P-au-P., 13 janv. 05 [AlterPresse] --- 2006 a commencé, à l’instar du dernier semestre de 2005, sous le signe du black-out.
Si l’on met de côté les zones dites prioritaires, certains quartiers de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ne sont alimentés (en électricité) qu’à raison de deux heures tous les trois jours. Les quartiers les plus chanceux le sont deux heures par jour.
La principale cause de ce rationnement sévère réside dans la difficulté de l’Electricité d’Haïti (ED’H) à s’approvisionner en carburant.
« L’approvisionnement se fait en effet à qui mieux mieux depuis la fin, en février 2005, d’une subvention d’urgence de vingt-sept millions de dollars de la part de l’organisme d’aide du gouvernement américain (USAID) », nous confie une source proche de l’ED’H.
Le gouvernement a alors pris le relais en s’engageant à débloquer mensuellement la bagatelle de huit millions de dollars pour le compte de la compagnie nationale d’électricité. Mais, cette subvention gouvernementale reste aléatoire ; les autorités intérimaires étant assez souvent sollicitées par d’autres urgences liées entre autres aux élections et à des dossiers épineux dont elles ont hérité de l’ancien régime.
Selon nos sources, la Direction de l’ED’H reste suspendue au suivi que le gouvernement de transition va donner à une requête d’approvisionnement renouvelable tous les trois mois. Le dossier serait en bonne voie au niveau de la Banque centrale.
Actuellement, le niveau de la Centrale hydro-électrique de Péligre est de 163 mètres 20. Quand il est à son maximum, il atteint 172. Cette situation oblige la compagnie à exploiter à fond ses moteurs, dont l’un 24 heures sur 24 et un autre entre 18 heures et 0 heure, pour garantir un tant soit peu de production énergique dans l’aire métropolitaine.
La demande de la clientèle varie entre quatre-vingts et cent cinquante mégawatts, alors qu’actuellement, l’ED’H n’a qu’une disponibilité de trente à quarante mégawatts.
Si les déboires de cette entreprise d’Etat, maintenue sous perfusion, devaient durer jusqu’à la mi-février (2006), le rationnement se durcirait davantage. D’autant que la centrale de Péligre risque d’atteindre d’ici là le seuil critique des 152 - 153 mètres.
Depuis environ deux décennies, l’Electricité d’Haïti (ED’H) s’est révélée une entreprise qui a du mal à boucler ses fins de mois. Un manque à gagner résultant entre autres de l’ampleur des cas de piratage du réseau.
La compagnie peine aussi, depuis plusieurs années, à satisfaire la demande de la clientèle alors que les factures d’électricité ont suivi une courbe ascendante.
Une contre-performance due au fait, outre les problèmes récurrents d’approvisionnement en carburant et d’entretien du réseau, que les gouvernements successifs n’ont recouru qu’à des palliatifs.
Selon une source proche de l’ED’H, une résolution efficace du problème de l’énergie électrique suppose une remise en cause du mode d’exploitation en gazoil et mazout - le combustible étant très onéreux - et un choix d’équipements approprié. « Il aurait mieux valu pour l’entreprise de se doter de grands groupes (moteurs) de cinquante mégawats en lieu et place de petits moteurs de 1.5 mégawatts », ajoute la même source.
Ces commentaires rejoignent un plaidoyer fait par le docteur Michel Lomini, un ancien ministre, dans un article soumis à AlterPresse en décembre 2004 et intitulé : « Aide au développement versus aide humanitaire : Haïti doit faire un choix ». L’auteur déplorait entre autres « le morcellement de la production en de petites centrales au diesel peu performantes avec un coût de fonctionnement très élevé et dont la durée de vie est relativement très courte. (US $150 millions) ».
Haïti figure parmi les pays de la Caraïbe accusant la plus faible consommation de l’énergie électrique. Elle avoisine, selon certaines estimations, 0,04 kilowatts - heure par habitant (kw.h / hab.). Cette carence est souvent retenue parmi les facteurs de blocage du développement socio-économique d’Haïti. [vs apr 13/01/06 19:50]
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