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L’implication des communautés haïtiennes d’outre-mer dans la transformation d’haïti

Débat

Par Marc Antoine Archer [1]

Soumis à AlterPresse le 2 janvier 2005

Un heureux hasard m’a conduit dernièrement à Paris. L’objectif premier n’était que purement professionnel, cependant, le cours des événements fut altéré de façon merveilleuse. Les événements qui avaient lieu à Paris ainsi que la distance de Barcelone à Paris, m’avaient déconseillé de faire le trajet en voiture. Vu que je devais avoir une réunion à Montpellier, je pris donc la décision de réaliser une partie du voyage en voiture et la deuxième partie en train. Une journée et demi à Montpellier puis deux journées et demi à Paris, m’ont permis, d’un côté, de m’émerveiller en visitant la ville de Montpellier et de l’autre, de prendre contact avec la réalité, avec les réalités de la Communauté haïtienne de Paris. Une expérience inoubliable, une leçon magistrale et, de là , un compromis, personnel, celui de travailler d’arrache-pied, en dehors de toute utilisation partisane, idéologique, celui de contribuer à ce que cette Communauté, riche en valeurs, en volonté de travail, en compétences, arrive à trouver un élément cohésif d’abord, puis à s’impliquer, de façon collective, dans la transformation d’Haïti.

Durant le voyage de retour, je n’ai pu m’empêcher de penser à tous ceux qui, la soirée du samedi 3 décembre, et ils étaient nombreux, avaient participé à cette rencontre avec moi autour du thème « l’implication des Communautés Haïtiennes d’Outre-Mer dans la transformation d’Haïti ».

A cette rencontre, une causerie pour mieux nous faire comprendre, précédée d’une intervention à la radio, à leur émission « Kôn Lambi », j’eus le plaisir de compter parmi les participants des hommes d’affaires, des étudiants d’Université (que je profite pour féliciter du travail qu’ils réalisent avec leur revue publiée chez l’Harmattan), des professionnels divers (médecins, avocats, journalistes, autres) et des artistes (peinture, danse, autres). Plus de trois heures durant lesquelles nous eûmes à parler de tout ce qui nous semble freiner cette transformation d’Haïti : la crise sociale, la crise politique, la crise énergétique, la crise économique, la crise de citoyenneté, et principalement la crise de CREDIBILITE dont nous souffrons tous et qui nous empêche de croire à ceux qui veulent être crus, et d’être crus par ceux qui sont sensés nous prêter non seulement une oreille attentive mais encore et surtout les fonds dont nous avons besoin pour transformer le pays, en utilisant de façon optimale nos ressources, humaines et environnementales.

Ce voyage, comme je vous dis donc, a provoqué chez moi une interpellation éthique encore plus forte. Définitivement, personne ne peut rester passif face à la dégringolade du pays ! Je n’avais aucune envie d’écrire un article sur ce voyage à Paris. Parler de Diaspora en Haïti, d’Immigration, de Déplacement de populations, crée souvent des mésinterprétations basées sur une certaine hypocrisie nationaliste causée par des intérêts occultes et un égoïsme démesuré. Je voulais donc me maintenir en dehors de toute polémique. Cependant, ma participation aux Journées de l’Immigration (17 et 18 décembre) réalisées par la « Secrétairerie pour l’Immigration » du Gouvernement Autonome de la Catalogne, pour célébrer la journée de l’Immigrant le 18 Décembre, m’a fait changer d’avis.

