P-au-P, 10 janv. 06 [AlterPresse] --- Les autorités haïtiennes doivent s’engager davantage dans la lutte visant à décourager l’existence continue de la migration irrégulière, déclare, ce 10 janvier 2006, le chef de mission de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) en Haïti, Maureen Achieng.
Intervenant à l’occasion de l’inauguration des travaux dans le cadre d’un projet de gestion de la migration, Maureen Achieng invite le gouvernement intérimaire d’Haïti à « établir une crédibilité sur cette question en donnant un signal clair, en fournissant des moyens légitimes », pour dissuader une telle activité.
« Toute discussion concernant une meilleure gestion de la migration doit adresser le défi de démanteler des réseaux criminels transnationaux impliqués dans la traite des êtres humains et le trafic illicite des migrants », tel que défini par le protocole de Palerme, affirme le chef de mission de l’OIM en Haïti.
Selon Maureen Achieng, le nombre de migrants dans le monde se chiffre à environ 150 millions de personnes, dont 120 millions de travailleurs.
Achieng souligne que le désavantage de cette mobilité accrue est la croissance de toute une industrie de mouvement de personnes contrôlée par des passeurs et des trafiquants. La représentante de l’OIM rappelle que « le point de vue dominant montre que la migration reste principalement une force positive pour le développement dans le pays d’origine et de destination ».
« La migration non régularisée a des coûts sociaux, financiers, politiques pour l’agriculture et même pour le gouvernement et la société », souligne Maureen Achieng.
Le chef de mission de l’OIM salue le travail des organismes non gouvernementaux présents dans la région caribéenne qui « jouent un rôle important et parfois même essentiel, pour le maintien de la vitalité économique » de ces pays.
L’ambassadeur Guy Alexandre, représentant du Premier Ministre Gérard Latortue à l’ouverture de ces travaux, affirme que le gouvernement apprécie grandement l’initiative de l’OIM.
« Le poids de la question migratoire, dans notre vie nationale et dans nos rapports avec nos voisins proches et moins proches, n’est plus à démontrer tant il est vrai que des difficultés récentes et actuelles, par exemple avec nos partenaires dominicains, bahaméens, français (...) ont à voir avec la gestion largement inefficace jusqu’à aujourd’hui de notre migration de main-d’œuvre », déclare Guy Alexandre.
Conçu par l’Office National de la Migration (ONM), ce projet vise à renforcer les capacités du gouvernement à formuler des accords bilatéraux avec les pays de la Caraïbe, particulièrement les Bahamas et la République Dominicaine.
Ce projet vise à constituer, à forger les capacités qui permettront aux organes concernés de l’Etat haïtien d’instituer des mécanismes et procédures permettant à Haïti de gérer au mieux ses flux migratoires et de négocier avec ses voisins des formules de régularisation et de prise en charge commune.
Le projet de gestion de la migration est piloté par Carroll Joseph pour le compte de l’OIM. Le spécialiste informe que ces travaux, inaugurés ce 10 janvier 2006, dureront entre 5 et 7 mois. Au terme de ces activités, un rapport sera soumis au gouvernement.
« Nous devons aboutir à la formulation d’un cadre institutionnel dans la gestion de la migration. A la fin des travaux, on devrait disposer d’une politique nationale de la migration », souligne Carroll Joseph.
Pour faciliter l’aboutissement de ces travaux, l’OIM fournira les moyens logistiques nécessaires.
« Je m’attends à ce que ce projet soit concrétisé dans le plus bref délai », souhaite Wilbert Dauphin, coordonnateur général de l’Office National de la Migration (ONM). Dauphin ajoute que le budget alloué à ce projet se chiffre à environ 70 mille dollars américains.
Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR), les Ministères de la Justice, des Affaires Sociales, des Affaires Etrangères et des Haïtiens Vivant à l’Etranger, ainsi que l’ONM sont les principaux acteurs de cette démarche. [do apr 10/01/2006 14 :30]