Ouanaminthe, 24 fév. 03 [AlterPresse] --- Le Réseau Ecologique Dominico-Haïtien (REDA), qui comprend des ressortissants des deux côtés de la frontière Ouanaminthe/Dajabon, s’est engagé le 21 février à entreprendre à partir de l’année 2003 un ensemble d’actions communautaires, y compris la recherche d’alternatives à la coupe systématique des arbres, en vue d’améliorer la situation environnementale qui frappe la population de part et d’autre de la frontière.
Etablir un programme d’éducation environnementale, qui intègre la participation des écoles, églises, gouvernement, organisations non gouvernementales, organisations communautaires ; susciter une autogestion chez les organisations communautaires ; ne pas couper les arbres sans l’utilisation de critères techniques ; canaliser et administrer un projet de fours à gaz et de distribution de gaz domestique ; installer des fours utilisant le bio gaz comme énergie ; diffuser et promouvoir, en créole et en espagnol, le texte de la Convention internationale de lutte contre la désertification ; s’inspirer du modèle d’alternative agricole de Carice comme initiative à proposer dans d’autres zones en Haïti et en République Dominicaine : telles sont, entre autres, les recommandations sorties de trois ateliers de travail tenus sur le thème « pour un environnement plus sain ».
Cet engagement a été pris à l’issue d’un forum d’une journée, au lieu de deux journées initialement prévues, déroulée dans la ville frontalière de Ouanaminthe, parallèlement à une semaine de mobilisation paysanne contre le projet d’implantation d’une zone franche dans cette partie du territoire d’Haïti.
Le mouvement des organisations communautaires de Ouanaminthe contre la probable installation d’une zone franche sur le périmètre fertile de Maribaroux, localité de Ouanaminthe, aurait été à la base du refus des autorités consulaires haïtiennes basées à Dajabon de permettre l’entrée, le 20 février, d’une délégation d’environ une quinzaine de ressortissants dominicains venus pour participer au forum du REDA.
Le consul haïtien Jean-Baptiste Bien-Aîmé a cru que les Dominicains allaient prendre part à une manifestation contre la zone franche, alors qu’il s’agissait de deux activités distinctes : l’une orchestrée à travers des spots mobiles de mobilisation par une organisation de Pitobert (Ouanaminthe) pendant toute la semaine du 17 au 21 février, l’autre planifiée par le REDA pour les 20 et 21 février en vue d’une sensibilisation sur la problématique commune de l’environnement des deux pays, a indiqué à AlterPresse un membre du comité organisateur du forum.
La permission non accordée aux ressortissants dominicains a empêché l’ouverture officielle du forum d’échanges dans l’après-midi du 20 février ainsi que la tenue d’élections au sein du REDA le 21 février. Ces problèmes avec l’immigration haïtienne à la frontière, qui ont provoqué la perte de la journée de travail du 20 février, ont aussi porté les responsables du REDA à renvoyer à une date ultérieure la planification de l’ensemble des activités du réseau pour l’année 2003.
C’est finalement le 21 février que le forum a pu avoir lieu, en présence de représentants d’organisations non gouvernementales et d’associations haïtiennes et dominicaines. 364 écolières et écoliers, haïtiens et dominicains, ont assisté, dans la matinée du 21 février, à une conférence-débat sur la problématique de l’eau dans l’environnement de l’île, présentée par Maria Eugenio Morales de l’association écologique PRONATURA.
Au cours de l’exposé de PRONATURA, des compléments statistiques ont été apportés au débat par l’ingénieur-agronome Yves André Wainright, de la Plate-Forme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), qui, pour sa part dans l’après-midi du 21 février, est intervenu sur le thème « désertification, pauvreté et développement ».
Le forum « pour un environnement plus sain » sur l’île que partagent Haïti et la République Dominicaine a bénéficié d’un support financier de 12,000 pesos dominicains de PRONATURA. Le 21 février 2003, il fallait environ 2.40 pesos dominicains pour 5 gourdes auprès des cambistes de la frontière haïtiano-dominicaine. [rc apr 24/02/03 14:13]