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Haiti : " Pas d’élections crédibles avec des bandes armées ", selon le CEDH

Communiqué du Centre œcuménique des Droits Humains (CEDH)

Soumis à AlterPresse le 6 janvier 2006

Le Centre Oecuménique des Droits Humains tient,une fois de plus, à réaffirmer sa position qui n’a pas changé depuis le déclenchement, il y a dix-huit mois, des actions terroristes menées par des groupes à qui le gouvernement de « La Fanmi Lavalas » avait distribué armes et argent. Ces actions, encore une fois, viennent d’être encouragées par un long message de l’ex-dictateur Jean-Bertrand Aristide. Envoyé sur l’Internet, ce message reprend le langage codé d’appel à la violence basé sur un rappel insistant du slogan de la guerre de l’Indépendance « koupé tèt, boule kay ».

Le Centre œcuménique, conscient du danger mortel que représente pour l’avenir de la nation l’action terroriste (« yon siga limen lan de bout »), a toujours demandé que les autorités responsables du présent et de l’avenir de notre pays se mobilisent pour neutraliser les bandes armées de terroristes qui campent et opèrent dans la zone métropolitaine

Le Centre œcuménique a constamment insisté sur la nécessité d’un désarmement effectif à partir d’un rappel clair et répété que les armes prohibées par la loi ne seraient pas tolérées et que tout serait mis en œuvre pour désarmer ceux qui continuent à exhiber et à utiliser ces armes, car sans désarmement, l’Etat, gardien de la Loi, n’existe pas.

Nous n’avons cessé de rappeler aux responsables du gouvernement l’urgence de ce problème et demandé que des moyens adéquats soient donnés à la Police Nationale et au système de Justice. Nous n’avons pas trouvé chez eux de réponse satisfaisante, à la hauteur du danger permanent représenté par les gangs armés. Il semble qu’on veut simplement laisser en état les choses jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gouvernement élu.

A cette passivité, s’ajoute un facteur encore plus étonnant.

Il semblerait que Haïti soit le seul pays au monde qui refuse de combattre sur son territoire des groupes de terroristes qui n’ont cessé depuis dix-huit mois d’accumuler des crimes dont certains ont passé le cap de l’indicible : vols, incendies de voitures, incendies de résidences et locaux, vols à main armée, viols, tortures, assassinats, enlèvements, rançonnements sous peine de mort. La liste des victimes s’allonge tous les jours. Tous les secteurs de la société sont frappés. Et c’est toute la population de la zone métropolitaine qui est prise en otage livrée aux affres d’une peur permanente.

Or, la Mission dépêchée sur les lieux par la Conseil de Sécurité, au lieu de s’attaquer à ce problème prétend qu’elle n’en a pas les moyens et pratique, sur le terrain, de façon consistante, une attitude de non-intervention, et même de connivence ouverte. Ce qui, dans d’autres pays, comme les Etats-Unis, L’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, La France, l’Angleterre, déclenche immédiatement la mobilisation générale et le recours à des législations d’urgence, est, pour le cas d’Haïti, vu comme quelque chose de folklorique qui ferait corps avec l’histoire de notre peuple et contre quoi il ne faut rien faire.. « Il y a deux cents ans que cela dure » a même déclaré un des chefs de la Mission de l’ONU en Haïti. Une propagande, orchestrée par l’ex-dictateur réfugié à Prétoria en arrive même à présenter des adolescents assassins ou des gangsters criminels endurcis comme l’avant-garde et la voix « des masses exploitées et souffrantes ».

Le Centre œcuménique pense que le moment est venu pour que tous les citoyens de ce pays, d’une seule voix, exprime leur colère et leur indignation devant l’indifférence et la passivité de la Minustah, face au problème quotidien de la sécurité des vies et des biens. Il faut, comme nous le savons le faire, chaque fois que la nation est en danger, faire entendre la voix du pays, la voix des citoyens de ce pays qui n’ont jamais capitulé devant la violence et le mensonge.

Désarmer les terroristes, aider les autorités haïtiennes, spécialement la Police Nationale, à protéger les femmes et les enfants de ce pays, libérer le peuple des quartiers de la peur est une nécessité pour avoir des élections crédibles. Libérés de la peur et de la colère, nous pourrons aller massivement aller aux urnes pour barrer la route à ceux qui ont été les acteurs et les complices de la délinquance, ceux qui jusqu’ici ont bénéficié d’étranges protections et d’une étrange impunité.

Alors, on pourra reprendre la chemin que le peuple entier avait pris en 1986, le long chemin qui est devant nous, et non pas derrière nous, le chemin de la démocratie, du développement et de l’indépendance, dans un Etat refondé sur le Droit

5 Janvier 2006