P-au-P, 16 févr. 06 [AlterPresse] --- La résolution, rendue publique à l’aube du 16 février par le Conseil Electoral Provisoire (CEP), proclamant vainqueur René Garcia Préval aux élections présidentielles haïtiennes du 7 février 2006, est rejetée par son concurrent Leslie François Manigat, secrétaire général du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP).
« Nous ne pouvons pas souscrire à la forfaiture qui a abouti à la déclaration du vainqueur de la compétition électorale présidentielle par un coup d’Etat par les urnes », lâche, lors d’une conférence de presse, le candidat Manigat, évincé de la possibilité d’un second tour suivant les chiffres disponibles au CEP.
Visiblement irrité et frustré, Leslie Manigat estime dangereux le chemin emprunté avec la résolution proclamant l’ancien président René Préval futur chef d’Etat d’Haïti à partir du 29 mars 2006. Cette résolution ne fait que consacrer la violence entretenue depuis quelques jours dans les rues par les partisans de la Plate-Forme « Lespwa » (Espoir), dénonce-t-il.
Pour lui, la résolution de l’organisme électoral serait de nature à basculer, voire faire revenir la république caraïbe au règne du « mal absolu », représenté par l’ancien régime lavalas aujourd’hui symbolisé par le secteur politique dénommé « lespwa ». Il indique que le CEP aurait maladroitement manipulé les statistiques des présidentielles de 2006.
Il a fait savoir qu’il n’entreprendra rien contre le prochain gouvernement de Préval. « Nous laissons faire », affirme-t-il.
Leslie François Manigat, qui briguait les présidentielles sous la bannière du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), se réserve pourtant le droit d’exercer une voie de recours contre la décision du 16 février du CEP, en fonction notamment de la position que devra adopter un regroupement d’entente de 9 partis politiques dont fait partie le RDNP.
« En tant que démocrates, nous exerçons nos droits de protestation en général et nos droits d’opposition », avertit Manigat.
L’ancien président de février à juin 1988, suite à un processus électoral controversé, déclare : « Nous resterons fidèles jusqu’au bout à la légalité républicaine et à un processus démocratique propre ».
Le candidat malheureux du RDNP déplore le fait que le processus ayant abouti aux présidentielles du 7 février 2006 n’a pas permis à Haïti d’expérimenter « une pédagogie du second tour ».
Leslie François Manigat dénonce une « intervention directe et arbitraire » du gouvernement intérimaire, ainsi que « les pressions et interventions d’un certain milieu international » dans le processus électoral.
Manigat se réfère à la création d’une commission tripartite (CEP/Gouvernement intérimaire/Plate-forme Lespwa) mise sur pied le mardi 14 février 2006 par la présidence provisoire en vue d’investiguer des accusations de « de fraudes massives ou d’erreurs grossières » soutenues par la Plate-forme « Lespwa.
Aux yeux de Leslie François Manigat, la misère et l’ignorance (« le manque de lumière ») du plus grand nombre « qui font partie du drame politique d’aujourd’hui ayant fourvoyé le peuple dans sa perception », l’erreur et l’absence de stratégie politique ainsi que les illusions de la classe politique, sont, entre autres facteurs, les causes à la base des résultats des présidentielles de 2006.
A travers cette résolution, le CEP a « décidé de répartir les votes blancs au prorata des votes exprimés en faveur des candidats dans la compilation des résultats » pour éviter la réalisation d’un second tour du scrutin, exigé par la Constitution de 1987 en cas d’absence de majorité absolue au premier tour.
La méthode choisie par 8 membres du CEP n’est pas partagée par le conseiller électoral François Benoît, le seul des 9 membres de l’organisme électoral à ne pas avoir apposé sa signature au bas de la « résolution », la décision politique du 16 février qui violerait l’esprit et la lettre de la Constitution de 1987 et du décret électoral de 2005, dit-il.
Il souligne que son « droit au second tour a été confisqué par une manœuvre ».
Concernant son avenir dans l’arène politique haïtienne, Leslie François Manigat, qui avait annoncé sa candidature aux présidentielles comme « son dernier grand combat » en tant qu’acteur ou animateur politique, dit ne pas abandonner la scène politique. Il croit cependant qu’il faut donner la place aux jeunes ou à des moins vieux qui veulent s’y adonner.
Né à Port-au-Prince le 16 Août 1930, descendant de la veille élite du Nord, Leslie Manigat a commencé sa carrière politique durant les années 1950 au Ministère des Affaires Etrangères.
Selon le décompte effectué jusqu’au 13 février 2006, Manigat obtenait 11.83% des votes exprimés sur environ 90% des procès-verbaux traités. [rc do apr 26/02/2006 16:00]