P-au-P, 19 janv. 06 [AlterPresse] --- Le nombre de victimes de violence soignées par Médecins Sans Frontières (MSF) à travers ses centres hospitaliers à Port-au-Prince, connaît, ces derniers jours, une proportion alarmante, selon cette organisation médicale internationale et humanitaire.
Les responsables de la branche haïtienne de MSF affirment à AlterPresse que la majorité de cas traités sont des plaies par balles provenant de divers quartiers volatiles, dont Cité Soleil (secteur nord de la capitale haïtienne).
« On a soigné jusqu’à maintenant environ 110 blessés par balles à Port-au-Prince » depuis le début du mois de janvier, déclare à AlterPresse Ali Besnaci, chef de mission de MSF-Haïti.
A cette quantité, « il faut additionner les blessés par balles de Cité Soleil qui sont soignés à St. Joseph et ceux des autres quartiers » de Port-au-Prince, précise Ali Besnaci.
Selon les informations fournies à AlterPresse, en décembre 2005, les équipes de MSF avaient traité plus de 220 blessées par balles dans deux centres hospitaliers, l’hôpital St. Joseph situé dans le quartier de Turgeau (sud-est de Port-au-Prince) et l’hôpital de Choscal établi à Cité Soleil au nord de la capitale.
Au mois de novembre, les blessés par balles traités étaient au nombre de 147. La moitié des victimes étaient des femmes, des enfants et des vieux, précise MSF.
MSF affirme avoir procuré, en 2005, des soins médicaux à plus de 2250 personnes pour des blessures résultant de la violence, dont 1500 victimes blessées par balles.
« Il n’y a pas de guerre déclarée, mais il y a beaucoup de victimes », indique, pour sa part, Loris De Filippi, chef de mission pour le projet de MSF à Cité Soleil.
MSF appelle tous les groupes armés à respecter la sécurité des populations civiles et permettre l’accès immédiat aux soins médicaux d’urgence aux personnes blessées lors de combats.
Les actes violents sont en nette recrudescence dans le secteur nord de la capitale. Les casques bleus des Nations-Unies ne sont pas épargnés.
Dans la matinée du 17 janvier 2006, deux casques bleus jordaniens ont été abattus à Cité Soleil. Un troisième a été grièvement blessé.
Des victimes sont également enregistrées dans les rangs de la Police Nationale d’Haïti (PNH). En moins de 24 heures, deux policiers haïtiens ont été tués par des inconnus armés.
Le 19 janvier, l’agent 2 Fritzner Davout, affecté au Service de la Circulation des Véhicules, a été tué au Bicentenaire (bloc sortie sud de Port-au-Prince).
Le 18 janvier, le policier Jean Robert Lubin a été abattu à l’avenue Charles Sumner au coeur de Port-au-Prince. Le policier Lubin était un membre de la Brigade de Recherches et d’Intervention (BRI), une unité spécialisée de la police.
Dans ses multiples déclarations le chef civil de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Juan Gabriel Valdes, a toujours exprimé la ferme volonté de ses troupes de pacifier le pays avant la tenue des élections prévues pour le 7 février prochain.
Le 8 janvier 2006, le diplomate chilien avait déclaré que ses troupes continueront à « prendre toutes les mesures nécessaires et appropriées, avec la plus grande fermeté, contre les groupes criminels qui sévissent dans le pays ».
Environ 210,000 armes à feu de tous calibres sont actuellement en circulation en Haïti, suivant des recherches menées entre 2004 et 2005 par des organisations internationales. [do apr 19/01/2006 13 :20]