.

Toujours est-il que des chars de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et des patrouilles de la PNH sont présents dans différentes artères.

La capitale haïtienne présente globalement une atmosphère sereine, 24 heures après l’élection de René Préval à la présidence d’Haïti à l’issue d’une résolution adoptée dans la nuit du 15 février 2006 par le Conseil Electoral Provisoire (CEP), ont constaté les reporters de l’agence en ligne AlterPresse.

Les activités commerciales se déroulent normalement, la circulation piétonnière et des véhicules est largement observée dans diverses zones de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Cependant, les embouteillages habituellement constatés au niveau des principales rues de Port-au-Prince sont quasiment réduits.

Cette situation est due en partie à la « fermeture » des établissements scolaires. Depuis le scrutin du 7 février 2006, les cours sont suspendus dans diverses écoles de la place.

Certains collèges ont tenté vainement de reprendre du service deux jours après les opérations de vote. Momentanément, ils ont dû fermer leurs portes en raison des frictions post-électorales ayant secoué le pays pendant cette semaine.

Sur les trottoirs, les petites marchandes et petits marchands se démêlent comme à l’accoutumée. Toutefois, au niveau de certaines rues, les traces des pneus enflammés par les partisans, en colère, du président élu sont encore visibles sur la chaussée.

Une apparence de sérénité paraît flotter au lendemain des présidentielles sur Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, où citoyennes et citoyens discutent encore de la formule trouvée pour ne pas considérer les votes blancs et déclarer vainqueur René Préval, pourtant crédité d’une forte avance par rapport à ses concurrents immédiats.

Les murs sont toujours décorés des photographies de candidats à la présidence, au sénat et à la députation. Dans certaines zones, des résidents commencent à ôter les photos des compétiteurs malheureux. Les posters à l’effigie de René Préval sont toujours placés un peu partout dans la ville, où, çà et là , des amoncellements de détritus attendent d’être enlevés.

Les partisans de ce dernier, qui festoyaient suite à la proclamation de sa victoire, semblent se reposer, pour paraphraser un slogan cher à la Plate-forme politique « Lespwa » (Espoir) du nouveau président. Plus question, apparaît-il, de conclure l’enquête sur une quantité de bulletins retrouvés dans une décharge à la sortie nord de la capitale, ni celle relative à des fraudes massives ou erreurs grossières dénoncées le 14 février par Préval.

Pourtant, cette victoire de Préval est qualifiée de « prime à la violence » par le principal perdant, le professeur Leslie Manigat qui arrive en deuxième position avec 12% des votes exprimés. Elle fragilise aussi l’élection du futur président, par l’arrangement trouvé qui viole l’article 185 du décret électoral du 11 février 2005 qui considère comme « valides les bulletins de vote [bulletins blancs] ne comportant aucun choix », indique l’industriel Charles Henry Baker, en troisième position derrière Préval et Manigat.

D’autres secteurs de la vie nationale déplorent le non respect des règles du jeu au profit de la pression internationale et de la violence des rues ayant forcé un résultat de compromis, malgré la légitimité presque assurée du président élu, crédité de plus de 48% de voix sur plus de 90 % des procès verbaux traités.

Une semaine avant, ils étaient plusieurs milliers dans les rues à mettre en garde le CEP contre des velléités de reléguer le candidat de la Plate-forme Lespwa (Espoir) au second tour.

Ces manifestants ont été jusqu’à ériger des barricades de pneus enflammés sur la chaussée et faire irruption à l’hôtel Montana (périphérie est) où se trouvaient le Centre de diffusion des résultats des élections et quelques personnalités étrangères, dont le prix Nobel de la paix sud-africain de 1984, Monseigneur Desmond Tutu.

C’est à ce même hôtel Montana que le corps sans vie du commandant militaire brésilien Bacellar Urano Texeira Da Matta a été découvert, sur la terrasse de sa chambre, assis et la tête penchée sur sa poitrine dans la matinée du samedi 7 janvier 2006, deux jours avant une grève générale de protestation mise en oeuvre par le patronat et suivie par la population pour exiger de la MINUSTAH des actions concrètes devant garantir la sécurité.

Des observateurs estiment que ce calme qui règne à la capitale haïtienne devrait être maintenu pour faciliter la relance normale des activités et permettre à tout le monde de vaquer à ses occupations. [rc do apr 17/02/2006 16:00]