Español English French Kwéyol

Haïti - Elections : Poursuite des manifestations pro-Préval

P-au-P, 15 févr. 06 [AlterPresse] --- Des milliers de partisans du candidat à la présidence René Préval ont gagné à nouveau les rues ce 15 février à Port-au-Prince, particulièrement dans l’aire du Champ de Mars (zone périphérique du Palais présidentiel) pour exiger la proclamation de la victoire de leur candidat, a constaté AlterPresse.

Munis des bulletins de vote découverts la veille dans une dechetterie, les manifestants fustigent le comportement des autorités électorales haïtiennes qu’ils accusent de « vouloir voler le vote des masses défavorisées ». Ils réclament même l’arrestation de certains membres du CEP.

Le président du Conseil Electoral Provisoire (CEP), Max Mathurin, nie toute responsabilité dans cette affaire, précisant que les aspects logistiques du processus électoral dépendent de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH).

Les manifestants ont scandé des propos hostiles à la MINUSTAH, le Canada, les Etats-Unis et le Brésil qui, selon eux, seraient en train de fomenter un plan visant à mettre le pays sous tutelle.

Des soldats de la MINUSTAH ont tiré des gaz lacrymogènes pour faire face à un groupe de manifestants, près d’une base de la force onusienne à Bourdon, secteur est de la capitale.

« Nous manifestons avec nos bulletins de vote et nos cartes d’identification nationale en attendant la publication définitive des résultats des élections du 7 février », déclare à AlterPresse Unique Noncent, dirigeant du Mouvement des Jeunes pour la Reconstruction Nationale (MJRN), basée à Martissant (périphérie sud de la capitale).

A la mi-journée, alors que se poursuivait la manifestation, une rumeur, selon laquelle le candidat René Préval se trouverait au palais, a secoué la foule.

Après avoir fait le tour du palais présidentiel, un important groupe de manifestants s’est dirigé vers l’ambassade de France à Port-au-Prince. Parmi les manifestants, AlterPresse a noté la présence de l’ex sénateur Louis Gérald Gilles, du parti Famille Lavalas, de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.

« Nous sommes là pour faire respecter le droit de la majorité », a déclaré Louis Gérald Gilles à AlterPresse.

C’est la cinquième journée de manifestations des partisans du candidat de l’Espoir.

Dans la soirée du 14 février, plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues de la capitale pour manifester leur colère après avoir vu les images de bulletins de vote parmi des déchets. Ils ont érigé des barricades de pneus enflammés dans diverses artères de Port-au-Prince.

Le CEP, par le truchement de son président Max Mathurin, est intervenu à chaud dans la presse pour fixer sa position concernant ce nouveau scandale qui éclabousse le processus électoral. Le président du CEP a annoncé l’ouverture d’une enquête en vue de faire le jour sur la question.

A la dernière actualisation du décompte des votes, le 13 février, Préval, de la plate-forme Espoir, obtient 48.76%, l’ancien président Leslie Manigat, du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), 11.83% et le candidat indépendant Charles Baker, 7.93%.

Le 13 février 2006, des manifestants avaient fait irruption à l’hôtel Montana (périphérie est) où se trouvaient le Centre de diffusion des résultats des élections et quelques personnalités étrangères dont le prix Nobel de la paix sud-africain de 1984, Monseigneur Desmond Tutu.

« Nous avons la conviction qu’une fraude massive ou des erreurs grossières entachent le processus », a affirmé Préval le 14 février. Selon Préval, « l’Espoir a gagné au premier tour ». [do gp apr 15/02/2006 18:00]