Note de presse de la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix
5 mars 2003
« Les politiciens pensent que tout le monde ne fait que de la politique et qu’ils n’ont pas besoin de se nourrir ». Voici ce que la Commission nationale Justice et Paix avait constaté durant son assemblée générale le 6 décembre 2002. Dès lors, rien n’a changé.
Ceux et celles qui s’étaient engagés dans la lutte pour la démocratie et le respect des droits humains dans le pays sont divisés aujourd’hui. L’intolérance et la violence s’installent chaque jour davantage. Le peuple souffre. D’autres, ceux qui n’ont jamais cru à la démocratie et la participation de tous et de toutes, ce sont eux qui en profitent et qui deviennent plus riches et arrogants de jour en jour.
Aujourd’hui, la Commission Justice et Paix répète : il est temps que tous les politiciens écoutent la voix des pauvres dans le pays. Plusieurs personnes dans l’Eglise ont répété cette parole dernièrement : le Pape, les Evêques, des prêtres et d’autres toujours. Nous sommes d’accord avec leur appel. Les politiciens de tous les partis doivent cesser de s’accuser mutuellement et de chercher des boucs émissaires pour tout ce qui ne marche pas.
Vous, qui êtes au pouvoir, écoutez le cri des pauvres.
Arrêtez de persécuter ceux et celles qui défendent une autre opinion. Arrêtez de les menacer, de les maltraiter, de les obliger de se mettre à couvert.
Arrêtez de tolérer des groupes armés et la répression de nos frères et sœurs.
Arrêtez d’étouffer la voix de ceux et celles qui se plaignent de la cherté de la vie. Si n pa rele n ap toufe (Celui qui ne peut pas crier, étouffera). Arrêtez de semer un climat de peur et de terreur.
Le peuple aspire à un aller mieux, il veut justice, transparence et participation. Arrêtez de lui offrir des mensonges, arrêtez de tolérer la méchanceté, arrêtez de le marginaliser. Le peuple a faim. Arrêtez les mensonges.
Serait-ce demander trop, de demander aux politiciens des différents partis de se rencontrer et de se pencher sur les problèmes de ce peuple ?
Serait-ce demander trop, de demander de ceux et celles qui détiennent le pouvoir des actes clairs qui font comprendre : oui, on peut nous faire confiance, oui, on peut avancer ensemble ?
Serait-ce demander trop, de demander aux partis de l’opposition de mettre les intérêts de la nation avant les intérêts personnels ?
Le peuple est fatigué. Le peuple est épuisé. Arrêtez les fausses promesses. C’est le Comité exécutif national, qui réunit des représentants de tous les diocèses qui envoie ce message. Il s’est réuni à Port-au-Prince le 28 février 2003.
Port-au-Prince, ce mercredi des cendres, 5 mars 2003.