Ce voyage, enfin, m’a permis de revoir la ville de Montpellier et « ses modernités », son modèle de transport basé sur la réappropriation de l’espace urbain par le tramway, sa gestion de l’espace collectif axée sur la « piétonnalité ». La priorité donnée au train sur les autres modalités de transport lui confère un cachet spécial. Seul le covoiturage semble rester un problème. Définitivement, l’envie d’harmoniser les intérêts de l’individu et ceux de l’environnement, de façon à minimiser l’impact produit, semble habiter les Pouvoirs Publics dans les pays sérieux. Ensuite, revisiter la ville de Paris, témoignage de la réussite d’un Peuple, m’a montré, à nouveau ce que représente la planification, le sens de la responsabilité, le goût pour le travail bien fait, dans le fonctionnement d’un pays. « Rayi chen an, di dan l blan » (je n’aurais pas voulu que cette phrase soit traduite comme « reconnaître les qualités de l’adversaire » car je le dis dans un autre sens). Tout cela a supposé un « coup de fouet » pour mon orgueil car maintenant, la même semaine que nous célébrons le 513ème anniversaire de l’arrivée d’un Européen sur l’île d’Haïti, à quelques jours de la célébration de l’an 202 de notre Indépendance, quelques jours après la publication d’un ouvrage sur celui que le « Premier des Noirs » appela le « Premier des Blancs », ouvrage condamné à être célèbre et lequel peut-être je ne voudrai jamais lire, voilà que je me retrouve à me lamenter, avec d’autres compatriotes, sur le sort de mon pays, car nous sommes restés ancrés dans le passé tandis que les autres construisent leur futur, le FUTUR. Les lois de la probabilité étant les mêmes partout et pour tous, il est donc certain que s’ils sont arrivés à ce point, ce n’est nullement parce qu’ils sont plus chanceux que nous, ni plus intelligents, ni plus choyés par la nature. Ils seront peut-être différents, je l’admets, mais je ne pourrais admettre qu’ils soient ni plus ni moins « rationnels », ni plus ni moins « spirituels », arguments démodés utilisés par ceux qui conservent encore cette patine de « colonisé ». Nous avons, grâce aux lois de la probabilité, et « Dieu ne jouant pas aux dés », la même distribution des capacités intellectuelles. Ne pas les développer ou empêcher que le pays puisse en tirer un bénéfice, est un choix. Donc cela est une autre question.

Pour centrer un peu les idées, commençons par préciser quelques notions. Généralement, quand on parle de Diaspora Haïtienne, on a tendance à ne voir que les Communautés Haïtiennes de l’Amérique du Nord. Certainement, l’importance numérique de nos différentes communautés, implantées aussi bien sur le territoire états-unien que sur le territoire canadien, fait que la polarisation soit normale. Cependant, celles qui se trouvent en Europe ont leur rôle à jouer et, de fait, jouent leur partition et peuvent sortir de ce flou, politique si vous voulez, pour devenir un peu plus déterminantes, pour le bien d’Haïti.

Bien que l’émigration haïtienne, surtout de nos couches paysannes ait existé depuis le début du XXème siècle, au fil des intérêts des Compagnies sucrières et d’autres grandes Compagnies à forte utilisation de main-d’oeuvre peu spécialisée, la diaspora haïtienne ne s’est constituée réellement qu’à partir des années 60, par vagues successives d’émigration. Et, au fil des années, elle a suivie le cheminement suivant :

La première vague datant de la décennie 60-70 a concerné des enseignants, des cadres supérieurs ou des intellectuels dont les compétences techniques étaient recherchées en Afrique décolonisée, ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada. En même temps, Haïti importait des coopérants, Français principalement. Paradoxal ! Exportation de cerveaux et importation de formateurs. Première grande fuite de cerveaux du pays. Coopération Sud-Sud en un certain sens, exportation de l’idéal dessalinien de la révolution noiriste dans un autre, mais surtout exil d’une bonne partie de l’intellectualité haïtienne.

A partir des années 70, la diaspora s’est constituée, non seulement de professionnels à la recherche d’un meilleur avenir mais encore et surtout d’une main d’œuvre peu qualifiée à la recherche de meilleures conditions de travail, ou simplement un EMPLOI. Les principales destinations furent donc les Etats-Unis et dans une moindre proportion le Canada ainsi que la France et ses Dom-Tom et la région caribéenne.

Il faut tenir compte du fait que à partir de 1973, la première grande crise du pétrole provoque l’avortement de certains projets de Développement des pays pauvres. Leur crise s’aggrave et cette crise provoquée par les pays exportateurs de pétrole en guise de punition pour les pays riches fut exterminatrice pour les pays pauvres. La chute des prix des matières premières représenta le coup de grâce. Haïti, avec ses projets de développement, accusa sérieusement le coup.

