P-au-P., 20 fév. 03 [AlterPresse] --- Une affaire foncière oppose le Groupe "M" et Ramon Javier, propriétaire d’un terrain à Dajabon, donnant accès a l’emplacement concédé par l’Etat haïtien pour l’établissement d’une zone franche à Ouanaminthe, sur la frontière Nord-Ouest du pays. Le Groupe "M" veut acquérir cette propriété pour créer une passerelle de Dajabon vers la zone franche, mais le prix proposé est estimé dérisoire par le propriétaire, alors que les jeux d’influences se multiplient.
Le Groupe "M" est disposé à payer le terrain à 15 Pesos le mètre carré, mais le propriétaire réclame 500 pesos, selon des informations obtenues par AlterPresse de sources informées. Ramon Javier serait prêt à accorder un droit de passage sur ses terres, mais le Groupe M exigerait que toute la propriété lui soit cédée.
Dans l’impossibilité de s’entendre avec Ramon Javier, le Groupe "M" aurait choisi la voie de la pression, utilisant ses influences au niveau des gouvernements dominicain et haïtien. Le Groupe aurait ainsi, selon les mêmes sources, cherché au niveau de l’establishment dominicain à faire déclarer d’utilité publique le terrain en question et parallèlement à dénoncer le propriétaire comme un trouble-fait auprès des autorités haïtiennes.
Javier, qui est également propriétaire d’un grand magasin de produits alimentaires dans le centre-ville de Ouanaminthe depuis 1997, a effectivement eu des entretiens avec la Délégation du Nord-Est et des représentants de la Direction Générale des Impôts (DGI). Ramon Javier serait mis devant l’alternative de vendre ses terres au Groupe "M" ou de fermer son magasin à Ouanaminthe.
Le 15 février dernier, la branche locale de la DGI a adressé à Javier Ramon un bordereau d’avis de cotisation de plus de 28 millions de gourdes, à verser dans un délai de 3 jours, faute de quoi des dispositions administratives seraient appliquées contre lui par l’Etat haïtien. Cette démarche a été assimilée, par le concerné, à de la "répression fiscale".
Les deux parties ont par ailleurs eu recours au personnel diplomatique haïtien en République Dominicaine. Ramon Javier, représenté par ses avocats, s’est plaint par lettre en date du 6 février 2003, à l’ambassadeur haïtien Guy Alexandre, accrédité à Santo Domingo. Dans cette lettre, les avocats ont, entre autres, indiqué que la direction du Groupe "M" s’est adressé aux consuls haïtiens Edwin Paraison et Jean-Baptiste Bien-Aimé, ce dernier en poste à Dajabon. Le Groupe "M" "prétend prédisposer les autorités haïtiennes contre notre client" lit-on dans cette lettre.
D’autre part, du coté haïtien, le gouvernement propose 2 gourdes au mètre carré dans le cadre des opérations de dédommagement des propriétaires de terrains à Maribahoux, apprend-on. Les paysans n’entendent pas livrer leurs terres à ce prix, tandis que la mobilisation contre l’installation de la zone franche dans la plaine de Maribahoux se poursuit. [gp apr 20/02/03 12:30]