P-au-P., 1er fév. 06 [AlterPresse] --- Des centaines de partisans de l’ancien régime, dont la plupart arboraient des photos de Jean Bertrand Aristide et du candidat à la présidence de la Plateforme « Lespwa », René Préval, ont manifesté ce 1er février à Cité Soleil.
Ils voulaient par ainsi réclamer l’installation de bureaux de vote à l’intérieur de ce bidonville.
On notait parmi les manifestants le nommé Amaral Duclona que la Police dit rechercher activement pour son implication présumée dans divers forfaits dont l’assassinat, le 31 mai 2005, du consul honoraire de France au Cap-Haïtien, Henri Paul Mourral.
Amaral Duclona affirme qu’il ira voter le 7 février, appelant la population à faire de même, peu importe les distances à parcourir pour atteindre les bureaux et centres de vote.
Le directeur général du CEP, Jacques Bernard, avait justifié le 27 janvier dernier la décision de l’organisme électoral de placer les bureaux de vote, non à l’intérieur, mais à la périphérie de Cité Soleil, par le souci de l’institution d’assurer les meilleures conditions de vote.
Les manifestants ont par ailleurs scandé des slogans hostiles à la Force ONUsienne, la MINUSTAH. Ils s’en sont pris également à certaines figures du secteur privé des affaires qui entreprendraient, selon eux, une campagne de diabolisation de Cité Soleil.
Un candidat au Sénat de la Fusion des sociaux-démocrates pour le département de l’Ouest, Serge Simon, était du nombre des manifestants. « Le fait que je sois à Cité Soleil sans être agressé est la preuve que la population de Cité Soleil connaît ses amis, ceux-là qui luttent en leur faveur sans pour autant chercher à semer la confusion », a fait savoir Simon.
Abondant dans le même sens, Amaral Duclona a assimilé à un prétexte la thèse selon laquelle aucun candidat n’a pu jusqu’ici faire campagne à Cité Soleil en raison du caractère explosif de cette agglomération, réputée bastion des gangs armés.
« Si moi, je ne peux pas entrer à Cité Soleil, sur quelle base morale puis-je envoyer mes employés là -bas », s’est interrogé le directeur général de l’organisme électoral, Jacques Bernard, le 27 janvier dernier.
Des dirigeants du Groupe des 184, une plateforme d’organisations et d’institutions de la société civile, et des membres de « L’Entente pour la démocratie et la modernité », un regroupement de partis politiques, avaient dénoncé le 16 janvier dernier les bénéfices politiques que le candidat René Préval tirerait du kidnapping.
« Des chefs de gangs armés de Cité Soleil dont Amaral Duclona sont ouvertement impliqués dans la campagne de l’ex-président Préval », avaient notamment déclaré les hommes d’affaires André Apaid Junior et Réginald Boulos.
Après avoir ignoré dans un premier temps les demandes répétées de clarification produites par des responsables du Groupe des 184, la plateforme politique Lespwa (Espoir) allait dénoncer, dans un communiqué, « une campagne de dénigrement, d’accusations sans fondement et d’injures » visant son candidat.
« Lespwa est partisan d’une campagne propre, non violente, d’une campagne contre l’insécurité », avait renchéri le directoire de cette coalition.
Ancien Premier ministre de Jean Bertrand Aristide, René Préval était président d’Haïti du 7 février 1996 au 7 février 2001. Un nouveau sondage CID-Gallup, réalisé entre le 5 et le 12 décembre 2005, l’a crédité de 37% des intentions de vote, suivi de l’industriel Charles Henri Baker (10%) et l’ancien président Leslie François Manigat (8%). [vs apr 01/02/06 19:30]