P-au-P., 30 déc. 05 [AlterPresse] --- Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) n’a pas pu fournir en début de soirée une date pour la tenue des prochaines élections présidentielles et législatives, qui ont été reportées, selon ce qu’a confirmé le président du CEP, Max Mathurin.
Des conseillers et des dirigeants politiques qui ont pris part à une réunion au bureau central du CEP ont admis l’impossibilité de réaliser le scrutin le 8 janvier 2006, tel que cela a été prévu.
« Il n’y a pour le moment pas une date réaliste pour la tenue des élections », a déclaré à des journalistes le conseiller Patrick Fequière. Il a fait valoir l’incapacité du CEP à déterminer un calendrier, étant donné des obstacles logistiques encore insurmontables.
Fequière a expliqué que les difficultés résident particulièrement dans l’insuffisance des centres de votes, dont la quantité s’élève à environ 800. « Nous n’avons pas encore de réponse à ce problème », a-t-il déclaré, en précisant que les centres de votes sont très éloignés des résidences de beaucoup d’électeurs qui doivent marcher jusqu’à 7 heures pour aller voter.
Des dirigeants politiques se sont montrés déçus face l’impasse électorale constatée. Osner Ferry, du Conseil National des Partis Politiques, a demandé la dissolution du CEP. Il a qualifié les membres de cette institution d’ « incompétents » qui ne jouissent d’aucune « crédibilité ».
Fevry a également demandé de « nationaliser le processus électoral », exigeant le désengagement des Nations-Uines et de l’Organisation d’Etats Américains (OEA) dans la conduite du processus.
Dans un communiqué transmis à AlterPresse, la Mission Internationale d’Evaluation des Elections en Haiti (MIEEH) estime que le report des élections « s’impose ». Une nouvelle date doit être établie en tenant compte des délais requis pour respecter les conditions indispensables à la réalisation d’élections crédibles, poursuit le communiqué.
« Un délai minimum de trois semaines est nécessaire pour le premier tour, sinon quatre semaines, alors que le second devrait être retardé en tenant compte des délais nécessaires pour le traitement des plaintes et la période du carnaval », suggère la MIEEH. De plus, un chronogramme intégrant les activités, les délais et les responsables doit être mis en place avec l’accord de tous les acteurs, ajoute l’organisme.
L’ajournement des élections pour la cinquième fois consécutive n’est pas une surprise. La probabilité de la tenue du scrutin à la date prévue était pratiquement écartée depuis plusieurs jours par les plus hautes autorités ainsi que des acteurs électoraux.
Le premier ministre Gérard Latortue avait déclaré le 28 décembre que le scrutin sera « probablement reporté ». Le même jour, le président provisoire Boniface Alexandre avait condamné l’ajournement des élections, craignant que « des reports constants » ne viennent « miner la confiance de la population ».
Parallèlement, la situation de la sécurité semble s’être aggravée durant les derniers jours. Selon la presse, plusieurs cas de kidnappings ont été enregistrés à Port-au-Prince durant les dernières 48 heures.
Parmi les otages figurent deux employés étrangers de l’OEA et l’épouse haitienne de l’un d’entre eux, qui ont été enlevé le 29 décembre à la capitale. Les victimes sont des techniciens en informatique qui travaillaient à l’installation d’équipements dans le cadre de la préparation des prochaines élections, a précisé l’OEA.
Le Secrétaire Général, José Miguel Insulza, a fermement condamné cet acte et a exprimé à son appui aux parents des personnes kidnappées. Insulza a confié au Secrétaire Général adjoint, Albert Ramdin, la mission de coordonner des efforts et de maintenir un contact permanent avec les autorités haïtiennes et avec la Mission Spéciale de l’OEA en Haïti en vue d’obtenir la libération des otages, indique une note de presse de l’OEA. [gp apr 30/12/2005 22:20]