Communiqué du GARR
Soumis à AlterPresse le 19 janvier 2006
A l’initiative de la Commission Episcopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et des Réfugiés (CENPMR) une messe a été célébrée ce mercredi 18 janvier 2006, à l’Eglise du Sacré-Cœur de Turgeau, à Port-au-Prince, pour le repos de l’âme des 25 haïtiens morts asphyxiés dans un container en République Dominicaine lors d’un voyage clandestin.
La cérémonie religieuse a été présidée par Mgr François Gayot, responsable de la (CENPMR) entouré du nonce apostolique en Haïti, Mgr Mario Giordana, de 2 autres evêques ( Mgrs Serge Miot et Emmanuel Constant), de 6 prêtres et d’un diacre.
Plusieurs personnalités du Gouvernement, dont des représentants de l’Office National pour la Migration, du Ministère des Affaires Etrangères, du Ministère des Haïtiens Vivants à l’Etranger, ont pris part à cette célébration. Des représentants d’organisations nationales et internationales, notamment le GARR, le Sant Pon Ayiti, le RNDDH, Justice et Paix, RAJES, OIM, CRS, CARITAS ont été remarqués. L’ancien ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine, M. Guy Alexandre, était aussi présent à cette cérémonie.
Dans son homélie de circonstance, Mgr François Gayot, président de la CENPMR, a salué les dépouilles mortelles des défunts « qui gisent encore dans une fosse commune loin de leur famille et de leur pays d’origine ». Il a demandé que la justice prenne des sanctions à l’encontre des coupables de cette tragédie.
« Nous avons du mal à comprendre que des êtres humains, pétris de chair et de sang vivant tout près de nous sur la même terre, presque dans le même environnement, partageant la même foi, la même espérance et la même charité, peuvent laisser mourir leurs semblables dans des conditions aussi atroces et inhumaines », s’est attristé le prélat.
L’Eglise Catholique, a-t-il, en outre, souligné , partage ces moments de grande douleur que le peuple haïtien est en train de vivre. « Nous avions bien suivi, au jour le jour, les stations de ce chemin de souffrances gravies par les migrants haïtiens au cours de ces derniers mois. Nous avons appris la nouvelle des déportations de milliers d’haïtiens au cours du mois de mai 2005, nous avions retenu parmi les déportés, un certain nombre de mineurs et d’adolescents séparés de leurs parents ainsi que des pères et mères de familles séparés de leurs enfants. Nous avions vu également un grand nombre de migrants ayant un statut légal en République Dominicaine brutalement rapatriés en Haïti. Nous avons été aussi informés de la mort de trois jeunes compatriotes brûlés vifs en territoire voisin. Nous savions bien qu’il y a régulièrement des rapatriements d’haïtiens pas toujours conformes aux droits des gens, mais nous étions loin de nous imaginer la possibilité de décès par asphyxie dans un container fermé, à l’occasion d’un voyage clandestin, s’est-il indigné..
Tout en soulignant que beaucoup de Dominicains partagent les mêmes sentiments de douleur que le peuple haïtien et rejettent l’anti-haitianisme, Mgr Gayot invite Dominicains et Haïtiens à vivre dans la paix et l’unité, à laisser de coté les tueries, l’insécurité, la torture et à opter pour une vie nouvelle où les deux peuples s’acceptent dans le respect de leurs différences.
Le Nonce Apostolique, Mgr Mario Giordana a clôturé la cérémonie par un discours appelant à la fin du trafic illicite de personnes. Il a encouragé les hommes et les femmes présents-es à cette célébration à lutter contre ce commerce déshumanisant.
« Ces victimes du 11 janvier dernier sont des pauvres parmi les plus pauvres qui ont payé de leur vie un voyage clandestin vers l’inconnu par l’incohérence et la duplicité d’un système qui défie parfois toute raison. »
Il a souhaité que cette tragédie provoque « une prise de conscience collective, décisive, efficace, afin d’améliorer les relations entre les deux peuples ».