Rien n’a su arrêter depuis lors, l’envie d’émigrer d’un pourcentage assez élevé d’Haïtiens, indépendamment de leur appartenance sociale, qui ont vu dans l’émigration leur planche de salut. La taille de la diaspora haïtienne était estimée en 1997 à 1.3-1.6 millions d’immigrés selon le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger. Actuellement elle dépasse les 2.000.000 de personnes. Les données qui me sont parvenues donnent une distribution de la diaspora haïtienne comme suit :

Amérique Latine .............................20.000 personnes
France .......................................50.000
France Outre-Mer .........................70.000
Reste Europe ...............................20.000
République Dominicaine ..................600.000
Cuba ..........................................300.000
Canada .......................................200.000
Bahamas .....................................40.000
Turks &Caicos ..............................20.000
Etats-Unis ....................................1.200.000 ou plus

Nul ne peut nier l’importance des Communautés Haïtiennes de l’étranger pour l’économie haïtienne, surtout si on considère les deux filières d’obtention de devises :

-  Transferts d’argent vers leurs familles résidant en Haïti

-  Recettes liées aux déplacements touristiques de la diaspora en Haïti

Cependant, peut-on réellement dire que l’émigration soit un bienfait pour notre pays ? Le bénéfice économique obtenu grâce aux différents apports pécuniaires, est-il supérieur au préjudice causé par la fuite de cerveaux ? « L’appauvrissement » du pays causé par l’utilisation de ressources destinées à l’éducation et à la formation d’un individu qui, après la réalisation de ses études, décide d’émigrer vers de meilleures conditions de fonctionnement offertes par, le Canada surtout, et les Etats-Unis, la France, l’Espagne ou d’autres pays, est-il compensé par les différents transferts de devises ? Les pays bénéficiaires ne devraient-ils pas co-financer cette formation sous forme de crédits au pays d’origine ?

Il est certain que la fuite des cerveaux est un constat généralisé dans tous les pays pauvres car ils sont incapables d’offrir un enseignement supérieur ou une formation professionnelle de qualité, à l’ensemble de leurs jeunes qui terminent leurs études secondaires. En Haïti, par exemple, un pourcentage supérieur à quasiment 60% des élèves qui terminent leurs études secondaires se voit dans l’impossibilité d’entamer des études ou bien universitaires ou de formation professionnelle ou simplement des stages de capacitation professionnelle. En plus, les pays pauvres se voient dans l’impossibilité d’offrir des emplois ou des rémunérations en accord avec les études réalisées par leurs professionnels. Les meilleurs salaires, les meilleures conditions de vie attirent donc ces professionnels vers les pays étrangers. Et, c’est normal, car tout professionnel recherche les meilleures conditions de fonctionnement et une reconnaissance de ses capacités. Là -dessus, plusieurs options sont envisageables selon que nous considérons « conditions de fonctionnement » et « reconnaissance professionnelle » en tant que deux critères différents permettant d’atteindre la satisfaction professionnelle pleine. Pour les conditions de fonctionnement, c’est certain que les pays plus développés peuvent offrir et offrent de biens meilleures conditions mais quant à la reconnaissance professionnelle, quoique « nul n’est prophète dans son pays », le degré de reconnaissance professionnelle est supérieur dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil. En général, dans tous les pays industrialisés, le pourcentage de professionnels non autochtone, infravalorisé professionnellement, est très élevé. Et cela est encore pire lorsque les études ont été réalisées dans un pays différent de celui d’accueil. La procédure de validation des études est tellement restrictive que presque tous abandonnent à mi-chemin.

Dans le cas d’Haïti, si nous tenons compte du fait que le pourcentage d’individus formés, est de 8% de la population et que, d’après les statistiques de la Banque Mondiale, plus de 85% abandonnent le pays pour s‘installer à l’étranger, il nous reste un pourcentage d’environ 1,2% de la population, formée, devant faire sortir le pays de son sous-développement. Et cela dure depuis plus de dix ans. Or, d’après toutes les études réalisées, un pays qui perd plus de 20% de son personnel qualifié, est condamné au sous-développement, vous imaginez ce que cela représente. Si on analyse cette situation, on observe que ces ressources perdues par les pays pauvres à cause de cette émigration, suppose un frein à leur transformation, à leur développement social, économique. Comment retenir les cadres formés au pays ? Comment récupérer les ressources de l’extérieur dans leur intégralité ou dans leur grande majorité ?

