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PNUD / Haïti : un bilan sombre de la situation en 2002 et des pistes pour corriger les tendances négatives

P-au-P., 9 mars. 03 [AlterPresse]--- Le Programme des Nations Unies pour le Développement Humain (PNUD) se prepare a lancer cette semaine une nouvelle édition de son rapport annuel sur la situation économique et sociale d’Haïti. Ce rapport, dont la première parution remonte à 1998, présente non seulement un état des lieux, mais aussi des propositions et recommandations relatives à des pistes de solutions.

La crise du développement, les secteurs économiques (réel, financier, monétaire, extérieur), les données macro-économiques, constituent les quatre grands chapitres de cette étude.

Le tableau présenté n’est guère reluisant. « Il confirme l’enlisement du pays dans une crise multiforme qui l’entraîne inexorablement sur la trajectoire fatale du déclin économique et l’enfonce davantage dans la spirale descendante de la misère ».

Sur le plan économique, le rapport relève une croissance réelle négative pour la troisième année consécutive. D’une manière générale, l’économie haïtienne paraît désarticulée, avec une prégnance de l’informel en milieu urbain comme en milieu rural. Elle est également décrite comme étant hyper-ouverte, décentrée, extrêmement dépendante et vulnérable aux chocs extérieurs.

Comme autres manifestations frappantes de la crise, le rapport souligne le niveau élevé du chômage de la population haïtienne, la baisse grandissante des facteurs d’attraction et de la compétitivité de notre territoire. Ces deux derniers éléments sont identifiés comme des freins à la reprise des investissements et à l’emploi.

Au chapitre social, le rapport rappelle que l’indice du développement humain d’Haïti demeure le plus faible de l’hémisphère américain. « En dépit des efforts publics et privés pour essayer de combler l’énorme retard éducatif du pays et son grave déficit de qualification professionnelle et technique en 2002, les indicateurs sont tout aussi inquiétants dans ce domaine ».

Une autre source de préoccupation sociale soulevée par le rapport, de manière sous-jacente, est le rythme (excessif) de la progression démographique qui donne, chaque année, plus d’ampleur aux besoins sociaux de base.

Sur le plan institutionnel, l’étude s’interroge, à la lumière d’un ensemble de faits marquants de l’année 2002, sur l’état d’avancement réel du projet d’instauration et d’institutionnalisation d’une démocratie moderne en Haïti, et soutient que nous sommes en pleine crise structurelle de transition.

Au volet socioculturel, le rapport se demande perplexe s’il y aurait, dans ce contexte de mondialisation, une « exception haïtienne » au point d’admettre qu’un « ajustement culturel » devrait précéder toute tentative d’ajustement institutionnel, économique et social en Haïti. L’étude parvient à cette interrogation au regard des lenteurs, difficultés, blocages de la transition politique et économique, et en fonction aussi de ce qui se donne à voir comme une crise de transition à la modernité (crise d’identité, de repères ou de valeurs, ….).

En plus d’un présent accablant, le rapport prédit un avenir encore plus sombre (société de grande misère, société sous-éduquée et sous-qualifiée, société bloquée) si rien n’est fait pour retourner ces tendances négatives.

Face aux différents obstacles et défis sus-mentionnés, le rapport 2002 du PNUD, parvenu à AlterPresse, souligne l’urgence d’agir dans la perspective du long terme. Les axes et recommandations stratégiques suggérées concernent notamment l’instauration d’un vrai dialogue social pour discuter et s’entendre sur le « que faire », l’amélioration de la "gouvernance" sur le triple volet institutionnel, économique et social.

Le rapport suggère enfin de jeter les bases d’un développement durable, dont les principes fondateurs sont notamment la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le respect de l’équité de genre et la protection de l’environnement, et d’accélérer, sans délai, le processus d’intégration régionale et hémisphérique d’Haïti.

Ce rapport annuel du PNUD rassemble, notons-le, les vues d’un certain nombre de professionnels haïtiens sur la situation ayant prévalu en Haïti durant l’année 2002. Cette dernière édition a bénéficié de la supervision de l’économiste principal du PNUD en Haïti, Philippe Rouzier, et du président de l’Association Haïtienne des Economistes (AHE), Henri Bazin. [vs apr 09/03/03 23:00]