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Haïti : Oxfam prépare une campagne de sensibilisation sur le contrôle de la prolifération des armes

P-au-P, 13 janv. 06 [AlterPresse] --- L’Organisation internationale Oxfam Grande Bretagne s’apprête à lancer en Haiti une campagne nationale de lutte contre les flux illicites et incontrôlés d’armes légères et de petit calibre.

Yolette Etienne, représentante de cette organisation non gouvernementale (ONG) britannique en Haïti, a déclaré à l’agence en ligne AlterPresse qu’il est urgent de contrôler la prolifération des armes, à l’intérieur du pays.

Dans le cadre de cette campagne nationale contre la violence armée, une commission nationale, composée des membres de divers secteurs de la société haïtienne, sera instituée. Les organisations de droits humains, de femmes, de jeunes ainsi que d’autres partenaires d’Oxfam travaillant dans le domaine de l’éducation civique en Haïti feront partie des secteurs ciblés.

« Au niveau international, la campagne a été lancée depuis environ trois ans. Pour ce qui concerne Haïti, elle commence avec un rapport qui vient d’être publié par trois organisations internationales », dont Oxfam, indique Yolette Etienne.

Ledit rapport, dans lequel est dénoncée la violence armée qui continue de faucher des vies à Port-au-Prince, a été publié à Londres le 9 janvier 2006, conjointement avec le Réseau d’Action sur les Armes Légères et Amnistie Internationale.

Le coup d’envoi de la campagne nationale de sensibilisation d’Oxfam sera donné à Carrefour-Feuilles, un quartier populaire situé au sud-est de Port-au-Prince (capitale d’Haïti).

Yolette Etienne informe que des consultations seront engagées avec des autorités étatiques haïtiennes pour leur demander de donner leur accord sur la question de la régularisation du commerce des armes, tant au niveau national que sur le plan international.

« Nous n’avons pas encore entamé des démarches officielles auprès du gouvernement haïtien. En tant qu’organisation internationale, nous ne voulons pas le faire personnellement. Aujourd’hui, il y a une commission nationale qui va essayer de développer une campagne nationale sur la violence armée », indique la représentante de l’ONG britannique.

Cette commission nationale, appuyée par Oxfam, aura à soumettre au gouvernement haïtien un ensemble de recommandations en matière du contrôle des armes en Haïti.

Selon Yolette Etienne, des démarches seront également entreprises avec des représentants des Nations Unies, des responsables d’autres organisations internationales intervenant en Haïti et avec des médias pour qu’ils participent à ce projet qui est d’une importance cruciale.

Une conférence des Nations Unies pour examiner les progrès accomplis dans l’exécution du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, doit se tenir du 27 juin au 6 juillet 2006 aux Etats-Unis d’Amérique.

La responsable de la branche haïtienne d’Oxfam GB annonce que diverses organisations internationales seront mobilisées pour présenter des recommandations aux Nations Unies et toucher d’autres secteurs impliqués dans la question.

« La bataille que nous menons consiste à influencer les Nations Unies pour que cet accord ait force de loi, c’est-à -dire que si un gouvernement ne le respecte pas, des sanctions doivent être prises à son encontre », précise Yolette Etienne.

« Nous constatons aujourd’hui qu’il y a un certain nombre d’Etats qui ne manifestent pas de l’intérêt pour appuyer ce processus », ajoute-t-elle.

A titre d’exemple, Etienne cite les Etats-Unis considérés comme le premier pays exportateur d’armes. « C’est un pays qui n’a aucun intérêt à appliquer ce traité », fait-elle remarquer.

Une deuxième rencontre préparatoire sur la conférence de juin / juillet 2006 s’est déroulée, le 11 janvier 2006. Steven Costner, représentant du gouvernement américain à ces assises, a salué les efforts déployés par la communauté internationale depuis l’adoption de ce programme.

Toutefois, il a rappelé que son pays « continuera à s’opposer, entre autres mesures, à celles qui entraveraient le commerce et la fabrication licites des armes légères et de petits calibres[ALPC ] ou qui imposeraient un contrôle national et des restrictions à la détention et à l’utilisation de ces armes par des civils ».

La représentante de la Jamaïque à cette réunion, Janice Miller, a, quant à elle, insisté sur la nécessité d’accorder une plus grande attention à l’aspect « offre » des armes légères et donc d’agir au niveau des sources et des transferts.

Miller a rappelé l’importance de l’assistance régionale qui peut être apportée aux fonctionnaires chargés de l’application de la loi, particulièrement pour les Etats de la Communauté Caraïbe (CARICOM) qui souffrent tant du commerce illicite des armes légères.

Interrogée sur la position exprimée par la Jamaïque, la responsable de la branche haïtienne de l’Oxfam GB affirme que la CARICOM sera contactée dans le cadre de la campagne internationale contre la prolifération des armes légères.

Selon certains observateurs, le combat contre le commerce illicite des armes légères doit au départ concerner les gouvernements.

En Haïti, les autorités compétentes hésitent à s’engager dans cette voie pour lutter contre les 210,000 armes en circulation, selon des estimations dont dispose AlterPresse.

A preuve, le gouvernement haïtien n’était pas représenté à cette réunion préparatoire des Nations Unies du 11 janvier 2006. [do apr 13/01/2006 15 :00]