En même temps qu’avec la Communauté haïtienne de Paris, on discutait sur l’implication de la « DIASPORA », des Communautés Haïtiennes d’Outre-Mer dans la transformation d’Haïti, l’Afrique et la France se réunissaient, à Bamako, sur fond de tension sociale dans les banlieues de Paris (ce qui m’a déconseillé de réaliser le voyage à Paris en voiture), pour parler de la fuite de cerveaux. Aussi bien le quotidien le Figaro dans son édition du 5 décembre que l’AFP dans sa rubrique « Actualité du Mali », reprenaient les idées maîtresses des différentes interventions lors de ce sommet : Retour des compétences, Codéveloppement, Double chaire.

Selon le quotidien le Figaro, le président français non seulement a profité pour dénoncer le pillage dont a été victime depuis toujours le continent noir, affaibli par l’esclavage, l’exploitation des matières premières et, aujourd’hui, la fuite des cerveaux. Le président Chirac a aussi parlé du retour des compétences en Afrique et a formulé quelques propositions : « double chaire » permettant aux enseignants de la diaspora d’enseigner en Afrique et en France, création de filières professionnelles, mobilisation des ressources financières et techniques de la diaspora en faveur des projets de codéveloppement... Il a aussi annoncé la délivrance de visas de longue durée et à entrées multiples pour les entrepreneurs, cadres, chercheurs, professeurs et artistes africains dont « les activités sont, par nature liées à l’échange ».

L’Agence France Presse dans L’actualité du Mali a reporté que le président français, au Sommet de Bamako, avait fait plusieurs propositions pour enrayer la fuite des cerveaux hors d’Afrique, samedi lors d’une session du 23ème sommet Afrique-France, consacrée au « retour des compétences ». Plus de 300.000 Africains qualifiés seraient employés hors d’Afrique et 20.000 quitteraient le continent chaque année, a souligné M. Chirac, selon un document de travail rendu public par la présidence française. « Les pays d’accueil ont un rôle ambigu. Ils offrent des formations pour aider l’Afrique, mais les conditions attractives qu’ils font aux diplômés africains les incitent à rester », a jugé M. Chirac. Le président a proposé de "mobiliser les capacités techniques et financières des diasporas au service de projets de développement dans les pays d’origine", et de « renforcer les formations sur place, notamment par la création de filières professionnelles ». Il a également envisagé que les boursiers puissent, dans certaines conditions, « s’engager à servir leur pays un certains temps », à l’image de ce qui se fait en France pour les élèves des grandes écoles. La France prépare également un système de « double chaire, qui permettrait aux enseignants de la diaspora d’enseigner sur place et en France, a-t-il indiqué.

Le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy a plaidé pour un « codéveloppement » avec l’Afrique. M. Douste-Blazy a notamment préconisé la création d’un outil financier euro-africain avec un fonds de garantie pour financer des projets de développement dans les pays africains, et inciter ainsi les populations à rester dans leurs régions d’origine. « Il faut passer à une vitesse supérieure" pour traiter "le problème du développement », a déclaré M. Douste-Blazy. « Pour être au rendez-vous de la dignité et des droits de l’Homme, il vaut mieux être ici et investir dans la croissance africaine », a déclaré le ministre français. « A nous de mettre en place les outils financiers, les fonds de garantie pour accompagner les Africains dans leurs projets ».

La France, en ce sens, semble avoir pris les devants. Pour reprendre le fil de nos idées, il faut dire qu’au niveau des Communautés Haïtiennes de l’Etranger, il faut trouver un compromis. Il ne s’agit plus seulement de transferts de devises, il faut absolument avancer dans le sens :

-  Du Renforcement des capacités locales.

