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Haïti - Rép. Dominicaine : Rapatriement de 72 sans papiers Haïtiens à Belladère

Par Djems Olivier, Envoyé spécial

Belladère, 03 févr. 06 [AlterPresse] --- Les autorités dominicaines ont rapatrié, le 2 février 2006, 72 sans papiers Haïtiens, dont 68 hommes et 4 femmes enceintes, a constaté un reporter de l’agence AlerPresse.

Arrivés pieds nus dans la commune de Belladère, ces sans papiers ont été accueillis par le Comité des droits humains dans cette zone.

Selon les précisions de Yannick Civil, responsable dudit comité, ces Haïtiens ont été expulsés dans des « conditions lamentables et humiliantes. Pieds nus, habillés de haillons rapiécés, ils n’avaient pas le droit de prendre leurs effets personnels ».

Parmi les rapatriés, figure un étudiant, qui a été appréhendé au moment où il se rendait à l’école.

Les rapatriés ont, à leur tour, indiqué à AlterPresse qu’ils ont été capturés, pour la plupart, sur leurs lieux de travail. D’autres ont été interceptés à bord de taxis.

C’est le cas de Simon Pierre (24 ans), originaire de Tiburon (Sud d’Haïti). Pierre vivait en République Dominicaine, depuis 7 ans, avec sa concubine, Natacha, native du Cap-Haïtien (Nord d’Haïti).

Un autre rapatrié a reconnu que son passeport était périmé depuis plusieurs mois.

Mais que vaut le passeport haïtien en République Dominicaine ?, s’est interrogé Pierre.

« Un de nos camarades s’est vu déchirer son passeport par des agents de l’immigration dominicaine », souligne-t-il.

Yannick Civil rappelle combien des sans papiers Haïtiens sont souvent malmenés, humiliés et matraqués lors de leur capture. Elle relate le cas de Destin Titus, qui s’était vu couper une de ses oreilles, avant d’être emprisonné par les autorités dominicaines.

Selon la militante des droits des migrantes et migrants, une quinzaine d’Haïtiens seraient actuellement emprisonnés, maltraités avant leur éventuelle expulsion.

Depuis juillet 2005, le rapatriement de sans papiers Haïtiens s’est intensifié.

La semaine dernière, on dénombrait à Belladère 268 rapatriés en 4 jours, selon un décompte effectué par le Comité des droits humains dans cette zone.

Malgré ses maigres moyens, le comité se charge d’héberger et de nourrir les rapatriés durant plusieurs jours. Il leur donne aussi un peu d’argent pour regagner leurs localités d’origine.

Le comité indique n’avoir jamais reçu d’appui financier de la part des autorités municipales. [do gp apr 03/02/2006 12:00]