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Haïti - Violence : Consternation après le meurtre passionnel d’une animatrice de télévision

P-au-P, 26 déc. 05 [Alterpresse] - Divers secteurs de la vie nationale en Haïti sont encore sous le choc, ce 26 décembre 2005, à l’annonce du meurtre, le 24 décembre, dans des circonstances dramatiques, de Ginoue Mondésir, animatrice d’émissions de variétés à la chaîne de télévision privée Télémax.

La nouvelle frappe d’autant plus l’attention que les faits sembleraient attester du résultat d’une violence passionnelle, sans bornes, envers la présentatrice de variétés, de la part de son partenaire, Valdo Jean, lui aussi animateur d’une émission évangélique à Télémax.

« Nous sommes au point mort à la télé. Ce matin, j’ai dû renvoyer chez eux plusieurs employés, tellement ils sont abattus », affirme Pradel Henriquez, directeur général de la chaîne 5 Télémax, dans une interview accordée ce lundi 26 décembre à AlterPresse.

Le directeur de la Télémax indique que la police de l’Arcahaie, à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, les avait mis au courant de la mort de Ginoue Mondésir, une fois identifiée qui elle était.

« Nous sommes très choqués à Télémax par ce qui est arrivé à Ginoue et par la façon dont elle a été assassinée. Ginoue, accompagnée de son conjoint, venait de rendre visite à sa famille dans l’Artibonite », poursuit Pradel Henriquez.

L’animatrice de Vidéomax a été atrocement battue par son conjoint à coups d’outils métalliques de dépannage automobile suite à une dispute survenue entre eux, alors qu’ils se trouvaient en voiture pour rentrer à Port-au-Prince. Abandonnée sur la route par son agresseur, elle a été secourue par des passants alors qu’elle avait un oeil crevé et le visage ensanglanté, selon les explications données à AlterPresse par Henriquez.

Emmenée au centre de santé de l’Arcahaie, elle n’a pas survécu à ses blessures.

La vie de l’animatrice de Vidéomax (une émission de variétés musicales) était menacée à cause de disputes violentes avec Valdo Jean.

« Lors de la 10e édition du concours Miss Vidéomax Eté 2005, il l’avait frappée à mort », rapporte Henriquez.

Le compagnon de la victime travaillait en tant que collaborateur à Télémax. Issu d’une famille protestante, Valdo Jean présentait une émission évangélique sur la chaîne 5, titrée « Gospel Show » tous les dimanches matins.

« C’est Ginoue qui a permis son entrée dans l’équipe de Télémax. Leur idylle a commencé à la Télé lors de la 9e édition Miss Vidéomax juillet 2004 », explique le directeur de la chaîne 5.

Quelques jours avant sa mort, Ginoue Mondésir présentait un visage très anxieux et tendu lors de son passage à la Télémax.

« En la voyant, je sentais que quelque chose n’allait pas », indique Pradel Henriquez.

La consternation a frappé de plein fouet la population de la capitale, à l’annonce du meurtre de Ginoue Mondésir.

« Je me sens très affectée, cela aurait pu m’arriver, car mon ex partenaire me brutalisait et me menaçait fréquemment avec son arme à feu », indique une jeune femme atterrée à l’agence en ligne AlterPresse.

« Heureusement, dit-elle, j’ai mis fin à cette liaison qui a laissé sur moi des séquelles ».

C’est encore l’abattement chez plusieurs habitants de la capitale haïtienne, qui expriment leur peine et leur colère face à l’assassinat de Ginoue Mondésir. Plusieurs personnes lancent un appel aux femmes haïtiennes pour qu’elles n’acceptent point de se faire violenter par les hommes.

« Ce crime nous a beaucoup frappés et ne mérite pas de rester impuni », soutient un jeune homme.

à‚gée de 28 ans et mère d’un fils de 11 ans, Ginoue Mondésir travaillait en tant qu’animatrice à Télémax et dans la section culturelle du Ministère des Affaires Etrangères.

La vedette du petit écran avait récemment laissé le pays pour prendre part à une formation dans le domaine culturel pendant 2 mois. Elle avait déjà fait ses débuts sur le grand écran dans le film « Le miracle de la foi » de Jean Gardy Bien-Aimé, réalisateur très connu dans le cinéma haïtien.

Valdo Jean, le présumé assassin de Ginoue Mondésir, a été arrêté par les forces de l’ordre. La tête baissée entre ses mains, il n’arrivait pas à expliquer ce qui s’est passé, tentant de mettre sur le compte de voleurs l’horreur perpétrée.

Après avoir reconnu le forfait, il a souligné ne pas savoir ce qu’il faisait, suivant les déclarations diffusées en images sur Télémax depuis le samedi 24 décembre 2005.

Valdo Jean répond, pour le moment, aux questions de la police à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).

Les organisations de femmes en Haïti ne cessent point de dénoncer la violence faite aux femmes qui demeure une plaie pour la société haïtienne, notamment dans le système judiciaire très souvent complice des agresseurs.

Des actes de violence passionnelle touchant les femmes sont enregistrés quotidiennement en divers points du territoire national, où les victimes craignent de porter plainte devant les tribunaux à cause du peu de considération, vis-à -vis de leurs cas, par les juges et les policiers. Ces violences sur les femmes continuent d’avoir lieu, malgré les séances de sensibilisation et de conscientisation.

De nombreuses jeunes filles et femmes sont constamment victimes de violence sexuelle, physique, morale et économique de la part de leurs partenaires. Même dans les milieux réputés démocratiques, les femmes se font harceler et subissent des violences.

Aujourd’hui, la société ne peut plus continuer à cautionner ces actes répréhensibles à l’encontre des femmes, signale le directeur de Télémax à AlterPresse. [jj rc apr 26/12/2005 17:00]