-  De la Promotion de nouvelles attitudes, de nouveaux comportements.

Il faut donc pouvoir offrir la complémentarité nécessaire, en tant que ressources humaines et, dans le cadre de la promotion de nouvelles attitudes, faciliter une transformation basée sur l’utilisation optimale des ressources humaines et environnementales : l’éco-développement

Parler d’éco-développement invite à travailler sur trois piliers :

-  Le Désenclavement des activités productives

-  La Densification des réseaux urbains

-  La Décentralisation et la promotion des services de proximité.
( La Décentralisation doit supposer la possibilité de faire de l’Individu, du Lakou, des Communautés de Base, le Point Central sur lequel axer le développement du pays.)

Pourquoi introduire l’éco-développement en Haïti ? L’Eco-Développement veut d’abord dire faire un choix. Le premier pas consiste à créer d’abord les structures de contrôle, de planification. Haïti, à l’heure actuelle, dans la conjoncture mondiale, ne peut pas penser à un développement économique traditionnel. Le pays doit tirer profit de ses particularités, de ses avantages compétitifs qui sont diverses, et établir les bases pour un développement basé sur l’exploitation rationnelle et optimisée des ressources environnementales et humaines du pays. Voilà le choix.

En plus, les nouvelles tendances en économie prennent de plus en plus en considération l’environnement en tant que « Bien Economique » donc sujet aux paramètres économiques. De nouveaux concepts tels « l’empreinte écologique » par exemple tendent à faire de l’environnement, de ces « biens », des ressources à gérer de façon optimale. L’utilisation de l’environnement a un coût. Si jusqu’à récemment la qualité de l’air, la qualité des eaux, la qualité des sols, les coûts liés à leur décontamination, étaient des concepts absents des grands débats sociaux, politiques ou économiques, ils apparaissent de plus en plus dans les discours jusqu’au point où il ne serait pas hasardé, aujourd’hui, de considérer l’exploitation rationnelle de l’environnement en tant que AXE PRINCIPAL DE DEVELOPPEMENT d’un pays. On parlerait donc d’ECO-DEVELOPPEMENT.

D’autre part, le monde commence à établir différents profils de pays, différents types de sociétés :

- Les sociétés basant leur fonctionnement sur la « Vente de services à haute valeur ajoutée technologique » ainsi que les produits qui lui sont associés.
C’est un privilège réservé aux pays développés, aux grands pays, à ceux dans lesquels la fraction budgétaire destinée à l’éducation et à la recherche, au développement et à l’innovation (R+D+i) est élevée.

- Les pays s’occupant de la « Vente de services manufacturiers technicisés ». C’est le cas des pays asiatiques.

- Les pays « Grands Producteurs de matières premières ». C’est le cas des géants tels le Brésil, l’Inde, etc.

- Les pays « plongés dans le sous-développement », tel est le cas d’Haïti, vont se retrouver face à des contraintes de toutes sortes et de plus en plus fortes, qui vont « brider » leur développement. La seule alternative viable est la filière de développement, ou de croissance économique dans certains cas, basée sur « l’Exploitation Rationnelle et Optimisée de l’Environnement ». L’exploitation de la plus-value environnementale peut permettre d’articuler une vraie stratégie de développement, solide, ancrée dans les valeurs traditionnelles du pays, sans fissures, sans bavures.

En ce sens, Haïti peut offrir des avantages comparatifs exceptionnels. Un plan de développement, basé sur cette structure, pourrait être :

-  Le développement du Marché de l’Environnement
- Terrestre
- Marin
Sous forme de tourisme écologique
Sous forme de promotion de produits écologiques (Bio-Agriculture - Labellisation écologique)
Eléments structurels nécessaires : Encadrement technique - Economique - et surtout un Eco-Marketing agressif

-  La consolidation et la projection internationale du Marché de l’art et de l’artisanat

-  Dynamiser le Marché de la Culture
- Exception Culturelle
Différentiation Culturelle

-  Introduction d’Eléments complémentaires
- Lutte contre la déforestation et la désertification
Création de forêts
Valorisation des ressources ligneuses et non ligneuses.
Exploitation de la biomasse
Socialisation des ressources environnementales (appropriation affective de cet espace par l’Haïtien car l’Haïtien doit sentir sa pérennité à travers la terre, à travers l’environnement).
Création de services énergétiques basés sur l’exploitation des énergies renouvelables.
Création de fonds d’investissement forestiers
Création d’espaces verts
Jardins thématiques
Jardins botaniques
Parcs forestiers
Places Boisées (en zone urbaine).

