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Haïti : Plus de 70 femmes victimes de violence sexuelle en moins de six mois

P-au-P, 27 janv. 06 [AlterPresse] --- Plus de 70 cas de violence sexuelle contre des femmes ont été recensés, durant la période allant de juin à décembre 2005, à travers 21 centres d’accueil mis en place par la Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA) dans diverses régions d’Haïti.

Sur un ensemble de 301 filles et femmes âgées de 6 à 56 ans accueillies par la SOFA dans ces différents centres dénommés « Douvanjou » (l’aube), l’organisme indique, dans un récent rapport, avoir enregistré 74 cas de violence sexuelle incluant viols individuels et collectifs.

Dans ce document remis à AlterPresse, la SOFA précise que 56 cas de « viols simples » sur 23 filles âgées de 6 à 17 ans ont été traités. Les centres ont également recu 18 cas de viols collectifs, dont 11 sur des filles de la même tranche d’âge.

La plupart de ces actes ont été commis par des voisins, des bandits armés et/ou proches des victimes, souligne la SOFA.

A Carrefour Feuilles, quartier limitrophe de Martissant (sud-est de Port-au-Prince), trois jeunes filles d’une même famille ont été victimes, chez elles, le 7 août 2005, d’un viol collectif, perpétré par des inconnus. Ces trois sœurs étaient, à l’époque, âgées respectivement de 18, 20 et 22 ans.

Dans son rapport-bilan, la SOFA fait également mention des cas d’incestes, de viols collectifs accompagnés de bastonnade, de viols suivis de grossesse, de viols conjugaux et de cas de harcèlement sexuel.

Au chapitre de la violence conjugale, la SOFA attire l’attention sur « les doléances d’une dizaine de femmes dans le département de l’Ouest, dont les conjoints sont des policiers ».

« Les policiers concernés n’hésitent pas à abuser de leur statut en menaçant leurs partenaires de leurs armes et en séquestrant leurs enfants. L’un d’eux alla même jusqu’à tuer par balle un chien chez la tante de sa femme où celle-ci s’était réfugiée suite à une scène de violence », signale la SOFA.

« Les déclarations des 301 femmes accueillies et accompagnées par la SOFA confirment combien les femmes et les filles sont exposées à toutes les formes de violence », constate la SOFA.

Dans son rapport, la SOFA mentionne aussi l’implication des agents de la Police des Nations Unies (UNPol), ci-devant CIVPOL, dans ces violences. Des directeurs et professeurs d’écoles, des pasteurs d’églises protestantes sont aussi épinglés.

La SOFA dénonce la complaisance et la banalisation des cas de violence contre les femmes par les autorités judiciaires et policières.

« Le crime de viol demeure récurrent. Et le nombre de viols commis sur des mineures (collectifs ou individuels) est de plus en plus scandaleux », déplore la SOFA.

« Des soixante quatorze (74) cas de viol enregistrés ces six (6) derniers mois, quarante deux sont commis sur des mineures », relève l’organisme.

La SOFA appelle les autorités étatiques à assumer leurs pleines et entières responsabilités dans la poursuite de tous les auteurs de ces violences. Car, soutient la SOFA, pour éliminer la violence structurelle spécifique exercée contre les femmes, il faut une politique globale qui prenne en compte les multiples facteurs favorisant la persistance de cette forme de violence.

C’est le deuxième rapport du genre rendu public par la SOFA. Depuis quelque temps, les violences faites aux femmes se sont intensifiées dans le pays, particulièrement dans la capitale haïtienne. Parmi les zones touchées par la SOFA, les quartiers de Martissant (banlieue sud-est) et Delmas (nord-est de la capitale) sont ceux qui accusent le plus fort taux de violence contre les femmes.

Récemment à Port-au-Prince, des cas de femmes assassinées par leurs conjoints ont défrayé la chronique. Une d’entre elles est Marie Mimose Iliona, dont la mutilation, le 11 janvier 2006, a été commanditée par son propre mari, un ressortissant canadien du nom de Kerby Pérard.

Le 24 décembre 2005, la starlette et présentatrice de télévision, Ginoue Mondésir, a été atrocement battue par son conjoint, Valdo Jean. Elle n’a pas survécu.

L’acte a été commis à coups d’outils métalliques de dépannage d’automobile, sur la route nationale numéro 1 (nord). [do gp apr 27/01/2006 22 :00]