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2005 : L’année la plus meurtrière pour les journalistes depuis 10 ans

P-au-P, 4 janv. 06 [AlterPresse] --- L’année 2005 a été la plus meurtrière pour les travailleurs de la presse depuis 10 ans. Selon un bilan dressé par l’organisation Reporters sans Frontières (RSF), au moins 63 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions ou pour avoir exprimé leurs opinions.

RSF estime que ce chiffre n’avait pas été aussi élevé depuis 1995 où 64 journalistes avaient trouvé la mort, dont 22 en Algérie.

Selon Reporters sans Frontières, l’Irak reste le terrain le plus dangereux pour les travailleurs de la presse. 24 journalistes et 5 collaborateurs des médias y ont trouvé la mort pendant l’année. Au total, 76 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués en Irak depuis le début du conflit armé, en mars 2003, soit plus que lors de la guerre du Viêt-nam, entre 1955 et 1975.

« Les attentats terroristes et les attaques de la guérilla irakienne sont la première cause de mortalité pour les professionnels de l’information. Mais l’armée américaine est responsable de la mort de trois journalistes et collaborateurs des médias », écrit RSF dans son rapport publié ce 4 janvier 2006.

En Haïti, deux journalistes ont été assassinés durant l’année 2005. Reporters sans Frontières cite le cas de Robenson Laraque de Radio Télé Contact à Petit-Goâve (Sud) et Jacques Roche du Journal Le Matin, à Port-au-Prince.

Le 20 mars 2005, Robenson Laraque avait reçu plusieurs projectiles lors d’une opération de soldats des Nations Unies pour déloger des anciens militaires qui occupaient le commissariat de police de Petit-Goâve.

Agé de 25 ans, le journaliste n’avait pas survécu à ses graves blessures. Laraque était passé de vie à trépas le 4 avril 2005, dans un hôpital à Cuba.

Quant au journaliste et poète Jacques Roche, il a été exécuté le 14 juillet 2005 par ses ravisseurs après quatre jours de séquestration malgré le versement d’une partie de la rançon exigée par ses ravisseurs.

Aux Philippines, les journalistes ont également payé de leur vie leur volonté d’informer. Dans ce pays, selon RSF, les risques ne viennent plus de groupes armés mais d’hommes politiques, de businessmen ou de trafiquants prêts à tout pour faire taire les journalistes qui enquêtent sur leurs pratiques illégales.

Dans d’autres pays d’Asie (Afghanistan, Bangladesh, Népal, Pakistan, Sri Lanka), des journalistes ont aussi été tués en raison de leur travail.

D’autre part, 1 308 cas d’agressions ou de menaces ont été recensés par Reporters sans frontières au cours de l’année 2005, contre 1 146 pour l’année 2004.

« Les années passent, mais les plus grandes prisons du monde pour les journalistes demeurent. Au 1er janvier 2006, 126 journalistes et 3 collaborateurs des médias étaient détenus dans 23 pays », signale par ailleurs RSF.

La Chine vient en tête de liste avec 32 journalistes emprisonnés suivie de Cuba (24 journalistes emprisonnés).

Par contre, au niveau de l’interpellation des travailleurs de la presse, RSF note une certaine diminution. Selon l’organisme, 807 journalistes ont été interpellés en 2005 contre 907 en 2004.

Reporters sans Frontières fait également mention de 1006 médias qui ont été censurés en 2005, contre 622 l’année précédente. [do gp apr 04/01/2006 21:00]