P-au-P, 7 janv. 06 [AlterPresse] --- Divers secteurs apportent leur appui au mot d’ordre de grève générale contre l’insécurité, lancé pour le 9 janvier en Haiti par le patronat, alors que quelques organisations expriment leurs critiques vis-à -vis des initiateurs du mouvement.
Cette journée de grève vise à protester contre les actes violents et de kidnapping sévissant à la capitale, a fait savoir le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), le docteur Réginald Boulos, qui en a fait l’annonce le 5 janvier 2006.
Le Groupe des 184, réunissant diverses associations sous le leadership du secteur privé, apporte son ferme soutien au mouvement. Dans une note transmise à la presse, le Groupe des 184 déplore la montée des actes d’enlèvement, de meurtres, de viols et de vols à main armée perpétrés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
« Cette situation entretient une psychose dans le pays et surtout à Port-au-Prince », souligne le Groupe des 184. « Ce climat de terreur n’est pas propice à la réalisation de bonnes élections, particulièrement dans des quartiers où la population n’est pas libre de ses mouvements », ajoute le communiqué.
Des secteurs socio-professionnels et des responsables politiques de tous bords ont exprimé leur appui à la grève lancée pour le 9 janvier. Des candidats à diverses postes aux prochaines élections croient que ces joutes ne peuvent se tenir dans le pays dans le contexte actuel d’insécurité et de violence.
Certains petits commerçants et transporteurs expriment, à travers quelques médias, des réserves vis-à -vis de ce mouvement, arguant que la défense des intérêts des secteurs patronaux représente le principal motif de l’initiative.
Dans un communiqué, le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), qui a animé une mobilisation contre la vie chère en Haiti durant les derniers mois, critique les secteurs qui ont appelé à la grève. Le MODEP affirme que ces secteurs « participent à l’alimentation » de l’insécurité, notamment par des pratiques d’exclusion et l’entretien de rapports avec des délinquants.
L’organisation Batay Ouvriye (Lutte Ouvrière) s’oppose à la grève du 9 janvier. L’organisation déclare dans un communiqué qu’elle est en faveur de l’élimination de la violence des gangs dans le pays, mais s’insurge contre le fait que « le groupe qui a appelé à la grève ne s’est jamais solidarisé avec les initiatives de mobilisation des travailleurs et des organisations populaires ».
Par ce mot d’ordre de grève, le patronat haïtien entend forcer le chef civil de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le chilien Juan Gabriel Valdes, à passer des « instructions claires et précises aux troupes » ONUsiennes pour qu’elles assument leurs responsabilités.
Le secteur privé s’en prend également au gouvernement de transition qui, en plus de son silence inquiétant sur la situation de terreur vécue par les habitants de Port-au-Prince, « n’a pas su offrir aux responsables et aux membres de la Police Nationale d’Haïti (PNH) l’équipement et le matériel nécessaires pour pouvoir accomplir son devoir de protéger et de servir ».
Les actes violents sont en nette progression dans la capitale haïtienne depuis plusieurs semaines. Selon les autorités policières, au moins 27 cas de meurtres et 43 cas de kidnappings ont été enregistrés dans la zone métropolitaine, du 12 décembre 2005 au 3 janvier 2006.[gp apr 5/01/2006 19:00]