La contribution de la diaspora pourrait se concrétiser dans tous les domaines d’intervention susmentionnés à travers le financement de projets sectoriels, d’une part, et, d’autre part, par des apports en savoir-faire, possible grâce à la diversité des compétences techniques des membres de nos Communautés de l’étranger.

Cela peut, peut-être, représenter un nouveau visage de la Coopération Internationale, avec une nouvelle conception de « l’Expert ». Je préfère utiliser un extrait de la déclaration de Mme. Ndioro Ndiaye, Directeur Général Adjoint de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) lors du Sommet Mondial sur le Développement Durable célébré à Johannesburg, du 26 août au 4 septembre 2002 pour terminer ce texte car d’après l’OIM, la valorisation des atouts des migrants de la diaspora dans des programmes d’aide au développement fondés sur sa mobilité présente plusieurs avantages décisifs pour le développement durable. D’après elle, ces atouts sont :

1- Leur connaissance du milieu et de ses caractéristiques facilite le diagnostic initial des dysfonctionnements et permet de proposer des dispositifs de remédiation adaptés, à coût maîtrisé. Les exemples d’échec de missions confiées à des experts occidentaux ne se comptent plus, souvent par méconnaissance de la dimension interculturelle, ou par impossibilité de pénétrer réellement au cœur des problèmes.

2- L’éventail des compétences des migrants de la diaspora recouvre des domaines de spécialité dont les pays d’origine ont un besoin criant, notamment dans les professions de santé, l’enseignement et les activités liées à la finance et aux investissements.

3- Les transferts de fonds des migrants représentent des montants considérables, qui peuvent aller jusqu’à 20% du PIB pour certains pays. ... Si des mesures incitatives cohérentes sont prises, il est raisonnable d’espérer que ces transferts seront investis pour partie autrement que pour la consommation domestique ou des micro-investissements communautaires.

Le programme « Migrations pour le Développement », impulsé par l’OIM veut créer une dynamique innovante en ce sens en promouvant une certaine mobilité physique et multiplier les échanges par voie informatique.

D’aucuns diront que je rêve, surtout dans la conjoncture actuelle du pays, et qu’il revient d’abord à nos dirigeants l’obligation d’établir un « Cadre de fonctionnement » permettant aux membres desdites Communautés de s’impliquer dans la transformation du pays et empêchant les jeunes talents et les professionnels qualifiés de laisser le pays, donc :

-  Lutter contre l’insécurité à tous les niveaux
-  Faciliter l’établissement d’un cadre de vie non dégénératif
-  Etablissement d’un environnement sécuritaire facilitant la création d’emplois, de richesses.

Je n’en disconviens pas. Mais, cependant, je crois qu’il s’agit d’un travail à réaliser de façon collective. Il s’agit aussi d’une « Lutte Citoyenne » et, pour aboutir à un résultat positif, il faudra multiplier les efforts et exercer des pressions d’un côté et de l’autre, aussi bien auprès des dirigeants des pays d’origine que des pays d’accueil et en pensant, surtout et toujours, aux intérêts de la collectivité.

Voilà donc, une nouvelle approche pour notre DIASPORA. Faire en sorte que Haïti, notre pays, puisse articuler, autour de l’implication des Communautés Haïtiennes de l’étranger, une Politique de Développement, sérieuse et cohérente. C’est un souhait que j’aurais voulu voir se réaliser en cette nouvelle année 2006. Une Nouvelle Approche, de Nouvelles Opportunités.

Barcelone, Décembre 2005


[1Physicien Industriel
Contact (Nouvelle adresse) : iphcaten@yahoo.es.